Quatre ans après un
Legion Helvete ayant marqué le grand retour du trio norvégien sur le devant de la scène Black Metal, Tsjuder signe cette année son cinquième album avec la sortie en septembre dernier d’
Antiliv. Le groupe a fait une fois de plus équipe avec le label français Season Of Mist pour un disque évidemment très attendu, notamment après ce qui a été considéré par certains comme un retour en demi-teinte. Pour ma part, même si je garde une préférence pour l’excellent
Desert Northern Hell j’avais largement apprécié ce
Legion Helvete sur lequel on retrouvait un Tsjuder toujours particulièrement véloce malgré une très légère baisse de régime. Baisse se faisant au profit de quelques séquences thrashisantes toujours très bien amenées.
Le titre particulièrement nihiliste de ce cinquième album que l’on peut vraisemblablement traduire par "contre la vie" ne laisse que très peu de doute quant à son contenu. Tsjuder semble en effet passablement remonté et cela s’entend dès les toutes premières secondes du bien nommé "Kaos". Une entrée en matière extrêmement intense et virulente où les blasts d’AntiChristian se mêlent d’emblée aux riffs froids et vicieux de Draugluin. Là-dessus vient très vite se poser la voix arrachée et haineuse d’un Nag frondeur et conquérant. Bref, du Tsjuder 100% Satan, vide de toute surprise mais à l’efficacité redoutable.
Parti la bave aux lèvres et le couteau entre les dents, le trio norvégien ne va pas lever le pied un seul instant, insufflant un rythme d’enfer à chacune de ses compositions malgré quelques variations de régime pouvant laisser supposer le contraire. Je pense par exemple à un titre comme "Krater" où le premier tiers, notamment en succédant à la déferlante livrée sur "Kaos", pourrait laisser croire que tout cela n’était que de l’esbroufe. Rassurez-vous, il n’en est rien puisque passé les 2:12, Tsjuder reprend ces assauts harassants qui ont fait sa renommée. Même constat sur le début de "Norge", titre à la gloire de leur Mère patrie, se faisant plus posé et épique ou bien encore sur la première moitié d’« Antiliv », qui du haut de ses huit minutes vient conclure ce cinquième chapitre. Bref, quelques séquences toujours bienvenues durant lesquelles l’auditeur aura notamment la possibilité de reprendre son souffle. Dans le même ordre d’idée, on trouve également quelques passages moins soutenus durant lesquelles Tsjuder va privilégier d’autres influences/sonorités comme le Thrash sur le très bon "Demonic Supremacy" et même le Black’n’Roll sur "Krater" et la première moitié d’"Antiliv".
Le reste, comme évoqué plus haut, n’est qu’une punition dans les règles de l’art par l’un des groupes de Black Metal les plus intenses et véhéments qui soit. Des séquences galvanisantes de haine et de violence qui sont le reflet d’un niveau de jeu assez hallucinant, notamment en ce qui concerne les frappes d’un AntiChristian particulièrement impressionnant. Si vous tendez l’oreille, vous serez alors en mesure de voir à quel point le Norvégien a étoffé son jeu afin de le rendre moins monotone que par le passé. Un travail sur les cymbales et les toms qui en plus d’apporter un soupçon de variété à l’ensemble, insuffle beaucoup d’énergie à ces nouvelles compositions. Quant à la production largement décriée sur son prédécesseur, elle conserve aujourd’hui cette puissance et cette précision que l’on est en droit d’attendre d’un groupe de première division comme peut l’être Tsjuder. Toutefois elle semble vouloir s’acoquiner des fantômes du passé avec un léger grain sur l’ensemble et une saturation presque exagérée sur la voix froide et arrachée de Nag. Evidemment, on reste loin des productions d’antan mais pour le coup, les titres de Tsjuder reprennent un peu de ce cachet qui faisait quelque peu défaut à
Legion Helvete.
Le seul véritable problème avec ce nouvel album ne concerne pas vraiment sa qualité intrinsèque qui n’est plus à démontrer après ces quelques paragraphes mais plutôt ce sentiment d’avoir fait le tour de ce qu’il y avait à dire (ça encore, beaucoup pourront s’en accommoder, moi le premier) sans réussir à atteindre le niveau d’autrefois, à cette époque où
Desert Northenr Hell s’était rapidement imposé comme le maître-étalon de toute une génération de groupes de Black Metal. Entendons-nous bien,
Antiliv a absolument tout pour plaire: des compositions redoutables, brutales, intenses et pourtant variées, un riffing extrêmement solide agrémenté par quelques leads et soli toujours aussi incisifs et démoniaques, un batteur véloce qui continue de faire évoluer son jeu, des vocaux gorgés de haine et une atmosphère générale puant le souffre et le blasphème à plein nez. Bref, un cocktail molotof qui ne demande qu’à exploser. Et c’est d’ailleurs ce qu’il fait très bien durant plus de quarante-cinq minutes. Pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir une légère gêne avec le sentiment qu’il manque un petit quelque chose pour faire une vraie différence. Un sentiment difficile à expliquer tant il n’est question ici que de ressenti mais c’est bien ce que j’éprouve à l’écoute de ce
Antiliv efficace mais peut-être trop "facile" pour espérer pouvoir se hisser parmi les albums à retenir cette année.
Amateur du trio norvégien, il y a peu de chance pour que vous soyez véritablement déçu par ce nouvel album. Par contre, comme moi, il est possible que vous ressentiez une légère frustration tant je reste convaincu que Tsjuder pourrait faire davantage, que ce soit en matière d’atmosphère qui, de part ce choix de production, tend à s’étioler quelque peu ou que ce soit en matière d’impact puisque malgré un ressenti globalement positif vous penserez comme moi qu’il manque un je ne sais quoi pour placer ce groupe sur ce piédestal qu’il a autrefois occupé fièrement. Bref, une bonne cuvée qui ravira les amateurs de Black Metal brutal et intense mais dont l’efficacité et surtout la portée réelle reste à mon avis modérée. Allez, on en reparle dans une dizaine d’années. Bisous.
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