Fin 2017, Vargrav marquait les esprits avec la sortie d’un premier album pour le moins inattendu qui allait remettre au goût du jour un genre tombé en désuétude depuis déjà quelques années : le Black Metal symphonique. Avril 2019, le one-man band finlandais signe son retour avec la sortie d’un deuxième album intitulé
Reign In Supreme Darkness paru une nouvelle fois sur Werewolf Records. V-Khaoz nous ayant déjà fait le coup de la photo les pieds dans la neige à grand renfort de cuir, de clou et de maquillage, celui-ci va alors opter pour un artwork d’inspiration Necrolordienne signé des mains de l’artiste Chris Kiesling (Misanthropic Art). Le moins que l’on puisse dire c’est que le Finlandais continue de jouer la carte "rétro à fond, ne laissant absolument aucun doute quant à ses intentions.
Et pour le coup, j’imagine que c’est ce qui pousse peut-être involontairement les gens à dire que ce nouvel album n’est pas tout à fait à la hauteur de son prédécesseur. Un manque de surprise lié tout simplement au fait que l’on savait cette fois-ci pertinemment à quoi s’attendre avec Vargrav. Car se jouer avec autant de brio des codes d’un genre qui a connu son heure de gloire au milieu des années 90 et ce jusqu'au début des années 2000 à un moment les groupes de Black Metal sont pour la plupart versés dans d’autres registres a forcément beaucoup compté dans l’appréciation qu’on put avoir les gens de
Netherstorm à sa sortie. Pour autant, faut-il effectivement considérer
Reign In Supreme Darkness comme un album moins efficace et abouti que son prédécesseur, personnellement je n’en suis pas si sûr.
Si V-Khaoz s’est une fois de plus occupé de l’enregistrement de tout l’album, il a par contre confié le mixage et le mastering au studio Trollhorn Audio connu pour son travail avec des groupes tels que Satanic Warmaster, Mooncitadel, Sargeist, Perdition Winds ou Druadan Forest. C’est dans ce respect des traditions si cher à Henri Sorvali que Vargrav renoue avec une production toujours très typée "années 90" où chaque instrument concourt au développement d’atmosphères éthérées, pour ne pas dire carrément spatiales. Car outre le fait de remonter le temps et de renouer avec une époque aujourd'hui révolue (celle des Emperor, Limbonic Art et autres Dimmu Borgir),
Reign In Supreme Darkness s’impose sans aucune difficulté comme une nouvelle invitation au voyage aux confins de l’Espace le plus froid et le plus sombre avec notamment ces nappes de synthétiseurs presque omniprésentes. Si celles-ci tombent parfois dans le ronflant avec notamment cette introduction très orchestrale certifiée 100% Michael Bay, le Finlandais réussi une fois de plus à trouver cet équilibre essentiel qui va ainsi permettre à l’auditeur de ne jamais subir ces sonorités symphoniques très marquées, presque surannées. Du côté des doléances, on notera un certain manque de puissance du côté du chant qui tend à le rendre trop effacé au détriment des autres instruments qui occupent alors l’essentiel de la place mis à disposition. Rien de bien préjudiciable mais avec une musique aussi majestueuse, une voix plus appuyée aurait sûrement apporté encore un peu plus de cachet à l’ensemble.
La structure des compositions sur ce nouvel album ne change pas non plus particulièrement puisque
Reign In Supreme Darkness est un disque mené une fois de plus la tête dans le guidon à grands coups de séquences hypnotiques (cette batterie qui pilonne et blast le plus clair du temps) et de trémolos glacés typiquement scandinaves sur lesquels vont venir se poser ces nappes de synthétiseur grandiloquentes. D'ailleurs, à durée quasi-identique (quarante-deux minutes grosso modo) on constate que les morceaux sont ici souvent plus courts (cinq minutes en moyenne), témoignant en quelque sorte d’une envie d’aller à l’essentiel. Pour autant, Ville Pallonen n’est pas sans rompre avec ces fulgurances. Il le fait d’ailleurs parfois d’une manière troublante à travers de "longues" séquences d’ambiances samplées qui viennent couper certains titres en deux ("In Streams From Great Mysteries" de 3:36 à 4:04, "Arcane Stargazer" de 4:55 à 6:03) en donnant l’impression à l’auditeur que celui-ci est effectivement terminé. Sauf que ce n’est pas le cas. On notera également quelques passages en chant clair et autres séquences parlées ("The Glory Of Eternal Night" à 1:14, 2:38 et 3:37, "Dark Space Dominion" à 2:01) qui rappelleront parfois à certains les prestations d'ICS Vortex chez Dimmu Borgir.
Forcément beaucoup moins surprenant, ce deuxième album de Vargrav n’en reste pas moins excellent en ce qui me concerne. Il aurait pourtant été facile de se planter, même après ce premier succès, en grande partie parce V-Khaoz joue ici avec les codes d’un genre souvent décrié dans lequel certain groupes se sont allez à beaucoup trop de théâtralité pour ne pas être raillés. Mais le fait est que
Reign In Supreme Darkness fait une fois plus étalage d’une maîtrise de l’ensemble de ces éléments. De ce clavier omniprésent et pourtant jamais envahissant à ces brèves incursions plus mélodiques en matière de chant, il y a toujours eu de quoi se casser la gueule. Pourtant, tout est rondement mené entre ces riffs froids et implacables, ces fulgurances rythmiques à vous donner mal au crâne, ces ambiances froides et spatiales, ce délicieux goût des nineties... Bref, comme dirait Oncle Ben’s, c’est toujours un succès.
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