Voilà un album qui porte bien son nom. Dans la catégorie vilain petit canard, je demande "Outcast" de KREATOR, presque un cas isolé dans la discographie conséquente des allemands, rejoint deux ans plus tard au rayons des incompris par un
"Endorama" tout aussi déstabilisant. A croire que les années 90 n'ont été qu'un vaste champ d'expérimentation pour Mille Petrozza et ses (nombreux) acolytes, la légende germaine du thrash n'ayant jamais sorti deux fois le même album durant cette période ;
"Coma of Souls" marquait l'aboutissement d'un style affiné au fil des ans depuis
"Endless Pain" en 1985.
"Renewal" voyait le groupe ralentir la cadence et présenter des compos plus ambiancées, sans toutefois perdre sa hargne originelle alors que le jusqu'au boutiste
"Cause for Conflict" donnait dans le radicalisme le plus absolu. Les changements de line-up successifs permettent alors à l'excellent Tommy Vetterli de rebondir au poste de guitariste après la chute du vaisseau CORONER. Dans mon esprit de fan, l'association "Coma of Souls + Mental Vortex = album de thrash ultime" a vite fait son chemin. D'où une sacrée déception à l'écoute de cet album sombre et tristounet, dépourvu de tout solo et titre rapide !
On est donc en 1997, pas franchement un grand crû en matière de sorties metal et après les défaites cuisantes de "Load" et "Stomp 442" deux ans plus tôt, un autre bastion du thrash s'effondre sans crier gare. Lancinant, sans rythme, plombé par un agencement de titres catastrophique, "Outcast" n'est franchement pas le client rêvé pour défendre la cause du shred et des riffs assassins. Malgré le retour de Ventor derrière les fûts, KREATOR porte le masque. Celui des mauvais jours, d'une singulière dépression guettant l'auditeur au détour de chaque refrain emmené par un Milland plus plaintif que rageur. Il chante même le bougre, sur un "Black Sunrise" poussif qui n'a d'autre intérêt que de permettre au groupe de souffler en concert entre "Betrayer" et
"Terrible Certainty". Largement aussi pénibles, "Nonconformist", "Enemy Unseen" et "Outcast" enfoncent le clou de l'anesthésie générale. Si encore ces titres faiblards étaient dispatchés en fin de parcours, on pourrait se contenter d'un début de programme correct ("Leave This World Behind", "Forever" et surtout "Phobia" sauvent un peu les meubles) ; enchaînés les uns aux autres en piste 4, 5, 6 et 7 (soit le coeur de l'album), ils ne font qu'accélérer le processus de décomposition du thrasher en détresse. Bâtis sur une structure étonnament simpliste (surtout compte tenu des états de services des musiciens), les morceaux les plus digestes capitalisent sur un riffing basique relativement efficace ("Alive Again", "Ruin of Life") mais supportent difficilement une écoute prolongée. Difficile de cerner les raisons de ce brutal changement de cap, si ce n'est le désir de son initiateur (Petrozza est ici crédité comme principal compositeur) de frayer d'autres horizons musicaux. "Outcast" devait-il sortir sous la bannière KREATOR ? le logo à demi effacé sur l'artwork (par ailleurs très réussi) apporte un élément de réponse.
Surprenant désagréablement, ce 8ème album prolonge l'agonie d'un "A Better Tomorrow" chargé de désespoir, bien moins percutant que la fameuse trilogie de John Woo. Pour de meilleurs lendemains, il faudra en fait attendre l'arrivée de Sami Yli Sirniö et la sortie du terrible
"Violent Revolution", à l'automne 2001.
10 COMMENTAIRE(S)
07/10/2016 21:23
05/10/2016 11:12
24/07/2016 10:00
Ce qui est toujours plus intéressant que tout ce qu'ils ont sorti depuis 16 ans.
24/07/2016 04:36
25/02/2008 15:25
En fait c'est sûrement mes préférés avec Cause for conflict, qui est monstrueux de violence, depuis ils sont effectivement revenus avec des albums plus proches de leur style antérieur mais je trouve ça assez moyen finalement.
Comme Moonspell qui avait pris des risques avec Sin Pecado et Butterfly effect et qui a sorti Darkness and hope qui a plu à tous ceux qui ne voulaient pas qu'ils évoluent autant.
Même si Endorama est un peu meilleur que Outcast, c'est pas franchement la zique que j'attend d'un album de Kreator. Après, je te rejoins sur le fait que leurs dernières sorties sentent un peu le pilotage automatique (j'aime beaucoup Violent Revolution quand même).
24/02/2008 15:22
En fait c'est sûrement mes préférés avec Cause for conflict, qui est monstrueux de violence, depuis ils sont effectivement revenus avec des albums plus proches de leur style antérieur mais je trouve ça assez moyen finalement.
Comme Moonspell qui avait pris des risques avec Sin Pecado et Butterfly effect et qui a sorti Darkness and hope qui a plu à tous ceux qui ne voulaient pas qu'ils évoluent autant.
20/02/2008 16:39
Le pire c'est quand ils faisaient la première partie de groupes goth (Moonspell de mémoire, mais je peux me tromper) en reniant leur passé thrash. Vraiment une période sombre pour le groupe.
20/02/2008 13:57
Pareil.
20/02/2008 13:32
20/02/2008 10:39