Deux ans après un
"Outcast" à la limite du pénible, KREATOR nous revient avec un nouvel album. Ou plutôt, disons que Milland Petrozza est de retour, car "Endorama" tient bien plus de l'album solo d'un compositeur en quête d'émancipation que d'un skeud de thrash back to the roots (ce sera pour 2001, avec l'énorme
"Violent Revolution"). Si le groupe a une nouvelle fois changé de maison de disques, passant de Gun à Drakkar Records, le line-up lui, n'a pas bougé. Toujours accompagné des fidèles Jurgen Reil (seulement absent sur
"Cause For Conflict") et Christian Giesler (en place depuis 1995), Petrozza partage l'écriture des titres avec un Thomas Vetterli (ex-CORONER) bien plus impliqué que sur
"Outcast", sur lequel il n'avait couché qu'un pâle solo de guitare.
Vu le talent du bonhomme en la matière, ça sentait l'erreur de casting type, un peu comme si on avait demandé à Yngwie Malmsteen de tenir la guitare rythmique chez PIG DESTROYER. Fort heureusement, les compositions de "Endorama" s'avèrent plus mélodiques et plus propices aux épanchements de lead guitars. On retrouve ainsi avec grand plaisir les automatismes coroneriens du grand thomas sur "Shadowland" (à 2:53), un titre bien thrashisant doté d'un très bon riff central (tout espoir n'est donc pas perdu!). Dans le même registre, "Soul Eraser" et "Pandemonium" assurent le quota de titres énergiques garantissant la bonne tenue d'un album plus attiré par les chemins de traverse que par la metal highway (Andis Deris, si tu nous lis ...). Petrozza ayant pris des cours de chant pour l'occasion, "Endorama" se révèle bien plus varié que son prédécesseur avec un "Golden Age" parfait pour pousser la chansonnette. Plus agressif, le title-track se révèle également très bon, emmené par une paire de riffs entêtante au possible, Tilo Wolff (LACRIMOSA) venant pour l'occasion seconder Milland derrière le micro. Dans un registre plus calme, plus feutré, signalons l'excellence de "Willing Spirit" et "Chosen Few", deux incursions goth-metal réussies qui témoignent des progrès du frontman derrière le micro. On trouve donc du piano, du chant clair et des mélodies simples mais perfides, du genre à vous revenir en tête comme un boomerang, alors que vous aviez foiré un break en sifflotant "Scientific Remote Viewing" des fous furieux de CEPHALIC CARNAGE.
Voilà pour le profit. Au rayon pertes, clouons au pilori le lourdingue "Everlasting Flame" et ses orchestrations ringardes (genre "FreeCard" de DARK TRANQUILLITY, voyez le genre ? À ceci près que les suédois eux, ils maitrisent), les interludes inutiles type "Entry" ou encore un "Tyranny" bien faiblard pour conclure (le break à 2:39, quelle purge!). Ni géniales ni condamnables, "Future Ring" et "Passage To Babylon" meublent le coeur d'un album à l'électrocardiogramme une fois de plus bien instable. Traversé de nombreuses chutes de tension "Endorama" fait, malgré ses qualités, regretter le bon vieux temps des tellement plus jouissives "Riot Of Violence", "Blind Faith" et autres "Some Pain Will Last". Pour Thomas Vetterli, le bail au sein de l'écurie allemande arrive déjà à expiration, accentuant le sentiment d'un rendez vous manqué entre le six cordiste de CORONER et un KREATOR sans compas ni boussole. Le salut viendra d'un autre virtuose, Sami Yli-Sirnio (ex-WALTARI) et d'un retour à des valeurs plus traditionnelles.
5 COMMENTAIRE(S)
11/07/2008 22:39
11/07/2008 12:34
11/07/2008 11:02
11/07/2008 09:25
Sinon je n'ai jamais écouté cet album de Kreator, on m'en a dit tant de mal que je n'ai jamais osé
11/07/2008 08:56