Immortal - Northern Chaos Gods
Chronique
Immortal Northern Chaos Gods
Je m’interrogeais après la sortie du dernier Drudkh – comme du dernier Marduk – sur la question de savoir si, après être monté parfois très haut, on pouva it être après avoir été. Et si, pour le Drudkh, la réponse fut peut-être, si pour le Marduk, la réponse est plus radicalement négative, pour le Immortal sous chronique, la réponse serait plutôt oui. Et toc !
Ce Northern Chaos Gods, 9ème album des norvégiens, m’a surpris. Alors que j’avais lâché le groupe depuis Blizzard Beasts (At the Heart of Winter étant pour moi la première pierre-bouse du long déclin du groupe vers autre chose que du black metal, une sorte de heavy banal en diable), ce nouvel effort m’a redonné l’envie d’y replonger. Sans doute parce que, comme cela a été justement souligné dans la presse, pour une fois, le groupe marque ici un clair retour à ses racines.
Ainsi Northern Chaos Gods, Grim and Dark et Into Battle Ride rappellent directement Nebular Ravens Winter de Blizzard Beats ou encore le Battles in the North de 1995. Le riffing est le même, la voix aussi, la rythmique ultra saccadée n’a pas changé comme le tempo enlevé du morceau. Back to the past, sans pause intermédiaire. Dénué de mélodies évidentes, ces premiers titres axent toute leur puissance sur la vitesse, le caractère échevelé des solis qui en constituent le pont central et l’agression pure du couple guitare/batterie. Quant à Gates to Blashyrkh, le troisième titre, le clin d’œil est trop évident pour que je te fasse l’insulte de t’expliquer le pourquoi du comment. Epique en diable, comme le morceau lui servant de base, ce Gates to Blashyrkh reprend les codes Immortal : des grattes en suspension qui attendent le bon moment pour attaquer, des mélodies brutales et épiques, de l’emphase, de la reprise dynamique et lourde après des riffs mélodiques égrainés au vent et le sentiment d’aller à la rencontre des ennemis, sur les terres gelées du Grand Nord. Immortal a retrouvé ses couilles et de ce divin contenant, a fait remonté au cerveau le neurone de l’inspiration. C’est heureux.
Le son est relativement profond (Gates to Blashyrkh notamment) et met bien en valeur des grattes au rendu souvent assez thrash, qui soulignent encore l’agression qui se dégage des titres. Le tempo ne baisse jamais et la basse de Peter Tägtgren est davantage là, il faut le dire, pour meubler que pour apporter réellement un plus aux structures. L’enchaînement des morceaux ne laisse pas de répit comme Battles in the North en son temps. L’ensemble est très compact, très brut aussi même si, on l’a dit, le son donne une impression de rondeur qui évite au tout de sonner trop harsh.
Immortal revient aux sources. C’est une évidence. A-t-il rompu avec ses développements heavy ? Pas totalement. Called to Ice, Where Mountains Rise et le très long Mighty Ravendark qui clôture l’album, empruntent des éléments heavy assez marqués. Pour autant, soyons juste. Ces éléments sont bien employés et ne « défigurent » pas les titres. Au contraire, la base heavy permet de conférer aux titres une sorte d’emphase, d’aspect épique à la Bathory que l’attaque thrash des grattes, l’aspect brut de la voix de Demonaz et les mélodies de départ, couplées aux attaques brutales, viennent souligner. Mighty Ravendark, par exemple, est une pièce de toute beauté qui transporte l’auditeur dans les plaines glacées, lui donnant le sentiment d’être un harfang transperçant le blizzard.
Immortal signe un retour soigné, inespéré pour ma part. De la musique aux paroles, tout rappelle les racines du groupe, de Pure Holocaust à Blizzard Beats au moins. Ne boudons pas notre plaisir.
| Raziel 28 Juillet 2018 - 4398 lectures |
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