Immortal - At The Heart Of Winter
Chronique
Immortal At The Heart Of Winter
Comme on dit par chez moi, Immortal a « le cul entre deux chaises » (du moins avait étant donné que le groupe s’est séparé il y a peu.). Vous me pardonnerez je l’espère cette expression franchouillarde à la con qui n’a pour seul mérite de bien résumer le cas Immortal. Je m’explique. Immortal est un des piliers fondateurs de la scène Black-Metal norvégienne. Cependant, soucieux de ne pas évoluer dans un même registre musical tout au long de sa carrière, le groupe a peu à peu dirigé son Black-Metal originel vers quelques chose de plus accessible, au risque de mécontenter les fans de la première heure. Mais ne vous méprenez pas, par « plus accessible » il ne faut pas comprendre pour autant « plus commerciale », la musique du groupe n’ayant rien en commun avec celle de Cradle Of Filth par exemple. Ceci étant dit, je me garderai bien d’entrée dans le débat « groupe intègre ou groupe vendu ? » pour me focaliser uniquement sur la musique distillée par Immortal tout au long de « At The Heart Of Winter », l’album le plus représentatif du changement opéré par le groupe.
Ce qui caractérise le plus cet album, c’est tout d’abord son homogénéité. Il n’y pas un titre qui se démarque plus qu’un autre et, de ce fait, ce disque s’apprécie comme un tout, ce qui, vous me direz ne rend pas la musique d’Immortal si accessible que cela. Difficile donc d’avoir un avis partagé concernant cet album : ou on aime, ou on aime pas. Ceci est d’autant plus vrai que, les titres étant relativement longs, il n’est pas évident de s’imprégner de la musique, à tel point que l’on pourrait presque qualifier Immortal de groupe de Black-Metal progressif. La production de ce disque est excellente et met le duo Abbath (guitare-basse-chant) - Horgh (batterie) dans des conditions sonores propices à développer les ambiances glaciales chères au groupe. Mais, chez Immortal, nul besoin de claviers (hormis l’intro du morceau-titre) pour recréer l’atmosphère d’un hiver norvégien. Toutes les mélodies de ce disque proviennent ainsi de la guitare, qu’il s’agisse de magnifiques arpèges en son clair (« Solarfall », « Tragedies blows at horizon ») ou de riffs en tremolo-picking parfaitement construits (« Where dark and light don’t differ », « At the heart of winter »). On notera également l’utilisation de riffs plutôt connotés Heavy-Metal (« Where dark and light don’t differ » et son excellent riff « tournoyant » sur le refrain, « Tragedies blows at horizon ») qui renforcent le caractère mélodique de cet album. Les deux musiciens sont techniquement irréprochables même si l’on peut émettre un bémol concernant le chant d’Abbath, manquant de puissance, qui pourra être un frein pour certains auditeurs (je trouve pour ma part qu’il colle parfaitement à la musique).
Enfin, le groupe a choisi (judicieusement) de confier la réalisation de la pochette du CD à l’excellent illustrateur français Jean-Pascal Fournier (Edguy, Yaerning, Rain, ...) ce qui à deux avantages. Premièrement, l’illustration est en totale adéquation avec la thématique de l’album et, deuxièmement, on échappe pour une fois aux tronches des musiciens couvertes de corpse-paints qui font franchement clichés.
Avec cet album, considéré par beaucoup comme le meilleur de la discographie du groupe, Immortal a réussi à se forger un son identifiable entre mille, alliance parfaite d’arrangements riches et d’ambiances envoûtantes, sans pour autant trahir ses origines. Une vraie réussite.
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