Hwwauoch - Hwwauoch
Chronique
Hwwauoch Hwwauoch
Si vous ne le savez pas encore, le label américain Fallen Empire est actuellement en train de vivre ses dernières heures. En effet, la structure a annoncé il y a de cela plusieurs semaines qu’elle souhaitait mettre la clef sous la porte. Dommage quand on voit tout ce que le label à sorti d’intéressant depuis 2011, année de sa création (les albums de Chambre Froide, Death Fortress, Lluvia, Misþyrming, Naðra, Tchornobog, Tukaaria et bien d’autres encore). De fait, il semblerait tout à fait logique que le label soit tenté de mettre un frein à ses sorties. Pourtant il n’en est rien et même si quelques-unes se font au format numérique, Fallen Empire continue d’enchaîner les parutions à un rythme surprenant.
L’une d’elles est le premier album d’un groupe au nom étrange, Hwwauoch. D’ailleurs, on ne sait rien ou presque au sujet de cette mystérieuse entité si ce n’est qu’il s’agit ici de son premier album et qu’elle appartient au Prava Kollektiv autour duquel gravite des groupes tels qu’Arkhtinn et Voidsphere. Tout aussi étrange que ce patronyme, cet artwork indescriptible auquel il semble vain de vouloir chercher une quelconque signification. Disponible via le Bandcamp de Fallen Empire, Hwwauoch est également proposé au format cassette par le label allemand Amor Fati Productions. Pour ce qui est toutefois d’une éventuelle version CD ou vinyle il va falloir se montrer patient car pour le moment, rien n’a encore été annoncé.
Attiré par ce nom à coucher dehors mais surtout par ces deux labels bien souvent gage de très grande qualité, je suis naturellement resté pour ce que j’y ai trouvé, un Black Metal halluciné, suffocant et torturé qui n’est pas sans rappeler les dangereuses tribulations d’un Leviathan ou d’un Skáphe. Tourmenté, la musique de Hwwauoch l’est donc au moins tout autant que celles de ses homologues américains et islandais avec en premier lieux ces riffs hypnotiques et dissonants qui n’ont de cesse de tourbillonner dans un gigantesque et puissant maelström. Une construction tortueuse et éreintante qui au gré de ses envies et surtout de ses assauts particulièrement soutenus (on passe le plus clair de notre temps sous le feu nourrit de cette batterie tout en blasts) va dépeindre mille et une abominations du corps et de l’esprit. Un très mauvais trip accompagné par des errements vocaux peut-être encore plus sombres et inquiétants que cette musique pourtant terrifiante. De lointains cris d’agonie complètement perchés, d’autres plus rauques et menaçants tout comme quelques passages plus solennels, quasi religieux, qui en plus de débarquer sans crier gare vont venir se mêler à un Black Metal d’une rare intensité. Ces riffs et ces voix vont former une espèce de spirale infernale, nous faisant sombrer dans une chute vertigineuse vers les abîmes les plus terribles. Une descente aux Enfers pleine d’horreurs innommables, de corps mutilés, de visages déformés par la peur et par la douleur, d’esprits malades et pourris de l’intérieur... Bref, de quoi vous donner matière à faire des véritables cauchemars.
L’agression, si elle est systématique, n’est pas toujours menée à coups de blasts. Hwwauoch tempère régulièrement ses ardeurs à l’aide de séquences moins tonitruantes mais néanmoins toujours aussi intenses et dérangées. Ces moments, en apparence plus dociles, révèlent toute la sournoiserie de ces riffs glacials et lancinants (des sonorités extrêmement froides, vibrantes et presque industrielles qui évoquent également beaucoup Blut Aus Nord) et de ces atmosphères infernales qui en découlent ("Three Phantoms, One Heart" et son break salvateur, "Ad Extirpanda" et ses incessants hurlements d’agonie, "Extinction & Enlightenment" et ses petites touches de mélodies funestes, les débuts torturés et ritualistes de "Emanations Of Forgotten Futures"), de ces bruits indescriptibles mais omniprésents (l’introduction de "Thou Shalt Feed The Ergosphere"). De cette dualité très forte naît aujourd’hui un album particulièrement riche et complexe, assez difficile à appréhender mais doté d’une très forte personnalité, et cela en dépit d’influences relativement évidentes (Leviathan, Skáphe et Blut Aus Nord en tête).
Album exigeant aux compositions intenses et radicales, Hwwauoch va demander de la part de l’auditeur curieux, quelques écoutes attentives avant d’en déceler toutes les noires nuances et autres subtilités (les guitares lancinantes, les nappes de synthétiseur fantomatiques, les voix hallucinées et lointaines, les atmosphères glaciales et lugubres, les moments de répit et les attaques sauvages...). Il faut dire que le groupe n’a pas cherché à nous faciliter la tâche même si la production soignée mais non dénuée de caractère et la durée peu excessive (trente-trois minutes seulement) rendent l’écoute relativement aisée. Une chose est sûre, si les quelques groupes cités ici en référence résonnent à vos oreilles d’une manière toute particulière, je vous invite à ne pas faire l’impasse sur cette sortie discrète mais ô combien recommandable. En espérant une sortie CD et/ou vinyle dans les semaines à venir car il le mérite.
| AxGxB 17 Décembre 2018 - 1685 lectures |
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