Infestus - Chroniken Des Ablebens
Chronique
Infestus Chroniken Des Ablebens
La vieillesse… Avez-vous déjà éprouvé cette sensation de profonde lassitude, en vous rendant compte que le monde autour de vous n'est plus celui que vous croyiez ? Quand tous vos repères semblent poussiéreux, quand la jeunesse –à laquelle vous croyiez pourtant appartenir il n'y a pas encore si longtemps- les a tous pervertis un par un, quand enfin vous comprenez que votre présent est en fait le passé…
Le miroir ne viendra pas vous rassurer, oh non… Ces rides qui viennent marquer vos traits, ces cheveux blancs qui petit à petit prennent le dessus : il faut voir les choses en face, vous n'êtes plus qu'un vestige. Mais il y a pire encore : les jeunes.
Ceux qui ont fait de vos héros des inconnus, des grands combats de simples anecdotes, qui au lieu d'offrir une glorieuse patine aux armes du passé, les ont oubliées sous une sépulture de rouille…
La dégénérescence, la souillure, l'affaiblissement, tout ce que vous avez toujours honni, des années durant, semblant s'être incarné en une seule génération qui du grandiose passé ne vénère qu'une image transformée en mascarade, en représentation Grand-Guignol ; quand l'artifice remplace l'essence, que reste t-il du Black Metal ?
Ces pensées vous semblent familières ? Et bien valeureux vétérans, il va être temps de ressortir vos épées, car c'est bel et bien au combat que nous convie Infestus avec ce majestueux autant que magistral Chroniken des Ablebens.
Et s'il est bien question ici de bataille, nous ne parlons pas pour autant de guerre de conquête, mais plutôt pour la sauvegarde de territoires conquis par d'anciennes générations de combattants, la défense de traditions, de valeurs : Celles du noble Black Metal des années 90, avant qu'une certaine dégénérescence ne s'empare de cet art. En effet, le duo allemand pratique un black très pur, dont les racines sont ancrées aussi bien dans les scènes norvégiennes et suédoise –l'ancien Marduk en tête- que dans une certaine tradition allemande. De part cet aspect d'hommage aux années 90, Chroniken Des Ablebens vient naturellement s'inscrire –et ce n'est pas là un mince compliment- dans la continuité du premier album d'Hegemon, le grand Chaos Supreme. Normalement, tout amateur de Black Metal qui se respecte doit d'ores et déjà cerner le contenu de cet album, et surtout se doit de commencer à écumer les distros pour se le procurer ; Pour les quelques incultes auxquels ces références n'évoquent rien, je vais tout de même me livrer à une description de la musique des allemands, exercice à la fois simple et d'une extrême difficulté, tant on touche là à ce petit quelque chose d'indicible, cette alchimie qui fait que parfois le Black Metal transcende la simple notion de musique : Nous sommes donc en présence d'un BM uniquement porté par les guitares, la basse, la batterie, jouées et composées par Andras, et par la voix de Dagon, les deux hommes se partageant l'écriture des paroles.
Les parties rapides, majoritaires, et mid-tempo s'alternent avec une logique et implacabilité qui sont la marque de fabrique des stratèges les plus experts, chaque vague d'assaut étant constituée d'enchevêtrements de guitares auxquelles le Necromorbus a su donner un son fantomatique qui sied à la perfection à l'ambiance de l'album, d'une basse volubile qui apporte une grande profondeur au tout et d'une batterie très naturelle dont les petites imperfections ne sont que des preuves de l'authenticité qui est le maître mot de cette œuvre. A tout cela vient s'ajouter une voix qui se fait spectrale, désincarnée, et pourtant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, particulièrement expressive. Loin des croassements d'alentours de fosse commune habituels, la voix de Dagon vient servir la musique en lui donnant un coté décharné digne de la Faucheuse elle-même. Quand les événements l'exigent, celle-ci sait toutefois s'éclipser au bénéfice de longues parties instrumentales à la colère maîtrisée mais toujours empreintes d'une certaine nostalgie, parfois constituées de froids arpèges joués à l'acoustique, ceux-ci venant de temps à autres se superposer aux guitares saturées.
Que dire de plus ? Toute forme d'originalité est ici bannie au profit d'un art Black Metal pur et souverain, d'une noirceur et d'une haine qui rodent en permanence, illustrations musicales de la Mort et du sort de ceux qu'elle fauche.
Le Black Metal sous sa forme la plus pure, tel qu'il aurait du rester, à l'opposé des claviers de fanfare, des refrains à reprendre en cœur avec le poing levé en mangeant dans la main du groupe, et des lancers de gadgets dans la foule pré-pubère en folie, qui semblent être devenus la norme à l'heure actuelle.
Si ce Chroniken Des Ablebens était sorti dix ou quinze ans plus tôt, il serait aujourd'hui considéré comme un classique ; Alors vous tous qui vous sentez vieux, la voilà la solution : vous procurer au plus tôt ce disque, et oublier pendant quarante minutes ces branleurs de jeunes et leur black metal d'opérette…
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