Judas Iscariot - Distant in Solitary Night
Chronique
Judas Iscariot Distant in Solitary Night
Les classiques de Sakrifiss 10/12
Ouh là. On arrive déjà au dixième album culte... Je devais à l’origine parler de petits groupes, peut-être moins connus et moins cités par les fans de black metal, mais après avoir chroniqué BLACK CIRCLE le mois dernier, j’ai remarqué que sur Thrashocore, il n’y avait pas de chros de JUDAS ISCARIOT ! Le groupe qui a beaucoup influencé le Norvégien cité plus haut et qui surtout constitue pour moi le summum du talent dans le black metal aux côtés de LUNAR AURORA.
Et je n’exagère pas. Beaucoup d’entre vous partagent mon ressenti à propos de cet américain, et au lieu d’un « classique de Sakrifiss », c’est plutôt un classique « tout court » qui approche. JUDAS ISCARIOT est un groupe culte. C’est difficile de le mettre au même niveau que les DARKTHRONE, BURZUM, MAYHEM ou SATYRICON, mais uniquement pour des raisons chronologiques. Niveau musical, je suis encore plus emballé par les compositions d’Akhenaten que par nos diablotins européens.
L’un des gros avantages de JUDAS ISCARIOT, qui le rend encore plus fort que les autres, c’est la qualité de sa discographie toute entière. Les 7 albums sortis entre 1996 et 2002 sont tous des pièces de choix. Même les EP valent le coup ! Il n’y a guère que BRANIKALD, FOREST et BILSKIRNIR qui ont tout aussi réussi à me convaincre à chacune de leurs sorties.
Du coup, comment choisir un seul album, un seul pour mes « classiques » ? Eh bien presque au pif, car même en réécoutant toutes les sorties, je n’arrivais pas à me décider. C’est donc sur Distant in Solitary Night que je me penche, en partie pour sa pochette qui m’a toujours aussi subjugué. Il est daté de 1999 mais il faut savoir qu’il a été enregistré bien avant. JUDAS ISCARIOT a été à ses débuts très rapide, trop pour le label, et c’est en 1996 qu’il a composé à tour de bras. Moribund Records avait apparemment voulu espacer les sorties, et préféré attendre quelques années. En 1996 étaient déjà parus The Cold Earth Slept Below… et Thy Dying Light. Moribund a depuis changé sa politique et ne s’est pas trop posé de questions avec VARDAN… Enfin, 1999 marque donc la sortie de ce Distant in Solitary Night, suivi dans la foulée d’un excellent Heaven in Flames, chez un autre label, et cette fois-ci enregistré peu avant, à la fin 98.
Distant in Solitary Night est aussi sous-titré « Seven Hymns to the Triumph of Evil ». Sept pistes démoniaques qui marquent surtout par la variété de ses flammes. Elles brûlent toutes, mais d’un feu différent. Elles font toutes apparaître Satan, mais par des incantations nuancées. Ne serait-ce que la durée des titres. Le plus court fait 3 minutes. Le plus long approche des 12. Et ce dernier est semi instrumental. Comme BURZUM venait de sortir Filosofem en 1996, JUDAS ISCARIOT semblait vouloir suivre un chemin parallèle, et intégrait donc lui aussi sa fresque ambiant. Ces 12 minutes sont donc constituées d’un clavier qui fait une nappe brumeuse et d’une basse qui joue à la vitesse d’un NORTT. Par-dessus, la voix déclame du William Blake. Ce sont en fait les paroles du « Mariage du Ciel et de l’Enfer » qui sont lues comme si Marco de DEINONYCHUS avait pris le micro. Un titre très absorbant, mais long. De ceux qu’on écoute rarement jusqu’au bout, mais s’en trop s’en préoccuper puisqu’on sait qu’ils sont là juste pour clore l’album en douceur. Et même sans lui, on reste avec près de 40 minutes de pur plaisir destructeur black metal.
JUDAS ISCARIOT est effectivement une machine de destruction, et la chevauchée est éprouvante mais tellement jouissive ! C’est tout de suite ce qu’offre « The Wind Stands Silent » et un peu plus tard « To the Black Tower of Victory ». Les deux morceaux sont des exemples de malfaisance. Un chant belliqueux, des guitares qui écorchent les oreilles et une mélodie percutante.
Les autres pistes sont tout aussi emballées, et c’est peut-être même « In the Bliss of the Eternal Valleys of Hate » qui a le venin le plus puissant, mais elles intègrent des breaks et changements de rythme qui apportent une saveur aigre-douce. Et c’est encore plus terrifiant dans ces moments-là. Le final du morceau cité d’une folie contagieuse. Et que dire de « Where the Winter Beats Incessant » qui est l’un des titres du groupe, et donc du black metal dans son ensemble qui m’a le plus traumatisé. 10 minutes avec beaucoup de répétitions, mais les bonnes, celles qui mettent en transe, et qui ne s’obstinent pas sur tout le morceau. C’est une piste au rythme lent sur ses deux premières parties, avec un riff malsain qui s’installe à partir de 2:01, et qui change à nouveau de visage à la 7ème. Il hausse le ton et devient une tempête de sable aveuglante. C’est un hymne.
J’aurais très bien pu choisir un autre album de JUDAS ISCARIOT tant sa discographie me plaît. Tous sont à connaître. Mais j’évite pourtant de les faire trop tourner. Pourquoi ? Parce qu’une fois que j’ai écouté du JUDAS ISCARIOT je n’ai plus besoin de retourner à d’autres formations. Je me dis à chaque fois que l’Américain a sorti ce qu’il y avait de meilleur et que tout le reste peut bien disparaître. C'est donc bien frustrant que le maître se soit retiré de la scène...
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