Sarvekas - Of Atavistic Fury & Visions
Chronique
Sarvekas Of Atavistic Fury & Visions (EP)
Nouveau venu sur la scène Metal SARVEKAS n’a pourtant rien de Lituanien (malgré un nom qui pourrait prêter à le penser), tout comme il n’a rien à voir de près ou de loin au musclor local Žydrūnas Savickas (quatre fois homme le plus fort du monde depuis 2009). Car sous cette dénomination se cache un jeune duo particulièrement prometteur venu de Finlande (pour changer) qui moins de deux ans après sa création montre déjà de gros points forts, avec son écriture textuelle et musicale d’une obscure beauté où le mélange entre les longues nuits hivernales, les forêts enneigées et le froid pénétrant se révèle être oppressant et magnifique. Car on retrouve facilement durant les vingt-cinq minutes qui arrivent la fameuse touche Finlandaise qui a tant fait ses preuves, et montre une fois encore s’il le fallait que le pays des mille lacs est actuellement le leader incontesté du Black Metal international, en mélangeant le côté cru et bas du front d’un ARCHGOAT et SARGEIST, à la nature sauvage et lumineuse d’un NORRHEM et GOATMOON.
Du coup il n’est pas étonnant que la musique du binôme soit tout autant agressive que relativement accessible, celui-ci jouant sur les deux tableaux avec un équilibre parfait et redoutable pour accrocher de suite l’auditeur, sans qu’il n’ait envie d’aller voir ailleurs pendant l’écoute. D’entrée avec « Dark Spiritual Devotion » on se rend compte effectivement de l’accroche sans failles des deux acolytes qui misent sur un rendu très simple et direct où blasts et passages mid-tempo entraînants se côtoient en alternance de façon majoritaire, tout en y ajoutant un peu de lenteur pour diversifier un peu plus le propos. Porté par un riffing neigeux et brumeux, coupant et incisif, l’ensemble d’une sobriété apparente montre de suite toutes ses qualités entre blizzard massif et soleil apparent qui tente de s’imposer plus ou moins avec force, afin d’offrir un ressenti proche du magnifique « Koitos » sorti cette année (mais sans les claviers). Si les gars misent beaucoup sur la vitesse exacerbée et les explosions blastistiques ils n’en oublient pas une certaine finesse, à l’instar du remuant « Hexenpyre » qui joue le grand-écart et voit se greffer un soupçon de mélodie dans les notes de guitares, notamment quand le rythme ralentit. Là-encore le rendu est imparable et réussi tant la relative facilité permet d’adhérer immédiatement, malgré un schéma général assez classique et qui reprend les mêmes bases au fur et à mesure, mais avec suffisamment d'alternance pour ne pas être redondant.
En effet sur « The Sacred Hour Of The Hunt », bien que les passages expéditifs soient grosso-modo les mêmes qu’entendus auparavant les ralentissements proposés y créent des moments rampants et désespérés, tant on a la sensation qu’on ne va jamais s’échapper de cette météo hivernale capricieuse et riche en intempéries diverses. Ce sentiment va d’ailleurs s’affirmer encore plus fortement sur l’excellentissime « Where No Man Has Trodden » aux trois parties distinctes et en cassures, où toute la panoplie des mecs est de sortie, afin d’accentuer l’imprévisibilité climatique de cette saison où tempêtes et accalmies se succèdent, entre violence débridée et passages plus lents et oppressants pour reprendre du souffle dans la noirceur totale. Là-encore on est totalement happé par les ambiances créées et cette simplicité relative qui se montre bien plus élaborée qu’elle en a l’air de prime abord, constat définitivement validé avec la conclusion intitulée « Surtr’s Breath », épique à mort et propice au headbanging. Si la force et le tabassage sont toujours de sortie cette ultime compo montre une facette plus martiale et tribale, mélodique et douce, qui amènent ainsi un supplément glacial total, qui finit par envelopper le corps et l’esprit qui se retrouvent transportés ailleurs.
Propice autant à la randonnée qu’au défouloir de bas étage cette première livraison des nordiques est une incontestable réussite, qui place de suite ces derniers parmi le paquet de formations à suivre de son pays. Sans rien révolutionner et malgré un classicisme affirmé et assumé cet Ep s’écoutera sans coup férir et sans baisse de régime notable tant son exécution et ses atmosphères légères et sans fioritures raviront les fans de Metal noir les plus larges et avertis, tant ça s’écoute vite et bien. Autant dire qu’on a déjà hâte d’en entendre plus de la part du groupe qui va être désormais attendu au tournant tant son hommage à la beauté locale ainsi qu’aux mythes et mystères qui l’entoure se révèle être des plus délicieux, à lui désormais de confirmer cela sur un format plus long, mais avec ce qui a été proposé ici nul doute que cela devrait le faire !
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