Sarvekas - Woven Dark Paths
Chronique
Sarvekas Woven Dark Paths
Ayant débarqué de nulle part il y’a deux ans et demi avec l’excellent Ep
« Of Atavistic Fury & Visions » (qui proposait un Black Metal racé et froid typiquement Finlandais), le duo de Salo est enfin de retour aujourd’hui pour son passage très attendu au format supérieur sans changer quoi que ce soit à sa formule musicale. Il aurait été en effet dommageable de modifier une écriture et un style qui ont fait leurs preuves, et qui montraient tout le talent du binôme qui bien qu’évoluant dans un genre ultra-classique et balisé se montrait particulièrement prometteur et attractif sur ce premier jet. Du coup on avait hâte de voir ce qu’il allait pouvoir proposer sur un album complet, histoire de prouver si les belles promesses entrevues durant les vingt-trois minutes précédentes allaient être encore présentes sur une plus longue période. Et le moins que l’on puisse c’est qu’il y parvient aisément, tant il va nous happer dès la fin de l’intro aux accents cinématographiques (« Rite Of Transcendence ») via sept morceaux imparables et variés où règnent en maître la neige, le long hiver local et les nombreux coups de vents qui en découlent… sans oublier une forte obscurité intense et glaciale.
C’est tout cela qui va se dévoiler sur le guerrier et furieux « The Scryer Of Bones » où la brutalité de la tempête côtoie des accents épiques foudroyants, le tout sur un rythme majoritairement élevé d’où émerge quelques ralentissements et riffs coupants. Sans jamais chercher à en faire trop techniquement comme du côté de la durée le combo réussit facilement son entrée en matière, sans créer de sentiment de répétition malgré son classicisme assumé et affirmé avec force qui lui sied finalement parfaitement, notamment en jouant beaucoup sur l’équilibre des forces en présence… surtout lors de cette première moitié de disque. Car cela va s’entendre de fort belle façon sur les redoutables « The Scryer Of Bones », « Of Bloodlust & Nightside Sorceries » et « Embers Of Pagan Fire », toujours aussi propices au headbanging et à la sensation de marcher dans la poudreuse au milieu des immenses forêts de conifères dans un ciel gris d’où l’on ne voit pas grand-chose (et ce même si ça accélère et ralentit de façon régulière et impeccable où aucun excès n’est de mise). Et puis à partir de la seconde partie les choses vont aller plus loin dans l’extrémisme quel que soit la vitesse engagée et sans que l’attractivité ne se réduise à peau de chagrin… loin de là, car dès qu’arrive le rutilant « Woven Dark Paths » on va encore gagner en densité comme en attractivité. Dévoilant un tempo plus rampant à la fois lent et médium les deux comparses nous balancent immédiatement dans un univers où le blanc émerge de partout, sans que le rythme ne s’emballe à foison tant c’est relativement posé et ça donne le sentiment d’être perdu au milieu de nulle part, tout en ayant envie de secouer la tête quand ça s’emballe à quelques reprises. Mettant un peu l’explosivité de côté le rendu ne nuit pas du tout à l’écriture vu qu’on est embarqué dans le tumulte hivernal d’une superbe façon, où l’envie de survivre et de combattre prend le pas sur le reste… notamment la violence, mais celle-ci va revenir au premier plan dans la foulée via l’austère et débridé « The Austerity Of The Northern Lands » qui ne va pas faire de quartier. Car c’est un tourbillon sonore et musical auquel l’auditeur est confronté ici vu que les nuées de blasts sont mises à l’honneur tout en ne baissant pratiquement pas la cadence, et du coup c’est le titre le plus primitif ici que nous assènent les nordiques sans là-encore risque de décrochage vu que c’est parfaitement mené et joué de façon cohérente, et cela ouvre la voie à la doublette de fin qui va encore hausser le ton.
Impossible de résister effectivement au dynamique et combattif « Soaring Over The Battlefields » (où l’envie de prendre les armes est immédiate avec un entrain de dingue et où la noirceur est ici bien plus étouffante), ainsi qu’à l’excellentissime « The Great Winter » qui porte très bien son nom (et voit toute la palette technique se dévoiler une ultime fois avant qu’une douce conclusion acoustique ne vienne parachever cette indéniable réussite). Si évidemment tout cela sent le réchauffé c’est normal mais ça n’est pas le but des Finnois de révolutionner quoi que ce soit, plutôt de faire perdurer un héritage que pratiquent nombre de leurs compatriotes dans un registre similaire et avec la même réussite. Interchangeables même pas redondantes les différentes compositions maîtrisées de bout en bout prouvent que SARVEKAS est un très beau rejeton de sa nation et n’a pas à rougir de la comparaison, autant du côté des historiques que de toute la nouvelle vague dont elle fait partie. Car avec son rendu impeccable et attrayant il a de quoi occuper les esprits et vider les cerveaux pendant une période importante, ce dont personne ne se plaindra surtout avec un dynamisme pareil et cette simplicité qui fait très mal et qui convient totalement à l’esprit authentique mis en avant ici.
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