Qu’on apprécie ou non les récents albums de Darkthrone, il me semble en tout cas bien mal avisé de leur reprocher un quelconque manque d’intégrité. Car depuis 1987, le groupe norvégien a toujours eu à cœur de faire ce qu’il voulait, abandonnant ainsi le Death Metal de ses débuts pour initier avec d’autres cette seconde vague Black Metal dont l’influence continue de marquer la scène encore aujourd’hui. Alors on peut bien se marrer quand le duo décide de se la jouer Heavy Metal warriors à grand coup de "Fuck Off And Die", "The Church Of Real Metal" et autre "Hiking Metal Punks" mais en vrai, on ne peut que s’incliner devant une carrière aussi exemplaire.
Une carrière qui ne semble d’ailleurs pas prête de s’arrêter puisque Darkthrone continue d’enchaîner les disques à un rythme régulier. Aussi, trois ans après le très bon
Arctic Thunder (faisant suite à
The Underground Resistance paru en 2013), le groupe est aujourd’hui de retour avec son dix-huitième album intitulé
Old Star. D’emblée, on tombera rapidement sous le charme de cet artwork vicieux et malsain signé des mains de Chadwick St. John (Arckanum, Grafvitnir, Horna...) et dont les enchevêtrements de corps déformés aux regards vides et inquiétants laissent planer une atmosphère pour le moins suffocante et chargée. Un ressenti bien vite confirmé par les premiers extraits dispensés par le groupe à quelques semaines de la sortie officielle de l’album chez Peaceville Records.
Sans grande surprise,
Old Star s’inscrit dans la veine d’un proto-Black primitif aux racines Punk et Heavy Metal toujours aussi évidentes. Pour autant, ce nouvel album n’est ni une suite directe au très bon
Arctic Thunder ni même une resucée de ce que le groupe a pu faire entre
F.O.A.D. et
The Underground Resistance. Car si la musique de Darkthrone conserve bien évidemment une ligne directrice plutôt évidente, ce nouvel album est surtout l’occasion pour le duo d’aller sur un terrain qu’il n’avait fait qu’effleurer jusque-là, celui d’un proto-Black (toujours) mélangeant cette fois-ci des sonorités Doom/Thrash à la manière de ce que l’on peut trouver chez les Américains de Dream Death (notamment sur
Journey Into Mystery). Darkthrone laisse donc de côté les ambiances contemplatives de son prédécesseur (toundra/feu de camps/vue sur les pins) pour des atmosphères bien plus viciées et vicieuses, tout ça en continuant de rendre bien évidemment hommage aux Suisses de Celtic Frost.
Servi par une production aux aspérités faussement repoussantes (du grain et de la grésille),
Old Star donne l’impression de baigner dans son jus depuis déjà belle lurette. Pouvait-il de toute façon en être autrement lorsque l’on sait dans quelle époque Fenriz et Nocturno Culto puisent l’essentielle de leur inspiration ? Toujours est-il que celle-ci va évidemment servir le propos de Darkthrone et de ses compositions nonchalantes dont certaines prennent désormais un malin plaisir à traîner la patte… Car si les retrouvailles débutent plutôt bon train avec un "I Muffle Your Inner Choir" dont la première partie s’emballe tranquillement sur un tempo Punk/Thrash entêtant, la seconde moitié est caractérisée par une baisse de régime significative qui va donner l’occasion de dodeliner de la tête comme des darons, le mentons relevé, le torse bombé et les bras croisés. Et c’est ainsi sur un train de sénateur que Darkthrone va mener l’essentiel de sa campagne 2019. Bien sûr, on trouve encore quelques passages plus rapides (la première moitié et les dernières secondes de "I Muffle Your Inner Choir", le premier tiers de "Duke Of Gloat" ainsi qu’à partir de 5:43, "The Key Is Inside The Wall" jouant avec aisance sur les deux tableaux) qui viendront naturellement contraster avec ces séquences plombées desquelles émanent un puissant sentiment de force, un Darkthrone particulièrement virile et conquérant ("I Muffle Your Inner Choir", "The Hardship Of The Scots", "Alp Man"...).
Composé à part égale par Nocturno Culto et Fenriz (trois titres chacun), on remarquera que les morceaux écrit par ce dernier ("The Hardship Of The Scots", "Alp Man" et "The Key Is Inside The Wall") sont peut-être parmi les plus intéressants de l’album avec notamment des variations reflétant plus largement les diverses influences du groupe ainsi que des changements de rythmes toujours très bien sentis qui feront immanquablement lever le poing avec fierté tout en hochant la tête en signe d’approbation consentie. Ceux composés par Nocturno Culto sont tout aussi bons et surtout tout à fait dans le ton mais en connaissance de cause, impossible de ne pas remarquer les quelques différences d’approche en terme de composition.
Sorti un petit peu à la surprise générale, sans annonce particulièrement alléchante de la part du duo (à l’inverse de son prédécesseur présenté comme un retour aux sources), ce nouvel album de Darkthrone ne risque pas vraiment de ramener les fans de la première heure dans le giron des Norvégiens. Car quelques soient vos attentes, le duo continue de tracer sa route comme bon lui semble, brouillant les pistes d’album en album tout en continuant pourtant à rendre hommage à ces groupes du passé à commencer par Celtic Frost dont on retrouve ici encore et toujours les mêmes riffs primitifs et entêtants et autres changements de rythmes à se casser la nuque. A la différence néanmoins de ses récents prédécesseurs,
Old Star ne joue ni la carte d’un Black/Punk/Heavy Metal nihiliste ni celle d’un Proto-Black contemplatif tourné vers une certaine nature mais bien celle d’un Black Metal de la première heure à cheval entre ces deux approches avec, pour l’occasion, une Doom tout à fait évidente. Bref, tout ça pour dire que Darkthrone continue de singer avec talent mais dans des proportions différentes la musique de Tom G. Warrior et ses acolytes et que finalement vous ne devriez pas être particulièrement dépaysés ni même surpris par l’orientation prise ici par le duo norvégien.
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