Pour illustrer ce dix-neuvième album de Darkthrone, Fenriz est allé piocher dans ses souvenirs d’enfance une illustration de 1972 signée David A. Hardy, un artiste anglais notamment sollicité pour travailler sur l’album
Dark Side Of The Moon bien que son oeuvre (plutôt chouette) n’ai finalement pas été retenue. C’est au début des années 80 dans un livre sur l’Espace que le jeune norvégien va faire la découverte de cette oeuvre baptisée "Pluto And Charon". Une oeuvre qu’il va par la suite photocopier à de nombreuses reprises afin d’alimenter ses correspondances épistolaires datant de la fin des années 80 qui se concluaient d’ailleurs généralement à l’époque par un "Eternal Hails" alors de rigueur dans le milieu. Un clin d’oeil parmi tant d’autres pour un nouvel album résolument tourné vers le passé, une fois de plus...
En effet, plus nous nous satisfaisons de cette modernité qui affecte tous les pans de notre vie au quotidien jusqu’à en devenir parfois excessive et plus Darkthrone semble vouloir remonter le cours du temps à travers sa musique. Car si les quelques albums précédents du duo norvégien étaient déjà particulièrement tournés vers le Metal des années 80, cela semble encore plus vrai aujourd’hui avec
Eternal Hails…… dont les influences, notamment celles de Celtic Frost et Candlemass, restent pourtant toujours aussi évidentes.
Enregistré au Chaka Khan Studio d’Oslo, ce nouvel album est servi par une production particulièrement vintage au son chaud, moelleux et abrasif qui confère à ces cinq nouvelles compositions une aura d’un autre temps, quelque part entre les années 70 et 80. Bien évidemment il n’y a pas que la production qui participe à ce voyage dans le passé. Aussi, dès les premières accords de "His Masters Voice" la magie opère et cela d’une manière plutôt surprenante. En effet, ce son de guitare si particulier dispensé sur les premières secondes de ce premier morceau (ainsi qu’en guise de conclusion) va renvoyer aux scènes Goth et Post-Punk des années 80 et notamment à des groupes comme The Sisters Of Mercy, Fields Of The Nephilism et Joy Division. Un clin d’oeil de courte durée mais qui en dit une fois de plus suffisamment long sur les intentions de Darkthrone.
Naturellement et comme toujours avec eux, le voyage ne va pas s’arrêter là. Très vite, le duo va effectivement reprendre le chemin entamé sur
Old Star, son précédent album sur lequel les Norvégiens embrassaient enfin pleinement leurs influences Doom. Alors c’est vrai, cela n’est pas sans causer quelques dommages collatéraux comme l’atteste la durée de ces nouvelles compositions comprise entre sept et dix minutes. C’est peut-être d’ailleurs le principal défaut (si tant est que l’on soit déjà client de cette version proto-Black/Doom/Heavy Metal de Darkthrone) puisque l’on a parfois un petit peu le sentiment que les choses trainent en longueur, notamment sur des titres comme "Hate Cloak" ou "Voyage To A Northpole Adrift" qui ont quand même tendance à jouer la répétition plus que de raison et cela au risque de perdre malheureusement l’attention de l’auditeur...
Pourtant, derrière ses airs d’albums Doom qui traine la patte,
Eternal Hails…… n’est pas spécialement avare en variations et autres changements en tout genre. Des titres comme "His Masters Voice", "Wake Of The Awakened" et "Voyage To A Northpole Adrift" permettent notamment d’apporter un peu de rythme à l’ensemble en accélérant sensiblement (et par moment seulement) la cadence. Alors évidement, il n’y à là pas de quoi cracher ses poumons mais on appréciera quand même de pouvoir dodeliner de la tête un peu plus vigoureusement. D’autres comme "Hate Cloak", "Voyage To A Northpole Adrift" (qui joue donc sur les deux tableaux) ou "Lost Arcane City Of Uppakra" (malgré un léger soubresaut constaté à 1:37) vont jouer quant à eux (ou également, c’est selon) sur des variations de thèmes et de sonorités qui, tout en conservant une évidente cohérence, permettent néanmoins de ne pas sombrer dans l’ennui à force de répétitions exagérées ou de formats trop allongés. Saluons ainsi par exemple ces leads sur "Hate Cloak", ce solo et ces changements de rythmes sur "Voyage To A Northpole Adrift" ou bien encore l’usage de ce synthétiseur pour le moins inattendu sur la dernière partie de "Lost Arcane City Of Uppakra". Dans les deux cas, il se dégage d’
Eternal Hails…… une atmosphère crépusculaire, sombre et menaçante suggérée d’ailleurs à la perfection et cela dès ce premier contact par l’oeuvre fantastique de David A. Hardy.
Si Darkthrone a souvent fait l’unanimité dans sa carrière, son virage Black / Speed / Doom / Heavy Metal ne fait pas que des heureux aujourd’hui. Beaucoup y voit un cruel manque d’inspiration, un je m’en foutisme flagrant et un moyen facile pour le duo de cachetoner en vivant de sa notoriété auprès d’un public faisant preuve de peu de discernement (et de beaucoup de mauvaise foi) et donc capable d’acheter n’importe quoi du moment que la griffe de Darkthrone y soit apposée. S’il y a probablement un peu de vrai dans tout cela, il n’empêche que je trouve agréable l’idée qu’un groupe avec un tel parcours puisse se soustraire aussi librement du poids de son héritage pour vaquer à ses occupations sans se poser la question de savoir si ou non cela correspond à que l’on attend d’eux. Fenriz et Nocturno Culto n’ont plus rien à prouver aujourd’hui et bien que le premier soit devenu un même sur les Internet grâce à ses poses, ses chats et ses déclarations, Darkthrone n’en reste pas moins tout à fait crédible dans ce qu’il propose ces dernières années. Alors
Eternal Hails…… n’est pas parfait, c’est vrai, il est même souvent trop long et même peut-être un peu trop "facile" dans ses constructions, ses riffs, son déroulement... Pour autant, il n’en est pas moins un album sincère et finalement plus attachant qu’il n’y paraît de prime abord, justement parce qu’au delà de ces quelques morceaux vraiment cool (même si un poil longs pour certains) il symbolise une certaine idée du Heavy Metal : un esprit de liberté, un doigt d’honneur adressé à ceux qui pensent pouvoir exiger quoi que ce soit du duo parce qu’il y a trente ans celui-ci a accouché d’une triplette qui fera date dans l’histoire des musiques extrêmes et un amour des traditions et de ces ainés qui ont aidé a façonner cette musique qui nous tient tant à coeur. F.O.A.D.
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