Cela fait malheureusement belle lurette que j’aurai dû vous parler des Suisses d’Ateiggär mais que voulez-vous, j’ai jusque-là préféré tirer au flanc ou plus exactement privilégier d’autres formations à leurs dépens. Alors pourquoi vous en parler aujourd’hui ? Eh bien, je ne sais pas... Probablement parce qu’avec la sortie encore récente de leur premier album en fin d’année dernière (
Tyrannemord), je me suis dit qu’il était peut-être temps de se pencher sur ce duo plus que méritant.
Formé à Zurich en 2019, le groupe n’est autre que le "nouveau" projet de deux musiciens déjà bien connus puisque l’on retrouve effectivement Menetekel et Vâlant des excellents Ungfell. Opérant là encore sous la forme d’un duo mais sous des patronymes néanmoins remaniés (Fauth Temenkeel et Fauth Lantav), les deux garçons n’auront aucun mal à convaincre le label Eisenwald de les accompagner dans cette nouvelle aventure. Une collaboration officialisée en octobre 2019 par la sortie du single "En Blinde Namens Duracotus" auquel succédera un mois plus tard ce premier EP intitulé
Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt disponible alors uniquement en vinyle (il faudra attendre la sortie de
Tyrannemord pour voir arriver enfin ce EP embarqué dans une version double CD particulièrement soignée).
Alors j’ai beau chercher, je n’arrive pas à trouver de signification au titre de ce EP même si étant donné l’origine de la formation, ont doit être sur un dérivé de l’allemand qui a priori ne date pas d’hier... Mais peu importe, là n’est pas vraiment l’essentiel. Ce que l’on retiendra en premier lieu, c’est l’artwork plutôt sympathique qui à défaut de faire preuve d’originalité donne envie d’aller voir un petit peu plus loin. Effectivement, tout cela n’a rien de très original mais l’esthétique léché de cette illustration, ce logo aux petits détails soignés et ces bordures épurées sont en effet une invitation à la découverte.
Malgré la multitude de projets estampillés Black Metal (aux accointances tantôt Folk, tantôt Doom, tantôt Punk) dans lesquels les deux hommes sont déjà embarqués (Ungfell, Kvelgeyst, Arkhaaik, Lykhaeon, Knüppelknecht, Wyrgher...), c’est une fois encore vers ce genre que se sont tournés les Suisses. Ces derniers versent ici dans un Black Metal symphonique largement inspiré par la seconde vague norvégienne avec en tête des groupes tels que Kvist, Emperor et Satyricon. Tout comme Ungfell qui pue toujours autant le Peste Noire de la bonne époque, Ateiggär ne cherche en aucun cas à dissimuler ses influences. Un parti-pris qui forcément en agacera quelques-uns mais qui finalement se retrouve bien vite relégué aux oubliettes grâce à un sens de la composition particulièrement affûté.
En entamant
Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt par "En Seelefunke", Ateiggär pose des bases mélodiques particulièrement solides et cela à grand renfort de nappes de synthétiseurs, de cordes frottées et de percussions solennelles pour un résultat à la grandiloquence toute norvégienne (les fans d’Emperor et de Dimmu Borgir ne manqueront pas de frétiller sur ce titre qui sert seulement ici d’introduction). Mais si cette très chouette introduction glisse doucement sur les premières secondes de "Und D Korybante Tanzed In Sturm", Ateiggär n’entend pas pour autant laisser trainer les choses trop longtemps. Effectivement, malgré quelques petites baisses de régime constatées ici et là, c’est bien bien au plancher, les poignets chauffés à blanc, que le duo mène cette généreuse entrée en matière. Une cadence soutenue et plutôt intense conduite d’une main de maitre à coup de blasts haletants ("Und D Korybante Tanzed In Sturm" à 0:45, les entames en fanfare de "En Blinde Namens Duracotus" et "De Dämon Us Levania"...), d’accélérations thrashisantes toujours très efficaces ("Und D Korybante Tanzed In Sturm" à 0:47, "En Blinde Namens Duracotus" à 2:15, "De Dämon Us Levania" à 4:34...) et de riffs froids et sinistres. Une approche simple, directe et pour le moins frontale qu’Ateiggär va cependant nuancer tout d’abord par un profond travail mélodique évoquant le meilleur du Black Metal symphonique des années 90. Des sonorités qui ne datent pas d’hier mais remises ici au goût du jour par deux musiciens qui ont tout compris de l’importance de l’équilibre et de la justesse lorsque l’on souhaite flirter avec ce genre de mélodies très marquées pouvant, si mal exécutées, sonner de manière beaucoup trop pompeuse ou pire désuète. Une orchestration riche mais certainement pas envahissante qui va passer ici par l’utilisation de nombreuses nappes de synthétiseurs (les premières notes de "Und D Korybante Tanzed In Sturm" puis plus loin à 1:31 ou 5:49, "Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt" à 0:24, "En Blinde Namens Duracotus" à 4:26...), de piano baroque ("Und D Korybante Tanzed In Sturm" à 3:17), de percussions et de cuivres solennels (les dernières secondes de "Und D Korybante Tanzed In Sturm", "En Blinde Namens Duracotus" à 2:49, "De Dämon Us Levania" à partir de 0:17) mais aussi de voix et autres choeurs aux intonations religieuses évidentes ("Und D Korybante Tanzed In Sturm" à 5:49, "Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt" à 0:27 et 2:17, "En Blinde Namens Duracotus" à 0:11 et 3:48)...
Produit avec soin (on doit notamment le mastering à monsieur Greg Chandler d’Esoteric),
Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt offre à l’auditeur un mix parfait entre agressions froides et implacables et mélodies grandioses. On appréciera également beaucoup de pouvoir entendre distinctement cette basse aux rondeurs discrètes mais belle et bien présentes. Surtout,
Us D'r Höll Chunnt Nume Zyt est la preuve que l’on peut faire du Black Metal Symphonique avec élégance et cela sans nécessairement tomber dans la surenchère ni perdre en agressivité et encore moins en crédibilité. Avec ce projet et cette première véritable sortie, Fauth Temenkeel et Fauth Lantav nous prouvent une fois de plus qu’ils en ont sous le pied et que tout ce qu’ils touchent s’avèrent (pour le moment) digne d’intérêt.
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