Towards Hellfire - Inquisitors Of Blasphemy

Ayant déboulé de nulle part il y a pratiquement deux ans avec le surpuissant « Death Upon The Holy Throne », TOWARDS HELLFIRE n’a pas perdu de temps pour donner une suite à ce disque unanimement salué qui le plaçait d’emblée parmi les têtes de gondole de la scène Black de son pays. S’il partage désormais cette place avec DOMINANCE il a décidé en tout cas de continuer à battre le fer pendant qu’il est encore chaud, et à première vue tout ici est présent pour qu’on ait le même résultat implacable tant tout ressemble à s’y méprendre à son prédécesseur. Car entre la pochette presque copier-coller toujours signée de Robert A. Von Ritter, un nombre de morceaux semblable et une durée quasiment identique tout est donc réuni pour qu’on ne soit pas dépaysé... et c’est totalement le cas là. En effet on a droit à une suite en règle du même acabit qui va faire particulièrement mal, et continuer ainsi son travail de sape authentique et sincère où le Diable et ses légions sont dignement mis en avant pour notre plus grand bonheur.

Conservant effectivement tout ce qui a fait le charme de ce premier disque son successeur livre une prestation impeccable de bout en bout, et en premier lieu via le long « Escape To The Core Of Hell / Step Forward To Madness » qui dévoile immédiatement toute la variété rythmique de ses auteurs qui n’ont pas du tout perdu la main. Jouant habilement entre les passages débridés et ceux au ralenti plus rampants la formation offre un rendu très dense, puissant et varié immédiatement addictif… point qui ne va plus quitter l’auditoire jusqu’à l’ultime seconde de ce long-format. Car si ce démarrage laissait le temps aux différents tempos de se développer tranquillement la suite va être plus condensée sans y perdre en variations ni efficacité, notamment avec le monstrueux « Death’s Eternal Reign » où l’ensemble va encore grimper en intensité... tant ici ça se montre groovy à souhait et porté notamment par un mid-tempo plus marqué au milieu de vagues déchaînés de blasts comme de courts plans au ralenti... un schéma d’écriture assez semblable au tout aussi excellent « Vengeance Out Of Hell » qui arrive juste dans la foulée - en mettant cependant la brutalité légèrement sur le côté. Car si elle est présente durant les hostilités elle laisse plus de place aux rythmiques intermédiaires idéales pour le headbanging et légèrement épiques dans l’exécution, tout en voyant l’ajout d’un solo impeccable qui amène de la froideur supplémentaire à une plage impeccable encore une fois, tout comme celle qui va lui succéder (« Inquisitors Of Blasphemy ») qui voit le retour aux fondamentaux en misant totalement sur le massacre organisé. Si tout cela ne dure pas longtemps en revanche cela laisse largement le temps de faire face à une déferlante de violence et de haine menée tambour battant au milieu de quelques subtiles variations, sans jamais ralentir l’allure mais aussi sans lassitude tant c’est finement fait pour éviter cela malgré sa primitivité de façade.

Là encore on s’aperçoit que le trio a le truc pour faire sonner sa musique bas de plafond sans se répéter en boucle, car celui-ci a la bonne idée de ne jamais éterniser inutilement ses compositions tout en continuant à privilégier un rendu instinctif sans en faire des caisses… chose qui a parfois tendance à être oublié aujourd’hui. Du coup on ne sera pas étonné que la suite à venir garde ce plaisir communicatif, et après cet ensemble rudimentaire l’inverse va se produire avec « Blessed By War » où l’homogénéité va être de mise tout en allant vers un peu de freinage pour offrir quelques bridages bienvenus permettant de secouer la nuque sans se poser de questions. Tout cela avant l’éternelle alternance permanente donnant ainsi un rendu global où l’oppression et l’obscurité ressortent encore plus fermement, en filant toujours une envie d’en découdre instantanée. Cela ne surprendra donc personne du grand-écart pratiqué par « Devoted To Damnation » qui en gardant sa base classique livre une prestation appliquée où le tabassage côtoie de façon incessante les relents tribaux suffocants, qui ramènent ainsi de la profondeur à foison… tout comme pour l’implacable « Bow To The Realm Of Evil » qui bien que revenant à une radicalité outrageuse laisse place à un encart de freinage pour pouvoir s’exprimer convenablement. Et afin de terminer dignement cette guérilla musicale de haut niveau « In Opposition Of Light » va venir rajouter sa touche pour un résultat parfaitement en accord avec son nom, tant le noir est omniprésent ici mais laisse aussi de la place au blanc vu qu’on y retrouve quelques influences du IMMORTAL de la deuxième époque avec ce côté guerrier des forêts qui débarque d’on ne sait où… et qui se greffe à merveille avec le reste glacial et désolé proposé par les Polonais.

Autant dire qu’après tout ça il est certain que l’entité n’est pas un feu de paille mais a bien l’intention de se placer en haut du panier local pour encore quelques temps, tant son inspiration reste au taquet et qu’elle continue de maîtriser outrageusement tout ce qu’elle entreprend vu qu’on ne regarde jamais sa montre par exemple. Si nombre de vétérans avant elle savaient parfaitement offrir la même réalisation à chaque fois il est fort probable que cela soit également le cas des furieux de Poznań, qui signent un enregistrement qui se place directement parmi les meilleures sorties du genre pour 2025… et il fait peu de doutes qu’on le retrouvera dans les bilans de décembre et janvier. En attendant un hypothétique retour d’INFERNAL WAR on pourra donc aisément se satisfaire de cela du côté du drapeau blanc et rouge, tant on a de quoi s’occuper pour une période conséquente avec toujours le même plaisir à se faire défoncer la tronche à coups de latte sans qu’on n’y trouve rien à redire. Bref un signe qui ne trompe pas et qui devrait enfin mettre en lumière la bande qui le mérite amplement, surtout à l’heure où quelques ténors de Varsovie, Cracovie et autres semblent s’être définitivement perdus en chemin.

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