On l’a souvent dit et répété mais il faut savoir se faire désirer pour mieux (ré)apparaître dans la lumière, et de ce côté-là le combo de Seine-et-Marne a appliqué ce schéma à la lettre vu qu’il lui a fallu plus de trente ans pour enfin sortir son premier album, après de longues périodes de silence et quelques changements de personnel qui ont fini pour ralentir sa carrière. Revenu véritablement aux affaires en 2017 via son Split avec DROWNING, le groupe toujours mené par le guitariste Infamist (et dernier membre originel) semble avoir désormais trouvé sa vitesse de croisière et un line-up solide (où l’on trouve notamment le chanteur et batteur d’IMPUREZA), qui expliquent notamment sa signature chez Dolorem Records qui sort ce long-format totalement réussi et impressionnant de violence. Il faisait en effet peu de doutes que vu que le pedigree de chacun des musiciens la qualité serait au rendez-vous, et c’est effectivement le cas ici aidée en cela par une production naturelle, rugueuse et directe en mode stéréo qui renvoie immédiatement aux années 90, époque bénie et glorieuse auquel l’entité rend ici hommage. En plus de cela celle-ci a jeté son dévolu sur la scène d’outre-Atlantique de cette décennie qui a proposé tant de bonnes choses, et ici ça sent bon les vieux MALEVOLENT CREATION, MORBID ANGEL et ANGELCORPSE, autant pour cette faculté à briser les cervicales que pour cette brutalité exacerbée et constante.
Car durant trente-quatre minutes c’est à un vrai défouloir en règle auquel on va être confronté pratiquement sans interruption, tant les gars vont balancer majoritairement des blasts et tabassages déchaînés sur une vitesse qui va rester la plupart du temps sur la pédale d’accélération. Il faut dire que nos Français ne vont pas faire dans la dentelle et qu’hormis la courte introduction les moments d’aération vont être rares comme on va l’entendre sur le rutilant « Deny The Divine Praise », où de longs passages ultra-dynamiques à l’énergie débordante vont donner le ton de cet opus. Ne ralentissant que durant un court moment pour permettre à tout le monde de reprendre ses esprits le reste de ce morceau va faire preuve d’une efficacité redoutable, où le frappeur se révèle être une machine de guerre qui ne faiblit jamais et propose une vraie technicité à la fluidité indomptable (où se greffe nombre de roulements explosifs), et dont le boulot se retrouve mis en avant par les guitares acérées et la puissance du chant guttural profond et caverneux. Avec en prime une durée assez courte (à l’instar des autres compos qui tourneront pour la plupart autour des quatre minutes) tout ceci n’a donc nullement le temps de lasser et c’est tant mieux, vu qu’il est facile de vite tomber dans ce piège avec une musique si frontale et radicale et ce même quand ça s’étire un peu plus comme sur le monstrueux « Demonically Stigmatized ». Ici on va retrouver les mêmes éléments qu’entendus juste avant tout en y voyant l’ajout d’un soupçon de lourdeur supplémentaire qui permet ainsi de noircir un peu plus le tableau, et offrir également de vrais moments de bravoure où l’envie de headbanguer se fait sentir.
En effet sans oublier les fondamentaux le quatuor ne va jamais oublier d’être accrocheur et dynamique, en osant même intégrer des plans presque épiques comme avec
« Masquerading As God » (tiré de la Démo du même nom de 2005) particulièrement remuant, et qui donne clairement l’envie de prendre les armes et de partir au combat au milieu des déferlantes haineuses. Si on se sent d’humeur à régulièrement guerroyer sur ce disque on est aussi tout du long pris à la gorge par sa virulence et sa force de frappe, que ce soit mené tambour battant comme en ralentissant l’allure comme va le proposer la doublette « Stormblood » / « Disgraceful Lust », qui va dévoiler des plans rampants à souhait et écrasant où l’obscurité se fait croissante. Néanmoins si ces passages lents et mid-tempo vont trouver facilement leur place ici ils vont cependant rester minoritaires car au milieu de leurs présences respectives les déferlantes explosives vont conserver le premier plan, et agresser l’auditeur ravi qui n’en demandait pas tant. D’ailleurs celui-ci aura toute l’occasion de se réjouir sur les courts et équilibrés « Serenity In Shades », « Supreme Regression » et « Acient Fear » qui balancent la purée sans se poser de questions, et reprennent avec brio les mêmes éléments déjà entendus précédemment mais toujours avec ce rendu indéniable et jouissif. C’est d’ailleurs le mot qui convient à l’équilibré et impeccable « The Age Of Christic Sorrow », où l’on se surprend à entendre quelques riffs et plans typiquement Thrash qui détonnent et trouvent parfaitement leur place avec le reste, amenant ainsi un supplément de densité bienvenu et efficace.
Si tout cela peut donner l’impression légitime d’être relativement interchangeable d’une plage à l’autre tout en ayant la sensation de reprendre ce qui a été déjà fait il y’a plusieurs décennies de cela, ça n’entame en rien le plaisir que l’on prend à écouter facilement et d’une seule traite cet enregistrement bourrin mais pas bourratif (où Chris Moyen offre comme d’habitude une pochette magnifique). Homogène de bout en bout et sans temps-mort ni interludes inutiles cette réalisation est un sans-faute absolu et marquera clairement l’année de son empreinte, tant il n’y a rien à jeter dans ce tourbillon explosif mené à toute berzingue et au classicisme assumé, où toute l’expérience de ses vieux briscards ressort. Comme quoi la tête-pensante de MISGIVINGS a bien fait de s’accrocher… vu que désormais rien ne semble pouvoir l’arrêter et qu’elle a fait un bon de géant musicalement par rapport à ses premières démos (on a presque du mal à reconnaître la formation), qui la place directement parmi les têtes de gondole du Death de l’hexagone et dont la musique va faire un massacre sur scène à n’en pas douter.
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