Filii Nigrantium Infernalium - Pérfida Contracção do Aço
Chronique
Filii Nigrantium Infernalium Pérfida Contracção do Aço
Soyons clairs d’emblée. Filii Nigrantium Infernalium est un truc à part. Du bizarre de chez bizarre, de l’inclassable, de l’OVNI musical, du chiant à décortiquer, à écouter aussi parfois, de l’étrange au kilo et, finalement, du curieux.
Les Portugais ont une longue carrière derrière eux, marquée d’albums à l’artwork souvent chiadé, surtout les derniers, genre Celebrating the Whore de Blessed in Sin. Plus de trente ans…et pourtant seulement 5 albums longue durée, le dernier inclus, la faute à des pauses plus ou moins longues. Pérfida Contracção do Aço s’inscrit ainsi dans la droite ligne d’un Hóstia un peu fou, un peu en marge. A mi-chemin entre un black relativement brut et un mélange de metal extrême mixant le death, le heavy et sans doute d’autres influences, Filii Nigrantium Infernalium est habile à délivrer des albums différents les uns des autres, marqués par une originalité qui a le don de t’emporter de suite ou de te faire fuir dans les mêmes délais. Une sorte de mix entre la violence pure d’un Archgoat qui aurait décidé de s’accoupler avec les ambiances et la technicité d’un Rotting Christ ou d’un Mystifier et la vélocité d’un… Iron Maiden. Un truc à part, je te l’ai dit.
Pérfida Contracção do Aço est donc comme ça. D’entrée, tu comprends. Le chant te saisit. Sorte de cri de douleur en altitude, il mixe sans souci l’agression propre au thrash et les percées chères au heavy. Tu intègres maintenant ? Beata Fornicanda t’emporte ainsi sans coup férir. C’est sec, ça claque comme un coup de trique et ça te gifle avant même que tu aies compris ce qui t’arrive, mais sans oublier, déjà, de mélanger à tout ça de la mélodie, des arabesques et du riff échevelé sorti des tréfonds de l’enfer. C’est brillant, en vrai. Holocausto molto vivace ma non troppo et Negros Hábitos enchainent sur un rythme élevé mais tout en lead, tout en harmonies sublimes, avec cette volonté de faire cohabiter au plus haut niveau l’agression pure avec la mélodie altière. Il faut une certaine attention pour tout saisir, tout intégrer mais l’effort est souvent récompensé.
Ce d’autant que, sur la majorité des titres, le riff heavy, le solo bien troussé débarquent sans prévenir pour ralentir ou au contraire accélérer la cadence, proposer une descente en abîme que tu sens presque physiquement (la décélération en pont central sur Holocausto molto vivace ma non troppo, percluse de solis heavy ; le riff et la basse hyper ronde qui soutiennent la structure sur Negros Hábitos, les solis épiques rappelant parfois Maiden, comme le départ de Má Criação ; le départ dingue de Cristo.Rei.Animal). Mais c’est aussi parfois l’inverse qui se produit, avec une structure qui s’alourdit considérablement, au point d’en appeler au death le plus brutal (Cristo.Rei.Animal et sa rythmique chaotique et violente ; Chuva Dourada), voire au doom trad’ (Pérfida Contracção do Aço ; Comes Carne ; Vaticanale) ou au punk le plus profond (Pérfida Contracção do Aço), dans le même morceau...
Les arrangements, enfin, sont aussi de toute beauté. Subtils, discrets, ils enjolivent souvent la structure (la fin de Cristo.Rei.Animal, mélange ultra ample de heavy/death majestueux ; le travail sur la basse sur le départ de Negros Hábitos ou encore sur Pérfida Contracção do Aço). De nouveau, c’est brillant tant on ne « sent » rien, tant tout parait naturel et cohérent. Pérfida Contracção do Aço, par exemple, est le type même de titre qui pourrait tout synthétiser : une rythmique longtemps punk, une cassure doom et un final complétement heavy, perclus de solis tranchants, qui pourraient aussi en appeler au thrash. Parfois, une musique de film s’invite dans le paysage (Comes Carne), juste assez pour introduire un morceau clairement doom qui dérive très, très vite vers des rivages thrash ultra brutaux et déglingués, où les solis fusent de toute part.
Filii Nigrantium Infernalium est un grand cirque. Une sorte de festival du Bizarre. Mais un cirque qui étale sa classe et son talent, sa grande maîtrise des mélanges et du chaos. Pérfida Contracção do Aço est, pour ma part, une sacrée surprise, une bouffée d’air frais dans une scène qui se duplique volontiers en black comme en death à l’infini… Profites-en pleinement !
17/20
| Raziel 8 Décembre 2024 - 546 lectures |
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