Franchement, je ne donnais pas cher de la peau d'Azarath. Le dernier album
In Extremis, bien que convenable en soi, avait marqué un retour en arrière dommageable pour les Polonais après le splendide
Blasphemers' Maledictions, son œuvre la plus ambitieuse et la plus aboutie. S'en est suivi le départ du frontman Necrosodom (Anima Damnata, Deus Mortem, ex-Thunderbolt) qui apportait beaucoup au groupe. Pour le remplacer, les Slaves ont choisi le leader d'Embrional, combo plein de talent mais qui souffle le chaud et le froid depuis ses débuts. Autant dire que j'avais quelques doutes concernant ce
Saint Desecration sorti fin 2020 chez Agonia Records. La pochette classe de Marta Promińska, femme du batteur Inferno, ornée du logo sobre utilisé sur
Blasphemers' Maledictions, permettait toutefois de retrouver une lueur d'espoir. En ces temps troublés, on se raccroche à la moindre bonne petite chose !
Et on a bien fait de continuer à espérer car
Saint Desecration, sans tout à fait renouer avec la maestria de
Blasphemers' Maledictions ou l'extrémisme de
Diabolic Impious Evil mais en n'en tombant pas loin pour autant, rattrape fort bien le coup. Azarath n'a pas changé son style facilement reconnaissable. L'efficacité millimétrée du death à la polonaise qui doit tout à Morbid Angel mêlée à la furie sud-américaine à la Krisiun, le tout auréolé d'influences black metal. Il a juste repris du poil de la bête en retrouvant davantage d'inspiration et un niveau de sauvagerie des plus satisfaisants. Et à ce petit jeu de qui a la plus grosse sulfateuse, Inferno remporte allègrement la palme. Le batteur, bien connu pour son rôle dans Behemoth (ainsi que chez Witchmaster, Terrestrial Hospice et ex-Damnation et Deus Mortem), délivre ici une prestation tout feu tout flamme. Blasts "mitraillette", blast-beats en courtes rafales, roulements éclairs entre deux salves de blasts, tchouka-tchouka thrashy, cymbales aguicheuses, le bonhomme balance la sauce à une cadence infernale impressionnante tout en se permettant de groover de façon diabolique ou en posant quelques accalmies, toujours malsaines. Car oui, si Azarath se meut la plupart du temps en bête haineuse déchaînée, il passe aussi parfois en mode furtif pour mieux fondre sur sa proie par la suite ("Let Them Burn..." à 2'04 avec la petite lead menaçante, début de "No Salvation", Life Is Death, Death Is Life" à 2'05, etc.). Sans doute la contribution du guitariste d'Embrional qui injecte un peu de ses dissonances evil et angoissantes comme sur "Sancta Dei Meretrix" à 2'34, "Fall of the Blessed" à 2'49, "No Salvation" à 2'10, au début de "Reigning over the Death", "Life Is Death, Death Is Life" peu avant la fin et très régulièrement sur "Beyond the Gates of Burning Ghats" en particulier à 1'00 que l'on pourrait qualifier de "orthodox". On pourra également croiser quelques arpèges sombres en début ("Death-at-Will") et fin ("Beyond the Gates of Burning Ghats") de tourmente. Pour le reste, ça bourre à mort et évidemment, les guitares par-dessus suivent le rythme. Nous bombardant d'une tornade d'excellents riffs sombres et bouillonnants (du tremolo la plupart du temps), de solos/leads chaotiques épileptiques dont certains se font toutefois plus mélodiques et lumineux ("Let The Burn..." à 0'53, "Fall of the Blessed" à 1'48, final de "Inflicting Blasphemy upon the Heavens" ...), d'harmoniques sifflées et aux autres joyeusetés typiques du blackened death blasphématoire de l'Est.
Et l'absence de Necrosodom, point que j'appréhendais le plus, s'avère finalement bien compensée par le travail du nouveau venu Skullripper. Si son growl assez particulier, evil et sadique, donne d'abord l'impression d'écouter une version plus extrême d'Embrional, on s'aperçoit qu'il fait des efforts pour s'adapter à Azarath. Il reprend même parfois les "euargh" typiques de Necrosodom que j'adorais. Une performance qui ne dénature pas l'esprit du groupe tout en apportant sa propre touche, voilà qui conforte le combo dans son choix. On appréciera aussi les dernières syllabes des vers bien accentuées et les vocaux parfois superposés, renforçant ainsi le côté habité et malfaisant de l'œuvre.
Si j'émettais des doutes après la semi-déception
In Extremis comparé au merveilleux
Blasphemers' Maledictions et le départ de Necrosodom, ceux-ci ont été balayés par l'ogive musicale que représente
Saint Desecration. On oubliera alors vite la légère contrariété précédente pour se délecter de ce mitraillage en règle qui, s'il ne propose rien de bien nouveau dans ce mélange de blackened death polack et de death metal sud-américain si cher à la formation, permet de la faire remonter dans la hiérarchie. Les riffs de Bart ont retrouvé de leur splendeur, Inferno remet à l'amende 95% des batteurs extrême et Skullripper, par son jeu de guitare dissonant et son chant fielleux, distille brillamment malveillance et perversité dans une œuvre radicale qui nous offre toutes les facettes qu'Azarath a su nous montrer tout au long de son endurante carrière. De la haine, de la violence, du blasphème, du sombre, du dissonant, de la mélodie, du groove et du blast, beaucoup de blast,
Saint Desecration s'impose ainsi comme une des réalisations les plus convaincantes du quatuor slave. C'est ce que l'on appelle un retour en grande forme ! Promis, je ne me mettrai plus l'Azarath au court-bouillon !
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