Ça fait un petit moment que Ritualization nous titille avec ses sorties, démos, EP ou split. Il était temps de passer aux choses sérieuses et de confirmer tout le potentiel de la formation orléanaise sur un album complet. C'est désormais chose faite avec ce
Sacraments To The Sons Of The Abyss fraîchement paru chez Iron Bonehead. Et rien qu'en voyant cette pochette splendide du sieur Moyen, on a envie de l'aimer ce premier full-length! Certes le logo guerrier jadis orné de cartouchières pétait davantage mais celui-ci, également dessiné par l'artiste culte bordelais, vaut aussi le détour et correspond d'ailleurs mieux à l'orientation plus strictement death et old-school du combo. Ce changement évite aussi à Ritualization qu'on les confonde avec tous ces groupes de "war metal" (terme à la con si vous voulez mon avis). Non, Ritualization c'est du death metal, certes aux accents black metal, mais du death metal quand même. Et pas le plus mauvais. N'ayons pas peur des mots, c'est même une impie tuerie que nous balance là le quintette, au-delà de mes espérances pourtant déjà élevées.
Car outre cette pochette qui se classe tout droit parmi mes œuvres préférées de Chris Moyen mais ne fait bien sûr pas la qualité de l'opus, les Français ont sorti l'artillerie lourde musicalement. Putain que ça poutre! Il ne fait pas semblant le Blastum, lui qui porte toujours aussi bien son nom. Ça blaste du feu de Satan et on se retrouve vraiment emporté par cette tornade opaque dévastatrice des plus jouissives. La production, claire et puissante sans être trop clinique et aseptisée, apporte l'aide au démarrage indispensable pour s'en prendre plein la tronche pendant près de trois quarts d'heure de plaisir en souffrance. C'est qu'en plus, Ritualization n'a pas non plus fait dans la demi-mesure rayon riffs, Infamist et le nouveau venu Da'ath enchaînant les coups de boutoir aussi précis que fatals. On n'est pas loin du riffing ultra affûté de Centurian ou Nox pendant les séquences les plus rapides, voire d'un Angelcorpse pour le rendu infernal, radical et blackisant, quoique le côté black plus prononcé des débuts, un peu à la Archgoat, ne se fait plus trop sentir au profit d'un death metal burné des Grands Anciens que n'auraient pas renié les vétérans de Sadistic Intent (l'intro de "Beneath The Sepulchre", flagrant!). Quand on vous dit qu'il y a du niveau sur ce
Sacraments To The Sons Of The Abyss! Les raisons de se réjouir sont multiples. Les descentes de toms au début de "Last Rites To The Damned" avant d'envoyer un gros riff blasté bien agressif (rebelote vers 1'45 en plus blackened), "The Graveyard Coven" et "Revealed In Terror" qui prennent direct par les couilles, "Beneath The Sepulchre" après deux minutes et des blasts en salves sur un riff mortel, la grosse accélération de "Morbid Magick Stigmata" à 2'16 qui va faire perdre des dents à plus d'un dans le pit , "Heretics" à 3'50 (éjaculation spontanée!), la liste des passages jubilatoires est longue et non exhaustive.
Ce n'est même pas qu'une question de tremolos dark sur des blasts assassins, ce qui suffit en général à mon bonheur, car la formation cartonne dans tous les domaines (même si ce sont bien les séquences les plus véloces qui me rendent le plus dingue). Ça ne fait pas que blaster d'ailleurs au cas où mon amour pour les blast-beats de Blastum aurait pris un peu trop de place en ce début de chronique (on lui pardonnera quelques "semi-blasts" moins clinquants). Déjà, le batteur propose un jeu de blasts assez varié et adapte leur vitesse au besoin des morceaux sans forcément y aller à fond à chaque fois, ce qui rend les grosses accélérations d'autant plus percutantes. Et puis surtout, il balance aussi souvent du tchouka-tchouka thrashy pour lequel j'ai une affection particulière. Que du bon je vous dis! On a même le droit à un peu de repos mid-tempo, de groove (la double pédale parfois "sautillante") ou du plus "ambiancé" sur "Genesis To Your Curse" à 1'19 sur de la double un peu saccadée ainsi qu'en clôture à l'atmosphère occulte, le début type montée en puissance de "Herald Of Betrayal" tout comme sa fin qui lève un peu le pied, l'outro suintante et oppressante de "The Graveyard Coven", "Morbid Magick Stigmata" à 3'08 pesant et sombre et vers 5'00 assez groovy, ou encore le dernier morceau "Heretics", en ouverture plombée et menaçante et sur le pont du milieu, sans parler des intro et outro samplées horrifiques "Conjuration Of The Holy Depths" et "Ashes Pouring From The Chalice" qui contribuent aussi à faire de
Sacraments To The Sons Of The Abyss une perle de noirceur immersive. Et comme si ça ne suffisait pas, les mecs ne sont pas non plus des manches quand il s'agit de mélodie (évidemment, des bons riffs, même les plus evil, c'est d'abord une question de mélodie!). Les guitaristes parsèment ainsi leurs compositions de quelques solos et leads plutôt bien branlés ("Last Rites To The Damned" à 3'33 sur du blast, "Herald Of Betrayal" vers 4'10 assez chaotique sur du tchouka-tchouka, "Beneath The Sepulchre" à partir de 2'27 qui démarre en petite ligne mélodique sombre sur un ralentissement pour finir en vrai bon solo bien coolos, "Morbid Magick Stigmata" le plus riche en la matière, plus ou moins chaotique, "Heretics" pendant la pause à mi-parcours, etc.) ou au sein même des morceaux comme cette décélération mélodique sur "Genesis To Your Curse entre 2'20 et 3'00. Clairement, les musiciens ont élevé leur niveau de jeu. Manu "Warchangel" n'est pas non plus en reste et délivre une performance remarquable, sa meilleure depuis la création du groupe, comme le reste de la bande. Le frontman d'origine malgache a ainsi fait quelque peu évoluer son chant, toujours aussi terrifiant mais désormais un peu plus arraché, habité, possédé plutôt que réellement puissant, quoique le bonhomme ne manque pas non plus de coffre.
Plus variée, plus aboutie, mais toujours aussi sombre et vénère, la musique de Ritualization prend une nouvelle dimension sur ce fantastique
Sacraments To The Sons Of The Abyss qui n'en finit pas de me mettre sur le cul. De ces riffs noirs et haineux inspirés au chant caverneux et abyssal qui hante les morceaux, en passant par cette avalanche de blasts jouissive ou de tchouka-tchouka belliqueux, ce premier full-length des Français fait foutrement mal. Le groupe a su peaufiner son art noir petit à petit, en prenant son temps. Le quintette a même repris "Revealed In Terror" de la démo
The Abduction Mass ainsi que les deux titres de l'EP
Beyond The Shrine Of Shattered Bones ("Herald Of Betrayal" et "the Graveyard Coven") dans son souci de perfectionnisme. Voilà un exemple à suivre pour les nouvelles formations qui veulent souvent tout tout de suite. Le travail paye toujours, surtout quand on a le talent.
Sacraments To The Sons Of The Abyss se place ainsi parmi les sorties majeures de ce début d'année 2017 déjà très fournie en matière de DM de haut vol (Sinister, Beheaded, Maze Of Sothoth, Epoch, Gorephilia...). Adorateurs de Centurian, Nox, Angelcorpse et Sadistic Intent, vous avez là de quoi étancher votre soif de blackened death metal qui tartine autant qu'il suinte le bouc. Magistral!
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