Ah, je vais assurément mettre cet EP dans mon top 2024. Mais… je ne peux le sélectionner comme il n’a pas été chroniqué (c’est vrai que les amateurs de Deathcore ne courent pas les couloirs de la rédaction de Thrashocore). Il va donc falloir que je rédige quelques lignes ;-). Je mentionne 2024 mais la grosse claque remonte en fait à l’année précédente, grâce à la sortie du single « I, The Devourer » durant l’été 2023. Pour tout vous dire, je lavais tranquillement la vaisselle lorsque YouTube m’a amené sur ce morceau et là…
C’est principalement le monstrueux
breakdown qui s’impose après le solo de guitare (3’26) et surtout son final ultra flippant (à partir de 4’22), digne d’une bande-son horrifique qui m’avait coupé le souffle, fait lâcher l’éponge et tomber la mâchoire sur le carrelage ; mais commençons par le début. Un violon baroque (pas courant dans ce style) entrainant installe tout d’abord cette composition, avant que l’aspect orchestral ne se voit embellir par d’autres ornementations, rejointes par la six cordes pour accueillir le déferlement de décibels et le tabassage en règle de toute formation de ce courant qui se respecte. Le violon (ainsi qu’un piano) revient nous accompagner tout au long des nombreuses variations, sur fond de section rythmique particulièrement travaillée. Puis intervient la partie soliste et vous connaissez la suite, qui aurait été suffisante à elle seule pour m’en souvenir au moment des bilans de décembre. Franchement, à part le
breakdown dans « Sun//Eater » (de l’album « Pain Remains » de
LORNA SHORE) et l’ambiance
down tempo oppressante à souhait d’un
BLACK TONGUE (écoutez « Coma ») dont les limites sont ici dépassées, je n’avais jamais ressenti un tel truc !
Je me renseigne donc, animé de l’envie d’en découvrir davantage, et j’apprends qu’il s’agit d’un extrait de l’EP 4 titres « The Poetic Edda » (comme quoi Snorri Sturluson n’a pas influencé que le Viking Black Metal), présenté comme le fruit d’une collaboration entre
DISEMBODIED TYRANT (États-Unis) et
SYNESTIA (Finlande & États-Unis), deux projets de Deathcore symphonique. Je vois tout ça sur Bandcamp mais pas moyen de trouver les 3 autres chansons à l’écoute ; je rage après pas mal de recherches.
Il nous a fallu en fait patienter jusqu’à la dernière période de 2023 pour avoir le droit au 2ème single avec la piste éponyme. Après le bouton cliqué sur lecture, il faut ce coup-ci laisser passer une bonne minute dans un genre Blackened Deathcore pour retrouver le violon, qui ne peut cette fois m’empêcher de penser à Vivaldi (1’34) ! Les contrastes et la polyphonie continuent avant que ce ne soit au tour du piano (3’00) puis de la démonstration de guitare (3’43), suivie comme sur « I, The Devourer » du
break introduit par ce même clavier sinistre (4’00). De puissants chœurs font place à un
finish à nouveau malsain, peut-être pas d’une intensité similaire à celui du premier
single, quoique (disons que c’était moins inattendu). À noter la participation de Ben Duerr de
SHADOW OF INTENT qui vient ici prêter sa voix.
Tout cela nous amène au mois de mai de cette année, date de sortie de l’EP et donc de la « libération » du reste de la galette, à savoir les titres « Death Empress » (le plus court : 3’48 quand les suivants durent 5-6 minutes) et « Winter ». La recette identique éprouvée précédemment avec succès est appliquée, c’est-à-dire une brève intro au clavier/symphonique qui précède deux sections séparées par une cassure avant le
breakdown de fin aux multiples climax, un peu comme dans un film de Cameron. Je me dois de préciser que « Winter » se trouve être une relecture personnelle du premier mouvement rapide de « L’Hiver » des « 4 Saisons ». On y retrouve néanmoins le vent mordant, les frissons et la virtuosité de l’originale, en dépit de parties gonflées aux amphétamines, et bien sûr le motif bien connu de Vivaldi.
Pour une musique si ambitieuse, il faut assurer au niveau de la production et on ne peut que féliciter Blake Mullens (de
DISEMBODIED TYRANT), en constatant l’excellent boulot qu’il a réalisé, sans l’aide d’aucun label (à l’image d’un
ANGELMAKER qui malgré sa notoriété, sort tous ses enregistrements en autoproduction). Quant à la pochette classieuse en noir et blanc figurant la faucheuse montée, on la doit à un certain artiste indonésien nommé Thahir M. (Muhammad) qui a déjà œuvré pour quelques formations métalliques, notamment américaines (
NAK'AY,
THE WRIT et
YOTUMA).
Ceux qui s’intéressent à ce registre musical ont forcément entendu parler de ce format court car il a beaucoup fait parler de lui sur les réseaux sociaux (je ne serais pas surpris de le retrouver dans de nombreux « tops » de sites spécialisés). Il faut dire que cela demande de la bravoure d’oser intégrer de la musique d’époque XVIIIème siècle au son aussi moderne et décrié que celui du Deathcore. On va dire que cela leur a permis d’inventer le «
concerto-core » ;-). Enfin, une recommandation en guise de conclusion : si – comme moi – vous écoutez ça dans votre cuisine, assurez-vous que la hotte tourne à plein régime car les déflagrations que vous allez vous prendre nécessitent une sacrée ventilation, équipée des filtres propres s’il vous plaît !
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