Dans sa chronique récente de Pombagira, l'ami Ikea notait les bonnes sorties anglaises ces derniers mois, tout en citant quelques noms prestigieux. On ne lui en voudra pas mais il en a oublié un, et pas des moindres. Vous vous rappelez de Spearhead, ce groupe qui avait surpris tout le monde en 2007 avec le très bon
Decrowning the Irenarch après un
Deathless Steel Command anecdotique? Eh bien Spearhead est de retour, non plus chez les Irlandais d'Invictus Productions mais chez les Polonais d'Agonia Records, avec une nouvelle ogive du nom de
Theomachia. Un seul conseil: courrez vous réfugier dans le bunker le plus proche parce que la déflagration va aplanir le terrain à des kilomètres à la ronde.
En quatre ans, du sang a coulé dans les tranchées des champs de bataille et Spearhead ne propose pas tout à fait le même visage que sur son précédent opus. Si le superbe artwork d'inspiration gréco-romaine et les thématiques philosophico-guerrières vont dans le même sens élitiste et belliqueux que
Decrowning The Irenarch, la donne a quelque peu changé au niveau du line-up et de la musique. Anaximenes a ainsi pris la place de Nephilim à la guitare lead et le batteur Vortigern s'est mis en retrait, se contentant de quelques percussions et parties de guitare additionnelles. Derrière les fûts, c'est donc un musicien de session qu'on retrouve mais pas le premier venu puisqu'il s'agit de Torturer, bien connu pour ses exactions chez Belphegor. Invictus reste lui le compositeur principal et Barghest le chanteur parolier.
Mais évidemment, l'évolution musicale nous intéresse davantage.
Decrowning The Irenarch était un très bon album de metal extrême qui mélangeait avec classe et assurance death, thrash et black metal, sorte d'Angelcorpse en plus sophistiqué. J'avais trouvé malgré tout qu'il manquait d'agressivité et qu'il se faisait un peu gentillet, trop propre sur lui. Ce que j'avais avoué à Vortigern dans l'interview qu'il nous avait accordée. Mes paroles auraient-elles fait effet? Probablement pas mais en tout cas, plus question de ça sur
Theomachia. Spearhead a en effet fortement radicalisé son propos et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre! Alors non seulement la production se fait puissante et agressive mais Torturer, fidèle à sa réputation de gros bourrin, enchaîne les blasts à tour de bras. Le son de batterie est nickel en plus, pas trop synthétique, on peut donc accueillir à oreilles ouvertes cette brutalité décuplée à fort taux de jouissance. Surtout qu'elle s'accompagne de riffs death metal bien plus evil que par le passé. Le quatuor faisait déjà montre d'un talent certain dans ce domaine sur son œuvre précédente mais il a encore réussit à élever son niveau de jeu ici, offrant non seulement des riffs sombres et brutaux mais aussi mémorisables car légèrement mélodiques (l'intro instrumentale "Eschatos", "The Lie Of Progression" à 0'27 sur une séquence de gros blasts jouissifs, "Kshatriya" à 1'26, "Perdition Tide" à 0'34, "Polemos Pater Panton" à 2'30, ou encore les ouvertures parfaites de "Herald The Lightning", "Prey To The Conqueror" et "To Slake The Thirst Of Ages"). Il n'y pas à chier,
Theomachia niveau riffs, c'est la foire à la saucisse! Et il n'y a pas que du riffing DM puisqu'on retrouve parfois des influences black metal (les débuts de "The Lie Of Progression", "Polemos Pater Panton" et "Autocrator", "Prey To The Conqueror" à 0'54, etc.), ainsi que quelques touches thrash. Un mélange de styles extrêmes (plus les thématiques bellicistes) qui pourrait rapprocher les Anglais du war metal mais je m'y refuserais, trouvant le groupe trop mélodique, carré et évolué pour le ranger dans ce genre bâtard inventé de toute pièce. Dîtes-vous toutefois que si vous aimez Angelcorpse, il n'y a aucune raison pour que vous ne vous mettiez pas à genoux devant Spearhead. Barghest et son chant génial, écorché, virulent et haineux, joue dans la même cour que Helmkamp en plus.
Spearhead ne fait donc plus de quartier désormais. Mais dans la continuité de ses riffs toujours plus ou moins mélodiques, les Britanniques savent jouer et le prouvent également par de jolis solos sur tous les titres. Bonne recrue que ce Anaximenes même si ses leads ne sont pas toutes aussi excellentes que sur "Autocrator", meilleure composition dans ce domaine. À noter aussi que le combo ne passe pas non plus son temps à mitrailler aveuglément. Il faut bien recharger les munitions de temps en temps et pour cela, les mid-tempos se révèlent fort utiles comme sur "Polemos Pater Panton" (ça headbangue à 0'51), "Autocrator" (2'13 avec le très bon solo) ou "To Slake The Thirst Of Ages" (2'05 sur les vocaux samplés). Parce que oui, la formation ne se contente pas d'une ambiance agressive et evil. Pour aller de paire avec ses thèmes (à lire d'ailleurs le beau livret développant la doctrine de l'ascension et du déclin du sous-titre avec des références aux anciennes cultures indo-européennes notamment), le groupe incorpore quelques samples (souvent accompagnés de discours) de type guerrier/historique qui rendent les morceaux encore plus convaincants comme sur "Eschatos", "Polemos Pater Panton" (à 3'47 on se croirait vraiment dans une arène avec les scandements de la foule), la fin de "Prey To The Conqueror" et donc "To Slake The Thirst Of Ages". L'interlude orchestral "Praesagium" est même entièrement samplée. Cerise sur le gâteau,
Theomachia se termine sur l'intrumental "Aftermath" aussi surprenant que fantastique d'où, après un nouveau sample de chant féminin léger et énigmatique, surgit quelques notes dissonantes presque apaisantes sur lesquelles contraste une batterie intentionnellement sous-mixée qui accélère petit à petit en blast-beat. Le tout s'assombrira vers 2'26 pour un final entêtant. Une vraie réussite!
Comme tout l'album de toute façon. Bien plus brutal et sombre que le déjà très sympathique
Decrowning the Irenarch avec des blasts et des riffs evil dans tous les coins,
Theomachia renvoie la concurrence au vestiaire grâce à des compositions courtes et efficaces d'où ressort une haine palpable à laquelle le chant arraché extrêmement virulent de Barghest n'est pas étranger. Aucun temps mort, Spearhead ne faiblit pas et se paye même le luxe de finir en trombe sur une deuxième partie d'album quasi parfaite. Indispensable pour tous les fans d'Angelcorpse et autres combos radicaux sans compromis,
Theomachia se place avec force et classe dans le top 5 des albums de death metal les plus marquants de l'année. Spearhead, c'est la guerre!
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