Azarath. Pas le groupe de Pologne le plus populaire mais pourtant un des plus talentueux. Sorte de croisement entre le death metal typiquement polonais et le sud-américain sur sa première partie de carrière avec l'apogée
Diabolic Impious Evil, la bande à Inferno, plus connu pour son activité chez la grosse cylindrée Behemoth, va prendre une direction mélodique plus black metal sur son méfait précédent,
Blasphemers' Maledictions, qui sera son opus le plus abouti. Sans doute l'arrivée de Necrosodom (Thunderbolt, Anima Damnata, Deus Mortem) au chant et à la guitare a-t-elle fait évoluer la bête, qui gardait toutefois un visage brutal et evil. C'était en 2011. Six ans après, Azarath revient enfin sur le devant de la scène grâce à ce nouvel album sorti le mois dernier sur Agonia Records,
In Extremis, que j'avais particulièrement hâte de décortiquer tant
Blasphemers' Maledictions m'avait conquis.
Première bonne chose, Azarath a retrouvé son ancien logo. La sympathique pochette revient elle aussi à quelque chose de moins moderne, plus classique, mais tout en restant colorée et loin des artworks noir et blanc minimaliste des premiers opus. Il s'agit en fait d'indices sur le contenu musical de ce
In Extremis qui fait quasiment un virage à 180° par rapport à
Blasphemers' Maledictions. Autant dire que je ne m'attendais pas vraiment à ça, pensant que les Slaves allaient continuer sur la voie de ce dernier qui avait fait l'unanimité. Disons le clairement,
In Extremis m'a déçu. L'influence black metal se fait ici beaucoup moins sentir au profit d'un retour au death metal virulent et épuré d'antan. Le travail sur les mélodies et les ambiances, un des points fort du disque précédent, se fait aussi moindre sur ce petit nouveau qui marque donc une certaine forme de régression musicale. Dans cette logique,
In Extremis se fait plus brutal et direct que son grand frère, quoique celui-ci ne donnait pas non plus dans la musique de chorale. On retrouve ainsi le jeu typique d'Inferno sur les anciennes réalisations. Des blast-beats en rafales courtes et foudroyantes entrecoupés de descentes de toms tout aussi fulgurantes, des blasts mitraillette à la sud-américaine et du semi-blast. Un peu de tchouka-tchouka thrashy aussi mais beaucoup moins. Bref, ça bourre souvent, à l'image du très Morbid Angel "Venomous Tears (Mourn Of The Unholy Mother)" qui n'en finit pas de blaster sur presque trois minutes. Ce qui me va très bien dans l'absolu aussi seulement le Polonais, seul membre originel de la formation, a tendance à me gaver sur cet opus. J'aurais préféré des blasts tenus plus souvent comme c'est trop peu le cas (fin de "Annihilation (Smite All The Illusions)", milieu de "The Slain God") même si ces salves brèves donnent un effet plus agressif mais moins puissant car la production se montre étonnamment petit-bras.
Un retour en arrière, pourquoi pas après tout. Ça ne me dérange pas si c'est bien fait. C'est bien là le problème.
In Extremis est loin d'être nul mais l'inspiration ne se retrouve pas toujours au top, que ce soit sur les riffs ou les solos, plutôt chaotiques. Symbole de cette banalisation, le dernier morceau "Death" qui clôt l'album de façon assez anecdotique alors qu'il est plutôt de bon ton de finir sur quelque chose de marquant. Et soyons exact. Ce nouvel opus a en fait le cul entre deux chaises. Il ne marque pas tout à fait un revirement total par rapport à
Blasphemers' Maledictions puisque l'on sent encore les influences de l'œuvre sur celle-ci lors de certains passages comme les dissonances de "The Triumph Of Ascending Majesty" ou les breaks à 3'24 de "At The Gates Of Understanding" et de "Parasu Blade" vers 2'25, ainsi que sur certains tremolos aux mélodies plus prononcées ("Let My Blood Become His Flesh", "The Slain God", "At The Gates Of Understanding" et sa belle lead à 1'10, une des rares, "Parasu Blade", "Death"). Oui, il y en a quand même encore un peu de mélodie et plus que sur les albums les plus radicaux de la formation. Le morceau "The Slain God", le meilleur, aurait lui-même pu figurer sur
Blasphemers' Maledictions car c'est lui qui s'en rapproche le plus dans l'esprit, notamment par sa percée plus lumineuse vers la première minute ou sa fin avec ces spoken words de plus en plus hurlés qui prennent aux tripes. Ce qui amène au chant typé et excellent de Necrosodom, plus blackened que celui de l'ex-frontman Bruno. Souvent en différentes intonations/couches superposées à la Behemoth pour un effet plus puissant et imposant. Pas comme s'il avait besoin de ça, remarquez. Vous n'avez qu'à écouter "Let My Blood Become His Flesh" quand il hurle "Genocide" à partir de 0'21 (frissons garantis!). J'aime aussi particulièrement ces cris bestiaux arrachés jouissifs comme sur le rageur "Sign Of Apophis" ou "Into The Nameless Night".
In Extremis a donc ses qualités, je ne dis pas le contraire. Je n'aurais pas mis 7/10 d'ailleurs, qui reste une bonne note. Des morceaux comme "Let My Blood Become His Flesh", "The Slain God", "At The Gates Of Understanding", "Sign Of Apophis", "Into The Nameless Night" et "Venomous Tears (Mourn Of The Unholy Mother)", soit la majorité, s'avèrent tout à fait convenables.
In Extremis est un album féroce aux morceaux courts et directs qui tape là où ça fait mal, ne laissant que peu de place aux compromis. Mais est-ce qu'on attendait ça de Azarath? Forcément un peu puisque cela fait partie de la culture du groupe. Mais personnellement, j'attendais surtout qu'il poursuive dans la direction de l'excellent
Blasphemers' Maledictions, plus black metal et mélodique tout en restant suffisamment extrême (on est polonais ou on ne l'est pas!). Ici, le quatuor opère un retour aux sources moins risqué et ambitieux, préférant revenir à un son plus classique tout en gardant des traces de l'évolution du prédécesseur. Pas assez à mon goût.
In Extremis aurait en fait dû sortir après
Praise The Beast, se positionnant comme le chaînon manquant entre l'époque radicale et un
Blasphemers' Maledictions plus lumineux et raffiné. Un anachronisme que j'ai du mal à accepter et qui me laisse un goût de déception dont je n'arrive pas à me débarrasser. D'autant que même en faisant abstraction de ce demi-tour, la qualité se révèle tout simplement moins élevée. Et je viens en plus d'apprendre le départ de Necrosodom qui faisait un boulot formidable au sein du groupe. Coup dur pour le compositeur Bart et le reste de la troupe. Le choix de son remplaçant se porte toutefois sur Skullripper d'Embrional, le petit groupe polonais qui monte. Plutôt un bon choix. À voir sur une prochaine sortie qui j'espère sera plus que simplement convenable de la part d'un groupe pour lequel j'ai la plus haute estime.
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