Fleurons de l’underground Death Metal français, Cadaveric Fumes et Skelethal sont aujourd’hui réunis le temps d’un split paru sur le label américain Hells Headbangers Records. Une union impie scellée autour d’un 7'' intitulé
Heirs Of Hideous Secrecies proposant deux morceaux inédits par groupe et par face pour une durée totale n’excédant pas les quinze minutes. Encore une fois, l’investissement peu sembler déraisonnable pour quiconque n’est pas friand de ce genre de format mais je vous assure que la qualité est au rendez-vous. Et puis, qui n’aimerait pas avoir sur ses étagères cette illustration tentaculaire et particulièrement morbide de Jon Whiplash (Skelethal) ?
Honneurs aux Bretons de Cadaveric Fumes que l’ont avait plus entendu depuis la sortie de
Dimensions Obscure il y a deux ans. Certes, le groupe a publié l’année dernière une démo trois titres sobrement intitulée
Demo 2017 mais celle-ci m’est complètement passée sous le nez car uniquement disponible lors de leurs concerts... En guise de consolation, on retrouve tout de même ici l’un des trois morceaux de cette démo avec le titre "The Spectral Parade" qui ouvre d’ailleurs les hostilités. Enregistrés en décembre 2017, ces deux morceaux bénéficient d’une production au caractère bien trempé avec une batterie sans aucun artifice, très naturelle dans son rendu (notamment la caisse claire) et des guitares particulièrement rugueuses. Un son évidemment emprunté à la vieille garde des années 80 mais qui colle parfaitement à l’univers imaginée par Cadaveric Fumes qui depuis toujours cultive une certaine personnalité. Certes, on n’est pas sans penser parfois à des groupes tels que Repulsion (cette attaque menée de front à partir de 0:38 sur l’excellent "Necromancy Sublime"), Autopsy, Sepulcher ou Obliteration pour ce côté volontairement foutraque et cette ambivalence entre séquences hallucinées ("The Spectral Parade" à 1:24 avec cette guitare doublée et ces riffs horrifico-psychédéliques, "Necromancy Sublime", sa partie centrale ainsi que sa conclusion) et passages un chouia plus classiques, mais les Rennais ont toujours réussi à se démarquer du lot. Il suffit d’écouter attentivement un titre à géométrie variable tel que "Necromancy Sublime" pour comprendre que le groupe possède quelque chose en plus : une capacité à imaginer des morceaux retords, sortant quelque peu des sentiers battus et cela en dépit d’un attachement certain à des valeurs esthétiques d’un autre temps. On appréciera également pour accompagner le chant âpre et arraché de Romain Gibet et ainsi renforcer l’atmosphère déjà foutrement morbide de l’ensemble ces quelques growls beaucoup plus profonds que l’on avait jusque-là pas spécialement l’habitude d’entendre chez Cadaveric Fumes. Des incartades qui restent discrètes (pas plus de quelques secondes ici et là) mais qui sont assurément bienvenues.
Plus classique dans la forme, Skelethal revient faire parler de lui après un premier album sorti l’année dernière qui avait su mettre tout le monde d’accord (et même le
chanteur d’Exumer). Enregistré en tout début d’année par le groupe lui-même, ces deux nouveaux morceaux semblent tout droit sorti des sessions d’enregistrements de
Of The Depths.... Les amateurs de la formation lilloise ne seront donc pas surpris par ces deux titres qui empruntent toujours autant à la scène suédoise de la fin des années 80. Le leitmotiv de Skelethal ? L’efficacité pardi ! A ce titre, "Emerging From The Ethereal Threshold" et "Torrents Of Putrefying Viscosity" n’ont absolument rien à envier aux morceaux parus sur le premier album du groupe. On retrouve dans le son ce grain typique des productions de Tomas Skogsberg (Carnage, Dismember, Entombed...) associé à un grand sens de l’efficacité. Tchouka-tchouka à perdre haleine, riffs qui tronçonnent à qui mieux-mieux (j’ai toujours eu envie d’utiliser cette expression), leads et solos particulièrement sinistres, breaks toujours aussi bien sentis, atmosphère de cimetière par une nuit brumeuse, growl arraché avec ce soupçon de réverb indispensable... Bref, tout ce qui fait le charme de cette scène suédoise de la fin des années 80, ni plus ni moins.
Deux groupes, deux faces, quatre titres, quinze minutes. Emballé c’est pesé. Si Skelethal ne déçoit pas avec cette formule que l’on connait sur le bout des doigts, on retiendra également la performance, plus subtile, des Rennais de Cadaveric Fumes dont on attend désormais avec impatience le premier album. Voilà en tout cas de quoi régaler tous les amateurs de Death Metal à l’ancienne qui trouveront chez ces deux formations de talent de quoi satisfaire à leurs besoins de vieilleries. Une preuve supplémentaire qu’en matière de Death Metal underground, la scène française se porte comme un charme.
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