Si la sortie d’un nouvel EP de Skelethal ne peut que susciter enthousiasme et excitation, la vraie bonne nouvelle ici est surtout la résurrection d’un incontournable label français qui en son temps et à son modeste niveau a contribué au rayonnement du Death Metal en France, en Europe et peut-être même un peu partout dans le monde. Ce label c’est Thrash Records, une petite structure fondée au Havre en 1987 par Valérie Roger et Patrick Blondeau et qui durant quelques années va se charger avec la passion et les moyens du bord de répandre la bonne parole (Vital Remains, Carbonized, Sentenced, Revenant, Convulse, Fatal, Sorcery...) à une jeunesse en quête de sensations fortes et de musiques extrêmes.
Trente-deux ans après avoir mis la clef sous la porte (enfin trente-et-un puisque le label a sorti l’année dernière une indispensable mais d’ores et déjà épuisée compilation regroupant l’intégralité des EPs parus sous son égide (promis, on y reviendra)), Thrash Records a décidé à la surprise générale de reprendre du service. Afin de marquer le coup, Valérie s’est associée aux Lillois de Skelethal pour la sortie en octobre dernier de
Transmogrification, un modeste EP trois titres bouclé en tout juste dix minutes mais à l’illustration tellement cool qu’il en est vite devenu indispensable. Une oeuvre signée de l’Islandais Þorvaldur Guðni Sævarsson aka Skaðvaldur et que groupe et label ont eu la bonne idée de proposer dans trois couleurs différentes (noir, rouge et violet).
Alors je vous vois venir avec vos gros sabots pour me souffler dans les bronches que tout cela c’est bien joli mais que trois titres c’est quand même trop court. Néanmoins, dois-je vous rappeler que
Within Corrosive Continuums, dernier album en date de Skelethal, n’a soufflé sa première bougie qu’en juillet dernier ? On se réjouira donc de retrouver aussi promptement nos quatre garçons qui visiblement avaient encore des choses à nous dire.
Enregistrés par Raphael Henry au Heldscalla Studio puis mixés et masterisés par Ben Jones (batteur des excellents Pest Control), ces trois titres ont pour eux une production moderne et parfaitement balancée qui leur sied plutôt bien. Il faut dire que pour ce retour relativement inattendu, Skelethal a choisi de ne pas y aller par quatre chemins, imposant d’entrée de jeu et cela pendant les dix minutes de ce EP un rythme relativement soutenu que ce soit à coups de blasts punitifs ("Expelled" à 0:09, 0:48 et 2:51, "Metamorphic Wanderer" à 0:25, 0:54 et 1:41, "Abhorrent Sculptures" à 1:26), d’accélérations thrashisantes et autres galopades effrénées toujours aussi redoutables d’efficacité (« Expelled » à 0:21 et 0:57, "Metamorphic Wanderer" à 0:03, 0:40 et 1:57, "Abhorrent Sculptures" à 0:34 et 1:46) et de riffs sinistres particulièrement nerveux et incisifs. Un barouf de tous les diables en partie imputable au « nouveau » batteur de Skelethal puisqu’après le départ de Lorenzo Vissol en 2022 et la pige d’Ilmar Marti Uibo (ex-Necrowretch, ex-Bloody Sign, ex-Chaos Echoes...) sur le dernier album des Lillois, on retrouve désormais derrière les fûts Pierre Vercoutter d’Hexecutor qui pour son premier enregistrement avec le groupe en a profité pour faire la démonstration de toute la variété et de toute l’amplitude de son jeu.
Car oui, Skelethal a beau bander très fort ses muscles, le groupe n’est pas sans relâcher de temps à autre la pression. Des baisses de régime consenties systématiquement sur chaque titre ("Expelled" à 1:30, "Metamorphic Wanderer" à 1:11, les toutes premières mesures d'"Abhorrent Sculptures" ainsi qu’à compter de 1:58 et 4:03) afin d’apporter de la nuance et du relief mais aussi parfois une pointe de groove qu’on ne manquera pas d’accueillir en se déhanchant évidemment comme il se doit. Des instants sur la retenue qui sont également l’occasion de délivrer quelques solos mélodiques des plus sympathiques afin d’étoffer encore un petit peu plus le propos et les ambiances sinistres dans lesquelles trempe ce nouveau EP.
Sans grande surprise, Sketetal maintient avec
Transmogrification le standing auquel le groupe nous a habitués jusque-là. Naturellement certains choisiront de faire l’impasse sur cette pourtant très bonne sortie car trois titres ce n’est pas assez et que ça coûte beaucoup trop cher pour ce que c’est mais comme souvent ces mécréants auront tort. Car
Transmogrification, s’il ne réinvente rien avec ses trois titres vigoureux et bas du front n’en reste pas moins exempt de tout défaut. De la résurrection de Thrash Records à l’illustration impeccable de Skaðvaldur en passant par l’efficacité implacable des trois compositions qui font ce EP, rien n’est à jeter, tout est à kiffer. Alors ne faites pas les rabats-joie et aller plutôt m’écouter tout ça, promis ça ne vous prendra pas longtemps.
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