Skelethal - Deathmanicvs Revelation
Chronique
Skelethal Deathmanicvs Revelation (EP)
Il est quand même étonnant de voir les groupes français de Death Metal underground si mal représentés (Ritualization, Cadaveric Fumes, Necrowretch il y a encore quelques mois...). Dans le cas de Skelethal, il a fallu la sortie de ce premier EP sur le label allemand Iron Bonehead pour que j'entende enfin parler de ce jeune duo originaire de Lille.
Formé en 2012 sous la forme d'un duo, Jon Whiplash et Gui Haunting se sont très vite attelés à l'enregistrement de leur première démo quatre titres. Intitulée Morbid Ovation, celle-ci sortira quelques mois plus tard seulement avant d'être intégralement reprise cette année dans le cadre d'un split au format cassette en compagnie d'Inisans. Deux ans qui ont permis à Skelethal de travailler à l'élaboration de nouveaux morceaux et chercher un label capable de promouvoir comme il se doit Deathmanicvs Revelation, premier EP plutôt prometteur.
Entendons nous bien, il s'agit là de Death Metal old school à la sauce suédoise. Soit une musique largement inspirée par des groupes comme Nihilist, Entombed (au moins les deux premiers albums), Carnage ou encore Dismember. Des références vues, revues et rerevues qui ne placent pas Skelethal dans la liste des groupes les plus novateurs.
Mais peu importe car sa force, le duo la tire de cette faculté à digérer les codes du Swedish Death Metal en les recrachant aux travers de compositions redoutables qu'il semble bien difficile à prendre en défaut. Une efficacité au service de tout le reste qui fait de Skelethal un groupe imparable pour l'amateur de Death Metal old school digne de ce nom.
Aucune surprise mais un cahier des charges scrupuleusement respecté à commencer par les riffs de Gui Haunting qui, s'ils n'ont rien de bien compliqués (2/3 accords tout au plus) sauront aisément réveiller l'animal primitif qui sommeil en chacun de nous. Un appel au headbanging et au poing lever qui se traduit évidemment par son lot d'atmosphères morbides et pestilentielles ainsi révélées par quelques leads ou solos bien inspirés ("Macabre Oblivion" à 1:09, 2:12 et 2:57, "Putrefaction" à 2:45, "Deathmanicvs Revelation" à 2:12, "Death Returns" à 3:10...). En la matière, Skelethal connaît son sujet et n'a pas à rougir face à une concurrence pourtant sévère que l'on voit déferler depuis déjà plusieurs années maintenant.
Il faut dire aussi que Skelethal ne risque pas de faire bailler tant le rythme de ce Deathmanicvs Revelation se veut particulièrement soutenu. Portant décidément très bien son nom, Jon Whiplash ne cesse ainsi de matraquer sa batterie sur la base de tchouka tchouka effrénés et intenses et de séquences d-beat assassines.
Le chant est tout aussi convaincant entre cris primaires à la sauce 80's et growl plus profond. Un bon compromis proposé par un Gui Haunting volontaire qui n'a pas peur de suivre la section rythmique. Pour terminer en beauté, le duo à le bon goût de reprendre un titre des anglais de Sacrilege avec l'excellent "A Violation Of Something Sacred" figurant sur l'album Behind The Realms Of Madness. Une reprise plutôt fidèle à l'originale menée pied au plancher révélant l'excellence des riffs du groupe Anglais. Évidement, Gui Haunting possède beaucoup moins de sex-appeal que la jolie Linda mais le résultat n'en est pas moins radical.
La production est évidemment à l'image de la musique, old school. Du grain, de la reverb´ et un côté faussement foutraque loin d'être désagréable et qui surtout correspond tout à fait à l'atmosphère générale souhaitée.
Malgré ce côté qui pourrait sembler beaucoup trop générique aux yeux de certains, Deathmanicvs Revelation se révèle être une très bonne surprise. Skelethal va ici à l’essentiel sans se perdre en chemin, tout est parfaitement équilibré et surtout le duo lillois possède et le sens du riff et le sens du groove. Résultat, vingt minutes de Death Metal mené à fond les ballons à coup de riffs sinistres et de séquences thrashisantes toutes plus jouissives les unes que les autres. Pas de révolution donc mais un premier essai concluant que l’on attend de voir transformer.
| AxGxB 2 Août 2014 - 2841 lectures |
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