Les deux années qui ont suivi la sortie du sympathique
Anthropophagy auront été marquées pour Sadistic Drive par le départ de leur chanteur et bassiste Niklas Heiskanen (Coffincraft, Obduktio...). Bien décidé à ne pas subir trop longtemps cette défection, les trois membres restants iront chercher chez leurs copains de Perinei les quelques pièces manquantes à la poursuite de leur aventure. C’est ainsi que Voltti Laakkonen (basse) et Eelis Koivula (chant) rejoindront la formation finlandaise début 2021 avant de filer en studio quelques mois plus tard pour l’enregistrement de ce deuxième album.
Paru en mai dernier sur le label américain Headsplit Records (et en juillet de ce côté-ci du globe via Selfmadegod Records)
Perpetual Torture est une fois encore naïvement illustré par Dayan Weller (guitariste de Dipygus) à qui l’on doit également quelques artworks pour Greenwitch, Warp Chamber et bien évidemment ce groupe dans lequel il joue et dont il faudrait que je vous parle quand même un de ces quatre... Une "œuvre" qui pue toujours autant l’amateurisme mais qui colle à merveille au caractère particulièrement primitif entretenu par le Death Metal des Finlandais tout au long de ces trente-deux minutes. Côté technique et enregistrement, ces derniers réitèrent l’exercice de l’auto-production avec un Jusa Janhonen de nouveau en charge des opérations. Enfin, concernant le mastering, celui-ci a été confié à leur compatriote Mikko Saastamoinen (Druid Lord, Hooded Menace, Sadistik Forest, Solothus...).
Sans grande surprise, la production de ce
Perpetual Torture se veut à l’image de l’artwork et de la musique de Sadistic Drive, c’est à dire volontairement dépouillée et archaïque. Un parti-pris inévitable afin de coller au mieux aux propos de ces Finlandais qui pour ce deuxième album continuent de s’inspirer toujours aussi ouvertement de quelques grands anciens à commencer par le Cannibal Corpse des deux / trois premiers albums à qui le groupe originaire de Joensuu doit en effet énormément.
Ce lien de parenté on ne peut plus évident, Sadistic Drive le cultive en premier lieu à travers cette production rugueuse où se mêlent guitares abrasives et décharnées, batterie pour le moins rudimentaire et basse particulièrement expressive. Un choix qui n’a rien à voir avec une question de moyens mais bien plus avec un désir de donner à son Death Metal l’esprit et la couleur de ces productions de la fin des années 80 et du tout début des années 90. Alors certes, il s’en dégage un petit côté bancal et foutraque qui en 2022 confère à l’amateurisme mais c’est évidemment ce qui fait le charme de tout cela.
Outre ce rendu d’un autre temps qui ne manquera pas de rappeler de bons souvenirs aux vieux de la vieille, les Finlandais jouent le jeu du mimétisme par le biais d’une formule mêlant notamment accélérations thrashisantes simples mais diablement entrainantes ("Murderous Megalomania" à 2:16, "Sacraments Of Sadism" à 0:25 ou 1:10, les toutes premières secondes de "Human Vivisection", "Suicide Self-Portrait" à 0:24...), fulgurances un poil plus brutales et techniques ("Murderous Megalomania" à 2:05, "Hooker Street Strangler" à 1:33 et 2:12, l’entame en fanfare de "Prurient Stabbing Fantasies", "Human Vivisection" à 0:17...) et séquences au groove pour le moins irrésistible ("Murderous Megalomania" à 0:52, les premières secondes de "Hooker Street Strangler", l’essentiel de "Black Market Mortician", "Human Vivisection" à 1:32, "Fucked To Shreds" à 1:44...). Une recette qui ne bouleversera absolument personne mais que Sadistic Drive déroule avec beaucoup d’aisance, de feeling et d’efficacité.
Pour terminer, au-delà de ces changements de rythmes effectivement nombreux et constants, d’autres caractéristiques propres aux Finlandais rappellent également le Cannibal Corpse des débuts. De ces ralentissements plus lourds ("Prurient Stabbing Fantasies" à 1:10 et 2:24, "Black Market Mortician" à 2:18, "Sacraments Of Sadism" à 1:21, "Human Vivisection" à 2:18 et 3:35...) à ce riffing particulièrement vif et sans équivoque (ça tricotte souvent généreusement avec ces petites particularités en fin de notes qui permettent de tracer ce parallèle évident avec le groupe floridien) en passant par ces quelques touches mélodiques dispensées avec parcimonie sur "Murderous Megalomania" à 3:03, "Black Market Mortician" à 2:34, "Sacraments Of Sadism" à 0:48, "Fucked To Shreds" à 1:52 et "Formless Corpses" à 3:47 ou bien encore ce growl profond et peu nuancé, tout chez Sadistic Drive transpire la grande époque de Chris Barnes et compagnie. Alors certes, on repassera pour ce qui est de l’originalité mais vu le degré d’efficacité du bousin, je vous assure que l’on saura amplement s’en accommoder.
Ne s’embarrassant d’aucune fioriture si ce n’est quelques samples bien choisi à l’image de celui issu du film Cyborg qui ouvre l’album sur les belles paroles du personnage Fender Tremolo (
"I like the death. I like the misery. I like this world !"),
Perpetual Torture se contente d’aller à l’essentiel à la faveur d’une formule peu surprenante mais en tout point redoutable. De cette production crasse et dépouillée à cette interprétation primitive et pourtant particulièrement bien troussée, l’amateur de Death Metal et de Cannibal Corpse en particulier devrait y trouver son compte si tant est qu’il ne soit pas du genre à rechigner à s’enfiler la musique d’un groupe qui n’a effectivement rien inventé et se contente de reprendre à son compte la formule d’un autre. En ce qui me concerne, cela ne me pose pas le moindre petit souci et je me régale ici de chaque nouvelle écoute.
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