Sadistic Drive - Anthropophagy
Chronique
Sadistic Drive Anthropophagy
Parmi les nouveautés en provenance du pays des milles lacs on trouve un certain Sadistic Drive, groupe en activité depuis 2018 et dans lequel exercent Niklas Heiskanen des très sous-côtés Coffincraft ainsi que Jusa Janhonen de Morbific, jeune formation bien purulente dont on parlera prochainement. Après une première démo parue il y a deux ans (Street Cannibal Gluttony) a laquelle à succédé l’année suivante une compilation regroupant tout ce que les Finlandais avaient pu sortir (cette dite démo) ou ne pas sortir officiellement (une rehearsal tape jusque-là inédite), le groupe de Joensuu a donné naissance l’été dernier à un premier album baptisé Anthropophagy. Si Headsplit Records et La Caverna Records (label colombien à qui l’on doit notamment les récentes rééditions de Crucifixion) sont les deux premiers labels a avoir exprimé un vif intérêt pour la musique des Finlandais, sachez qu’un pressage vinyle devrait également voir le jour dans les prochaines semaines cfhez Blood Harvest.
Parmi les qualités dont fait état ce premier album, cet artwork primitif et cradingue avec ce chouette logo verdâtre figure assurément en très bonne place. Signé Dayan Weller (bassiste de Dypigus et illustrateur à ses heures perdues pour des groupes comme Warp Chamber ou Greenwitch), cette oeuvre d’art cauchemardesque, en dépit de son coup de crayon un brin naïf, laisse naturellement planer peu de doute quant à la brèche obscure et puante dans laquelle ont choisi de s’engouffrer les Finlandais. Si vous avez néanmoins un petit peu de mal à percuter, voici la version courte : "Bleuuuuuuargh! Tuka tuka tuka tuka ! Tatatatatatata ! Bleuuuuuuargh!"
Dénué de toute finesse et autres ergotages inutiles, ce premier album présente un Sadistic Drive s’adonnant à la pratique (approximative) d’un Death Metal tout aussi primitif que son artwork. Une musique de dégénérés faite pour d’autres dégénérés qui par pur sadisme ou par manque de neurones prennent un malin plaisir à s’enfiler ce genre de riffs à trois notes et d’accélérations aussi subtiles qu’une blague de Jean-Marie Bigard... Il n’en fallait donc pas beaucoup plus pour que je réponde présent à l’appel même si pour être tout à fait honnête avec vous j’ai bien failli laisser filer le groupe après une écoute succincte et peu concluante de la compilation Street Cannibal Gluttony / Rehearsal 05/2019 qui, il faut le dire, propose une musique encore plus rudimentaire et cradingue que ce que l’on trouve ici.
Bref, vous l’aurez compris, Sadistic Drive ne figurera ni sur la liste des groupes les plus inspirés ni sur celle des plus brillants ayant permis de révolutionner le genre. En personne de bon goût on ne leur en tiendra pas rigueur puisqu’il faudrait être sacrément coincé de l’arrière-train pour ne pas succomber au Death Metal de punk à chien de ces jeunes Finlandais. Inscrit effectivement dans une certaine tradition chère à son pays, Sadistic Drive puise une partie de son influence du côté de ses aînés, Xysma et Carbonized en tête (comme l’on fait d’ailleurs récemment certains de ses compatriotes tels que Cadaveric Incubator ou Galvanizer) avec toujours quelque part dans le viseur, un regard sur les productions Thrash/Punk/Hardcore de la fin des années 80. Car bien que disposé à aligner tout un tas de séquences mid-tempo bien baveuses ou au groove ultra efficace ("Internal Putrefaction" à 1:05, "Acid Vomit" à 1:26, "Neurosyphilitic Lunacy" à 1:59, l’entrainant "Run Over And Left To Die", "Disease-Ridden Pervert" à 1:09...), on va retrouver chez la formation ces mêmes intentions dynamiques traduites ici par tout un tas de passages thrashisants explosifs menés à coups de tchouka-tchouka et autres patterns 100% Punk aussi simples qu’efficaces (l’entame de "Internal Putrefaction", "Neurosyphilitic Lunacy" à 0:40, "Run Over And Left To Die" à 2:20, "Disease-Ridden Pervert", etc) et d’attaques éclairs flirtant allègrement avec le Grindcore le plus virulent ("Serial Cleaner" à 1:40, "Internal Putrefaction" à 0:24, les premières mesures de "Neurosyphilitic Lunacy", "Disease-Ridden Pervert" à 2:00 et ainsi de suite...). Le tout nous est servi à l’aide d’une production taillée pour le job, typique des sorties Hardcore/Thrash/Crossover/Grindcore des années 80/90 avec notamment cette batterie dépouillée au son très sec (quel régal cette caisse claire!) et ces guitares abrasives plus proches de ces univers que du Death Metal tel qu’on le conçoit aujourd’hui.
Si ce premier album ne finira pas sur les plus hautes marches du podium de cette fin d’année, il n’en demeure pas moins une bonne petite surprise sur laquelle il serait bien mal avisé de cracher. Certes, l’année 2020 a été particulièrement chargée en "albums de l’année" et autres excellentes découvertes mais ce n’est pas une raison, en tout cas si vous êtes clients de ce genre de Death Metal primitif aux relents Punk/Hardcore plutôt évidents, pour passer aujourd’hui à côté de ce premier méfait aussi dégueulasse et rudimentaire que sa pochette le suggère.
| AxGxB 9 Décembre 2020 - 751 lectures |
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