Tranquillement, sans se presser, sans pression, les quatre Rennais de Cadaveric Fumes continuent d’avancer leurs pions l’un après l’autre. Faisant suite à une première démo parue en 2012 (
Macabre Exaltation) et à un split en compagnie de Demonic Oath sorti en novembre 2014 (
Entwined In Sepulchral Darkness), le groupe breton s’apprête aujourd’hui à dévoiler, toujours via le label suédois Blood Harvest (Necrovation, Ritualization, Triumvir Foul...), un EP trois titres (quatre en fait, mais vous allez vite comprendre) intitulé
Dimensions Obscure.
C’est à l’Espagnol Raúl González qu’a été confié l’artwork de ce disque. Si d’habitude je suis plutôt amateur de son travail (Horrendous, Kever, le premier album de Morbus Chron...), j’avoue que je suis cette fois-ci assez partagé. Certains jours je lui trouve en effet un côté onirique plutôt plaisant me faisant penser à son travail sur le EP
A Saunter Through The Shroud des Suédois de Morbus Chron, à l’inverse il m’arrive également de le trouver d’assez mauvais goût. L’un dans l’autre, cet artwork colle plutôt bien à cette nouvelle atmosphère vaporeuse et étrange qui se dégage désormais du Death Metal de Cadaveric Fumes.
Car en effet,
Dimensions Obscure laisse entrevoir un groupe non pas réinventé mais dont les progrès en matière de composition et d’exécution semblent aujourd’hui évident. De fait, les trois/quatre morceaux proposés par le groupe rennais attestent d’une envie d’aller plus loin dans leur démarche artistique et d’explorer de nouveaux horizons tout en restant solidement attaché à ce Death Metal poussiéreux sur lequel il a jusque-là bâti son identité.
Une approche nouvelle pour Cadaveric Fumes mais finalement assez similaire à celle d’un Morbus Chron et surtout d’un Tribulation avec qui les Français partagent désormais bien des points communs. Il n’y a qu’à voir la durée exagérément allongée des titres "Swallowed Into Eternity" + "Where Darkness Reigns Pristine" volontairement mis bout à bout par une note commune (plus de quatorze minutes) pour comprendre que les Rennais ont quelque peu changé leur approche en matière de Death Metal. De même, la production épurée et plutôt naturelle, ces claviers délicieusement rétros ainsi que le son très Rock des guitares concourent à développer une espèce d’atmosphère Prog/Rock 70’s là encore assez proche du rendu de ce que l’on peut retrouver chez son cousin suédois. Un constat sans appel validé dès la longue introduction du bien nommé "Crepuscular Journey" où résonne un synthétiseur vintage à la sauce sci-fi obsolète et un piano façon film d’horreur des années 50. Ça sent la poussière à plein nez et pour ma part, ce n’est pas pour me déplaire même si, encore une fois, j’ai vraiment adoré les débuts plus "convenus" de Cadaveric Fumes. Mais il n’y a pas que ces arrangements qui participent à l’instauration de cette fameuse atmosphère, certaines séquences étonnantes viennent apporter un soupçon d’originalité supplémentaire à l’image de ce court passage Surf Music à 4:44 sur "Crepuscular Journey" ou de la construction particulièrement ambitieuse de l’excellent "Swallowed Into Eternity" + "Where Darkness Reigns Pristine" (qui, bien qu'il s'agisse de deux titres distincts, ne semblent en constituer qu'un seul) sur lequel Cadaveric Fumes embarque l’auditeur pour un long voyage étonnant et plein de rebondissements. Un morceau intelligent révélant une vrai maturité et où chacune de ces quatorze minutes se veut différente des treize autres.
Rassurez-vous néanmoins, il s’agit toujours de Death Metal, d’ailleurs probablement davantage que pour Tribulation et Morbus Chron. D’abord il y a ces lignes de chant partagées entre le growl arraché de Romain Gibet et celui plus lourd et profond de Wenceslas Carrieu. Une belle dualité qui permet de varier la tonalité de chacun des trois/quatre titres. Ensuite, la musique des Bretons est faite de nombreuses accélérations/variations qui viennent durcir le propos et apporter un certain rythme à l’ensemble. Enfin, il y a ces riffs qui en dépit de cette production plus naturelle portent en eux une certaine aura, sombre et inquiétante. Quelque chose d’étrange et de tordu telle cette dimension obscure suggérée par le titre de ce EP ainsi que cette porte lointaine derrière laquelle brille l’inconnu.
Malgré cela, il y a fort à parier que certains reprocheront très probablement à Cadaveric Fumes son évolution vers ce Death Metal plus personnel mais pourtant pas moins intéressant. Certes, on y trouve davantage de mélodie et moins de frénésie mais en même temps, le groupe prouve ici avec
Dimensions Obscure qu’il est capable d’évoluer et de ne pas se contenter de rester sur ses acquis. C’est un choix risqué (notamment cette production maigrelette) qui, comme toujours, sera marqué par le manque d’adhésion de certains individus. Mais que voulez-vous, on ne peut pas plaire à tout le monde. Cadaveric Fumes continue donc aujourd’hui son petit bonhomme de chemin, prenant tout son temps, se démarquant petit à petit de ce Death Metal plus classique qui le caractérisait jusque-là pour nous offrir aujourd’hui une vision plus personnelle mais aussi plus enrichissante. Rares sont les groupes de Death Metal (old school) à sortir des sentiers battus et Cadaveric Fumes le fait ici d’une manière plutôt convaincante.
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