La sortie d'un nouvel album de Midnight est désormais un événement. Athenar et ses serviteurs jouissent en effet d'une popularité grandissante depuis 2011 et la sortie du gouleyant premier full-length
Satanic Royalty. Le deuxième opus tout aussi réussi voire plus,
No Mercy For Mayhem, n'a fait que confirmer le succès du combo de Cleveland. Ce troisième volet intitulé
Sweet Death And Ecstasy et sorti le 20 octobre sous la bannière Hells Headbangers devait donc parachever une trilogie rondement menée.
Sauf que non. J'hésitais déjà avec cette pochette bizarroïde aux couleurs chatoyantes avant au final de la trouver étrangement attirante et raccord avec les thématiques dépravées sex & Satan de l'Américain. Ça n'a pas fini aussi bien avec la musique. Dès la première écoute, j'a bien senti que ce
Sweet Death And Ecstasy n'avait pas le même effet sur moi que les deux opus précédents auxquels j'étais devenu tout de suite accroc. J'ai même éprouvé un sentiment d'ennui, chose qui me semblait improbable avec Midnight, auparavant parfait pour réveiller les démons. Les écoutes suivantes, si elles se sont un peu mieux passées, ont confirmé l'évidence. Ce nouvel album de Midnight est assez décevant.
Qu'a donc pu changer Athenar pour que l'on n'y retrouve plus les mêmes sensations? Eh bien, rien du tout en fait.
Sweet Death And Ecstasy propose exactement la même recette que ses deux grands frères. Un mélange de Motörhead et Venom souvent catalogué comme du black/speed mais que je considère simplement comme du heavy metal. Du heavy punk et crasseux avec une voix arrachée certes, auréolé de touches proto-black et speed en effet, mais du heavy quand même. La vraie différence, c'est l'inspiration. Là où Midnight possédait cette science du riff qui tue, qui te donne envie de te balancer lascivement sur le dancefloor la clope au bec avec une bouteille de sky à la main et la bite dans l'autre devant les regards hébétés de pu-putes parisiennes aux bras de leurs copains bobos hipsters bien peignés (y'avait pas que moi, si?!), il n'y en a ici plus beaucoup pour te faire revenir à un état primitif. Pas mal de riffs tombent à plat. Le parti pris d'un tempo global davantage mid-tempo n'arrange rien. Disons-le carrément, c'est souvent mollasson alors que Midnight ça doit bander dur bordel, même quand ça ne speede pas! Ça bande mou dès le départ sur "Crushed By Demons" avec ce riff plan-plan qui tourne en boucle sur plus de six longues minutes, une première pour ces salopards plutôt habitués à du trois minutes vite torchées. Les mecs récidivent en clôture sur "Before My Time In Hell', 6'30 de mid-tempo certes plus couillu et efficace, ouvert par une introduction mélodique plutôt sympathique, mais sans véritable étincelle. "Here Comes Sweet Death" en troisième position marque aussi le pas de la même manière, même sur moins de quatre minutes. Trop hard rock tranquille malgré l'ambiance sombre. Je trouve d'ailleurs que
Sweet Death And Ecstasy se fait dans l'ensemble trop hard rock, avec tout un tas de solos wah-wah pas toujours transcendants ou de leads faciles un peu trop posées. Ce n'est pas du tout dégueulasse mais pas non plus ultra passionnant.
Heureusement, Midnight ne joue pas non plus que les papy hardos et connait aussi quelques élans de rages salvateurs histoire de se rappeler le bon vieux temps. Sans ça, je crois que ça aurait été vraiment le drame. C'est donc logiquement que les morceaux plus speed s'avèrent les meilleurs, redonnant vie à l'opus et son éclat au combo. La vigoureuse "Penetratal Ecstasy" fait ainsi oublier le triste "Crushed By Demons" en accélérant le rythme et en sortant un riff principal bien plus efficace et inspiré. Le meilleur morceau de la galette suivi en deuxième par "Poison Trash", coup de fouet speed old-school au parfum très Motörhead savoureux. Au rayon des morceaux qui rehaussent le niveau, on rajoutera aussi "Rabid!", bien pêchu avec ce riff entêtant malgré une baisse de forme dès la première minute qui par chance passera vite, l'expéditif "Melting Brain" assez punk et rock 'n roll et surtout "Bitch Mongrel" au riff très NWOBHM et aux lignes de chant impeccables. Voilà d'ailleurs un bon point que n'a pas trop perdu Midnight qui nous offre toujours ce chant écorché à l'arrache jouissif d'Athenar. On pourra tout de même regretter que tous les refrains ne se fassent pas aussi fédérateurs qu'avant. Comme quoi là aussi on y trouve à redire.
En y réfléchissant, la déception engendrée par
Sweet Death And Ecstasy n'est peut-être pas aussi surprenante que cela. Les quatre titres inédits de l'EP/compilation
Shox Of Violence sortis un peu avant ce disque n'apportaient en effet pas grand chose. Midnight montrerait-il les premiers signes du fameux tournage en rond? Le fait de produire trop de sorties (EPs, splits, lives, compils...) et trop rapidement, même si les full-length restent espacés de trois ans, joue sans doute des tours à l'Américain. Voilà ce que c'est de vouloir capitaliser sur un succès qu'il sait éphémère (finies les carrières au sommet pendant trente ans et on reste de toute façon cantonné à l'underground ici), même si je peux comprendre ce comportement. Le polissage continu de sa musique depuis plusieurs sorties, loin des enregistrements crus et débridés d'antan même si ça sent encore le cuir et le foutre, ne fera pas non plus revenir ceux déjà déçus par cette évolution, si ténue soit-elle. On assiste peut-être déjà au début de la fin pour Midnight. C'est toutefois encore trop tôt pour l'affirmer, d'autant que ce mi-figue mi-raisin
Sweet Death And Ecstasy ne sent pas non plus la matière fécale à plein nez grâce à des compositions encore bien vicieuses comme "Penetratal Ecstasy", "Poison Trash" et "Bitch Mongrel". J'attendais toutefois plus d'un groupe qui a su me rendre fou aussi bien sur album qu'en live. Un groupe qui a amplement mérité le buzz dont il fait l'objet. Seule chose à faire alors, attendre la suite pour voir s'il ne s'agit que d'un petit accident de parcours ou si effectivement, Midnight n'a déjà plus grand chose à dire.
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