C'est moi ou la hype Midnight est drôlement retombée ? Le one-mand band de Jamie Walters alias Athenar avait explosé à la sortie de son premier long-format
Satanic Royalty en 2011 sur Hells Headbangers après un début de carrière plus underground placé sous le signe des EPs et des splits. Le deuxième album
No Mercy for Mayhem, encore meilleur, avait continué à alimenter la popularité de l'Américain trois ans plus tard. Le même laps de temps sépare ce dernier du troisième volet
Sweet Death and Ecstasy. C'est à partir de celui-là que l'intérêt pour Midnight a baissé. En effet, le polissage de la production, la baisse d'intensité et globalement des compositions moins inspirées marquaient un premier accroc dans l'ascension du combo. Un moindre succès pour les fans qui n'a toutefois pas empêché Midnight de signer sur Metal Blade. Marrant comme certains gros labels attirent dans leur besace des groupes ayant fait bien mieux avant et auraient mérité une signature plus précoce. Metal Blade ou pas en tout cas, on n'a pas senti un engouement énorme autour de ce quatrième full-length de Midnight, déjà paru depuis près de trois mois. Il y a cinq-six ans, on l'aurait vu partout le loustic. Un coup de moins bien pourtant, ça peut arriver à tout le monde. Encore fallait-il prouver qu'il ne s'agissait que de cela et non du début de la fin. Voilà tout l'enjeu de ce
Rebirth by Blasphemy.
Y arrive-t-il ? Oui et non. Évidemment, on retrouve le style caractéristique de Midnight. Aucune surprise n'est à attendre de l'opus. Allez, peut-être un côté mélodique légèrement plus accentué comme cette intro à la mélodie nostalgique du titre final "You Can Drag Me Through Fire" qui change un peu. La pochette typique dérangeante mêlant jeune fille dénudé (on passe même au pré-pubère, là) et animal enlacés dans un contexte sexuel dépravé et blasphématoire ne trompe pas. Souvent cataloguée de black/speed, ce qui ne m'a jamais paru tout à fait juste (surtout pour la partie black ou alors du proto-black), la musique du gus de Cleveland reste ce heavy metal old-school très punk et rock'n roll, mélange de Motörhead et de Venom. Plus que jamais, même, surtout pour Motörhead. Du heavy metal rock 'n roll from hell comme j'aime l'appeler, quoique c'est encore plus con. Mais j'aime bien être con, ça détend. Des morceaux simplistes entre deux et quatre minutes comportant chacun trois riffs quand ce n'est pas moins, des solos à l'ancienne très brefs, le chant écorché d'Athenar, des refrains se limitant à hurler le titre du morceau, des paroles bien clichées, une exécution dans l'urgence, voilà ce que fait et fera toujours Midnight. Si le projet a un petit peu évolué vers quelque chose de plus professionnel et mélodique, moins rudimentaires depuis ses débuts bien plus bruts et crades, notamment par le biais d'une production plus propre, on reste toujours dans le même secteur. Ce ne serait plus Midnight sinon, plutôt Half Past Ten.
Ce qui fait la différence avec
Sweet Death and Ecstasy, c'est déjà le dynamisme. La mollesse était un des reproches principaux adressés à l'opus précédent. Midnight a rectifié le tir sur
Rebirth by Blasphemy aux rythmiques plus pêchues et enlevées. Rien qu'avec ça, on retrouve une grande partie de l'efficacité perdue. On note aussi une amélioration des riffs. Athenar avait toujours su nous pondre des riffs à se damner et
Sweet Death and Ecstasy pêchait pas mal dans ce domaine. Le Ricain a retrouvé de l'inspiration ici grâce à des riffs principaux qui font mouche dès la première écoute. Ces riffs bien identifiables aussi simples qu'efficaces qui tournent en boucle sur "Fucking Speed and Darkness", "Rebirth by Blasphemy", "Cursed Possessions", "Raw Attack", "The Sounds of Hell" ou encore "You Can Drag Me Through Fire". Les meilleurs titres du disque en rajoutant aussi "Devils Excrement" qui revient même à la crasse et le côté expéditif d'antan sur 2'15 de proto-speed heavy punk jouissif à mort. Plus rapide, meilleurs riffs, voilà comment
Rebirth by Blasphemy nous redonne un peu confiance en Midnight.
Une confiance qui ne sera pas aveugle, néanmoins. Si Walters a repris la muscu, la fatigue se fait quelques fois sentir. Oui, toi, là, "Rising Scum" ! Basé sur un mid-tempo lancinant, le morceau aurait pu bien mieux passer s'il en était resté à 2'30. À 4'01, ça tourne en rond et devient chiant. La piste la plus dispensable de l'opus, clairement, malgré un solo très cool bien que trop court (comme tous d'ailleurs sauf celui de "You Can Drag Me through Fire" qui atteint presque les trente secondes). "Escape the Grave", pourtant plutôt rapide, s'avère aussi peu marquant. Les couplets aux guitares timides de "Warning from the Reaper" ne sont pas non plus ce qui se fait de mieux sur l'album mais quand ça envoie, c'est franchement bonard, avec un refrain assez jubilatoire. Tiens, les refrains justement. Une des clés du succès de Midnight et ses "tubes" taillés pour le live. Hormis celui de "Warning from the Reaper", on a bien du mal à en trouver qui se dégagent. Rien à voir avec le chant d'Athenar qui sent toujours autant le bad boy vénère prêt à te tailler le bide au coin d'une ruelle sombre et qui reste l'une des particularités les plus excitantes de Midnight. Juste que les refrains n'accrochent pas autant qu'avant, même ceux avec des chœurs censés renforcer l'aspect fédérateur. En découle un des problèmes majeurs de
Rebirth by Blasphemy, l'absence de hits. Pas mal de bons titres ici mais pas de
"Satanic Royalty", "You Can't Stop Steel", "Evil Like a Knife", "The Final Rape of Night", "Woman of Flame" ou "Aggressive Crucifixion". Et si la musique de Midnight n'a jamais été du genre très varié, ce nouvel album se montre tout de même assez répétitif. Quasiment toujours la même rythmique, des riffs un peu trop similaires, il ne fallait pas que l'opus dure plus longtemps que ses 33'49 !
Rebirth by Blasphemy fait donc un peu oublier la déception
Sweet Death and Ecstasy. Plus turbulent, plus efficace, riffing plus inspiré, on retrouve un Midnight en meilleure forme. C'est déjà une satisfaction. L'Américain n'est cependant pas encore revenu au niveau de
Satanic Royalty et
No Mercy for Mayhem.
Rebirth by Blasphemy souffre en effet d'un manque de vraies bonnes grosses tueries qui remplissaient ses œuvres précédentes, à l'image de ces refrains qui ne marquent pas autant qu'avant, ainsi que d'une trop grande répétitivité. "Rising Scum", qui aurait pu apporter un peu de variété, traîne trop la patte et constitue le moment faible du disque. Un disque qui arrive malgré tout à convaincre tant on pouvait s'attendre à un
Sweet Death and Ecstasy bis encore plus chiant et à la confirmation du déclin d'une des hypes de ces dernières années. Le capital sympathie remonte donc, tout en se disant qu'un retour à l'âge d'or sera tout de même difficile.
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