Je ne suis pas particulièrement chauvin mais comme beaucoup de Bretons, je reste très attaché à mes racines. Alors forcément, quand deux des meilleurs groupes de Death Metal issus de la plus belle région de France (quoi, qu’est-ce qu’il y a?) décident d’unir leurs forces le temps d’un split, avouez qu’il y a de quoi se laisser submerger par l’émotion.
Intitulé
Entwined In Sepulchral Darkness, cette rencontre entre l’Ile et Vilaine (Cadaveric Fumes) et le Finistère (Demonic Oath) est disponible depuis peu via Iron Bonehead Productions et Impious Desecration Records. Une collaboration matérialisée sous la forme d’un simple quarante cinq tours et constitué de deux (nouveaux) morceaux par groupe.
Les premiers à ouvrir le bal sont les rennais de Cadaveric Fumes dont on vous a déjà parlé sur Thrashocore. Si vous lisez mes chroniques avec assiduité, peut-être vous souvenez-vous que j’avais été particulièrement enthousiasmé par leur première démo intitulée
Macabre Exaltation. Sortie tout d’abord en cassette sur Impious Desecration, celle-ci avait su taper dans l’œil de Rodrigo du label Blood Harvest puisqu’elle avait été rééditée par la suite en vinyle. Depuis, pas grand chose si ce n’est quelques dates ici et là. J’attendais donc de pieds fermes les quatre rennais alcooliques d’autant que leur prestation durant le Wolf Throne m’avait laissé un goût plutôt amer. Le groupe nous avait présenté à cette occasion un ou deux nouveaux titres qui, soyons francs, ne m’avait pas spécialement emballé.
C’est donc avec un peu d’appréhension que j’ai abordé la première face de ce split. Une appréhension bien vite balayée grâce à deux excellents morceaux qui n’ont strictement rien à envier à ceux de
Macabre Exaltation. Car même si rien n’a changé dans le camp des rennais, la qualité des riffs ainsi que l’ambiance malfaisante et putride qui règne à l’écoute de "Aeon Of Scorn" et "Dreadful Remembrance" a suffit pour me convaincre. De cette mise en place sur fond de larsens durant laquelle vient se greffer un lead démoniaque en passant par ce riff principal entêtant qui ne manque pas de groove jusqu’à ces quelques séquences où tout s’accélère, Cadaveric Fumes maîtrise son sujet sur le bout des doigts, faisant honneur au Death Metal old school d’une bien belle façon. Et malgré presque six minutes, jamais "Aeon Of Scorn" ne lasse. Même constat extrêmement positif concernant l’excellent "Dreadful Remembrance" qui laisse cependant entrevoir un chant quelque peu différent, plus arraché, plus Black aussi. Il n’y a d’ailleurs pas que le chant qui semble emprunter ce chemin obscur à en croire ces quelques trémolo glacés à partir de 1:59. Moins varié que son prédécesseur, ce second titre va à l’essentiel sans jamais lever le pied, un peu à la manière d’un Necrowretch.
Enfin, la production, légèrement étouffée (notamment le son de guitare) et un poils "brouillon" (ça grésille pas mal) renforce encore un peu plus le côté old school de Cadaveric Fumes à travers des ambiances morbides et poussiéreuses tout à fait convaincantes.
Je me suis toujours méfié des one-man band. Non pas que certains n’ait pas fait leurs preuves, c’est juste qu’ils sont un petit peu contre-nature. Et puis j’ai du mal à m’enlever cette vision d’homme orchestre qui claque des genoux pour faire résonner ses cymbales... Bref, si j’en viens à parler de one man band c’est évidemment que Demonic Oath évolue sous cette configuration, Kevin Desecrator étant ainsi l’unique chef d’orchestre à la barre de cette entité bretonne déjà responsable d’une excellente démo (
The Crypt Of Mournful Summoning) qui s’apprête d’ailleurs à être rééditée en vinyle par Wolf Throne Productions.
En attendant, notre homme nous livre lui aussi deux nouvelles compositions qui vous ferons très vite vous débarrasser de vos préjugés en matière d’hommes à tout faire. Avec une production plus tendue, les riffs de Kevin Desecrator se font ici plus abrasifs. Pour le reste, le propos est passablement identique à celui de Cadaveric Fumes puisque le finistérien délivre à son tour un Death Metal old school possédé constitué de trémolo menaçants, de leads lugubres, de séquences enflammées à base de tchouka-tchouka ou de passages plus lourds où l’atmosphère prend un tout autre visage. Le growl, bien que bardé de réverb’, est aussi plus profond même s’il sert une fois encore la même (juste et noble) cause. Tout aussi classique dans son exécution, la musique de Demonic Oath brille pourtant par le nombre de ses atouts à commencer par d’excellents riffs qui n’ont rien à envier à personne, que ce soit à la nouvelle scène scandinave, allemande ou américaine en matière de Death Metal old school. La leçon a été correctement digérée par un Kevin Desecrator jamais mis en défaut, que ce soit à la guitare donc mais aussi derrière une basse, une batterie ou encore un micro. Un équilibre parfait qui donne à ces deux titres une dimension peut-être un peu plus spéciale que la moyenne, clôturant au passage ce split sur une note extrêmement positive.
Car Breton ou pas, Cadaveric Fumes et Demonic Oath viennent en l’espace de vingt minutes révéler à la face du monde entier que le Death Metal old school se porte extrêmement bien en France. Si les groupes ne sont pas légions, ceux qui représentent aujourd’hui le genre le font avec beaucoup de passion et de détermination et n’ont surtout aucune leçon à recevoir de quiconque. Pour ma part, j’attends la suite de ces deux groupes avec impatience.
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