Slayer + Mastodon

Mercredi 01 juin 2005. Le voilà arrivé, l’évènement tant attendu par de nombreux metalleux Auvergnats (ou d’ailleurs) : la venue de Slayer à la Coopérative de Mai pour un concert qui s’annonce intimiste.

Et bizarrement, ça commence plutôt mal : arrivé à 20h30 (alors que le début du concert est prévu une heure plus tard), je constate qu’il n’y a pas un chat et c’est sans encombre que je rentre dans la salle, moyennement remplie. La raison : l’heure du concert a été, au dernier moment, avancée de 45 mn?! Du coup ceux qui ont été prévenus à temps (ou qui sont prévoyants comme moi J) sont déjà là. Les autres (nombreux) arriveront durant le set de Mastodon, qui ouvre pour Slayer sur cette tournée.

Du coup, c’est devant un pit clairsemé que les américains entament leur prestation. Pour ma part, n’ayant pas écouté une note de ce que fait le groupe, je comptais bien sur ce concert pour découvrir cette formation qui a reçu d’excellents échos dans les médias spécialisés. Ce qui est une erreur de ma part. Car, sans connaître un titre de leur discographie, il s’avère bien difficile de se laisser entraîner par la musique de Mastodon. En fait, mon sentiment est partagé. A première vue, les morceaux sont variés, piochant visiblement dans des styles aussi divers que le Metal, le Stoner ou le Punk, et bien exécutés, mais le son, assez brouillon, ne les met pas en valeur. Le chant à trois voix fonctionne bien (même si, là encore le son empêche d’en apprécier les variations) et surtout, le bassiste-chanteur ne tient pas en place et arpente la scène tout en restant très carré. Mais voilà, le public n’a pas l’air franchement emballé, et moi de même. Et le groupe le ressent visiblement. Il faut dire que, devant un salle qui se remplit petit-à-petit, pas facile de convaincre. Mais ce n’est pas la seule raison. En fait, l’impact des chansons varie d’un morceau à un autre : les plus énergiques, les moins « alambiqués », bref les plus spontanés (« Blood & Thunder ») donnent automatiquement l’envie de se jeter partout tandis que ceux réclamant plus d’attention et se révélant plus recherchés en terme de structure de composition et de développement d’ambiances (« Iron Tusk ») passent moins bien le cap de la scène. Mastodon aura donc délivrés 45 mn d’un concert énergique, pas transcendant pour ma part, mais qui m’a quand même donné envie de me pencher sur les productions studios du groupe. Et malgré tout, sur la fin du set, alors que la salle était enfin comble, le groupe aura su chauffer l’ambiance pour Slayer.

Lorsque, après un demi-heure d’attente, raisonnent les premières notes de « Disciple » (et oui, ça commence fort), j’ai instinctivement repensé à une réflexion entendue lors du concert de Cradle Of Filth deux mois plus tôt : « les Cradle, ils feraient mieux de se payer l’ingé-son de Slayer plutôt que de dépenser tout leur fric dans la théâtralisation. L’ingé-son de Slayer, c’est un dieu !» Et effectivement, en ce début de set, le son est propre, très propre ... trop propre : merde, on entend à peine les guitares! Heureusement, ceci ne durera que pendant ce premier morceau et, lorsque Tom Araya crie au public « Are you ready for war ? » (ça commence fort j’vous ai dit), on constate que tout est revenu dans le l’ordre. Le son est puissant et clair, des conditions idéales pour apprécier tous les tubes que le groupe va nous proposer pendant ces 1h45 de show. Inutile de vous préciser que l’exécution en est parfaite. Si Kerry King et Jeff Hanneman restent fidèles à leur attitude scénique assez statique, leurs parties de guitares sont aussi nettes que sur album. Tom Araya, tout sourire, se met facilement le public dans le poche soit en l’interpellant (pour introduire « Chemical Warface », dédié aux « crazy motherfuckers righ here », désignant les slammers qui s’en donnent à cœur joie tout près de lui, ou « Bloodline ») soit en ne faisant rien d’autre que de le scruter. Quant à Dave Lombardo, impeccable, il nous gratifiera de deux petits soli de batterie dont l’un juste avant d’introduire, comme à l’accoutumé, « Raining Blood ». Au niveau de la set-list, le groupe pioche intelligemment dans toutes ses époques discographiques : « Disciple » et « Bloodline » pour « God hate us all », « Stain of mind » pour « Diabolus in musica », « Angel of death », « Postmortem », « Raining Blood » pour « Reign In Blood », « Mandatory Suicide » pour « South of Heaven », « Hell awaits » du même album ou encore « Chemical warfare » issus de « Haunting the Chapel ». Mais, à mon grand plaisir, c’est l’album « Seasons in the Abyss », qui va se tailler la part du lion ce soir avec pas moins de 5 titres joués dont 4 à la suite : « War ensemble » dès le deuxième morceau donc et surtout « Spirit in Black », « Blood Red », « Dead Skin Mask » et « Hallowed Point » enchaînés. Un vraie tuerie qui vous laisse sur les genoux (ou vous casse le cou) et vous achève avec deux titres en rappel dont l’inévitable « Angel of Death ».

Slayer aura donc effectué une excellente prestation, axée sur un maximum de classiques, (même si on pourra regretter que « Seasons in the Abyss », le morceau, ait été omis) qui aura fait le bonheur des slammers et des fans présents.