Maere - ...And The Universe Keeps Silent
Chronique
Maere ...And The Universe Keeps Silent
Un peu plus de quatre ans après la publication du prometteur
« I » on avait totalement perdu de vue le combo de Basse-Saxe, qui hormis un single inédit publié peu de temps après cet Ep c’était fait franchement discret au point presque qu’on en oublie son existence. Pourtant l’annonce de son retour avec cet attendu premier album avait vraiment de quoi réjouir, tant on sentait que son Blackened Death Metal ne demandait qu’un soupçon de vécu et d’expérience pour totalement exploser à la face du monde, et ce malgré des changements en interne aussi bien du côté de son personnel (départ du deuxième guitariste puis il y’a quelques semaines de son chanteur une fois fini le passage par la case studio), que du label (arrivée chez le prolifique indien Transcending Obscurity), mais heureusement tout cela n’a pas eu d’impact sur l’envie d’en découdre et la qualité d’exécution du désormais trio. Si celui-ci ne s’est pas montré très prolifique du côté du nombre de morceaux proposés (à peine cinq !) ceux-ci d’une durée relativement longue vont largement faire oublier leur faible quantité, tant ils vont dévoiler une densité et profondeur impressionnantes sur ce disque qui ne va pas trop s’éterniser et cela va finalement parfaitement lui convenir. Car vu la complexité et la technicité ici présentes le fait d’être trop long aurait fini par nuire à son attractivité, et cela aurait été dommage tant il va falloir du temps et de la patience pour saisir toute la subtilité et les plans proposés ici qui ne vont pas se cantonner à une obscurité de façade, vu qu’il va falloir gratter un peu à travers l’épaisse couche de nuages opaques pour que l’ensemble se révèle entièrement.
Cependant cela aurait été plus simple avec un son de batterie plus adapté, en effet celui-ci manque cruellement de puissance et se voit totalement compressé... un vrai gâchis quand on écoute le boulot effectué par Ingo Neugebauer derrière son kit, qui propose un jeu tentaculaire et fluide bien qu’un peu trop souvent bridé du côté de la vitesse. C’est ce point qui va ressortir du pourtant très bon « All Those Things We’ve Never Been (The Grandeur Of Nihilism) » particulièrement rampant et oppressant, où lenteur et blasts se côtoient au départ de façon régulière avant que ces derniers ne s’effacent par la suite. Proposant quelques cassures et une profondeur musicale tentaculaire et inquiétante, ce premier titre va prendre l’auditeur à la gorge jusqu’à la conclusion de cette galette où les points d’accroche vont être rares, créant ainsi une ambiance chaotique et désespérée difficile à appréhender de prime abord surtout que ça ne descend jamais sous les six minutes. Et comme pour continuer à provoquer une certaine frustration « Traumlande (Ascending The Abyss) » va grimper d’un cran côté technicité en proposant tout un panel rythmique musicalement impressionnant, mais plombé par une certaine redondance liée notamment à un certain manque de prise de risques et surtout une temporalité excessive. Car on a l’impression d’entendre un peu les mêmes riffs et plans en boucle, ce qui est regrettable tant c’est suffisamment varié mais ça donne la sensation régulière de vouloir exploser sans y parvenir... et on regrette ainsi que les gars ne se lâchent pas un peu plus.
Pourtant ça reste de très bonne tenue tant on sait que les allemands ont de quoi faire très mal, et cela arrive avec le redoutable et violent « The Darkness Is Your Mother » aux guitares dissonantes sur fond de relents martiaux implacables et d’ambiances cosmiques étoffées où le vide sidéral prend toute son ampleur. Proposant ici deux facettes totalement différentes de sa musique l’entité livre quelques mouvements remuants comme il faut et sacrément burnés après quelques accélérations brutales et radicales, prouvant que c’est dans ce schéma un peu plus simple et direct que son écriture prend toute son ampleur... surtout quand la violence et la rythmique sont plus élevées. Du coup on ne sera pas étonné que « Zdrowas Mario (Building The Temple) » reprenne tout ce qui a été déjà entendu jusque-là de façon très équilibrée, histoire d’offrir une fois encore tout le panel de passages brise-nuques et tempétueux, où les tréfonds de l’âme se perdent dans des tourments éternels et qui sont balancés de façon particulièrement convaincante, tant il n’y a rien ici à reprocher à cette plage. Même constat pour la conclusion intitulée « Think Of Me As Fire » particulièrement glaciale et impénétrable portée par nombre de changements réguliers, et de passages guerriers qui alourdissent encore un peu plus un ensemble qui n’en avait nullement besoin.
Si tout cela a tendance quand même au final à se ressembler et sonner même interchangeable (il est effectivement difficile de se rappeler de quelque chose de différent du reste une fois arrivé au bout de l’écoute), tout ça conjugué à un manque de couilles ennuyeux sur certains passages... tant on aurait aimé davantage de cavalcades et de rugissements d’outre-tombe. Du coup c’est un drôle de sentiment qui prédomine, celui d’un groupe capable de grandes choses mais qui semble être dans la retenue et l’on ne peut que le regretter tant il avait la possibilité de marquer plus fortement les esprits. Attention rien de raté ici loin de là... vu qu’on est en présence d’un bon long-format bien foutu et porté par des membres expérimentés, mais auquel il manque un truc pour faire la différence et totalement se laisser embarquer pour y adhérer à 100 %. A voir donc si les gars tiendront compte de cela à l’avenir tant le potentiel est présent, et il serait vraiment dommage de ne pas totalement l’utiliser à sa juste valeur sans quoi ils rejoindront la cohorte d’espoirs déçus qui avaient tout pour réussir mais qui n’ont jamais su utiliser leur talent à bon escient.
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