Maere - I
Chronique
Maere I (EP)
Parmi la masse de labels qui pullulent un peu partout il y’en a certains dont on suit les nouveautés avec grande attention tant on sait que la qualité est au rendez-vous, et sans surprises le label de Jan Fastner fait partie de ces noms incontournables. Le Tchèque ayant depuis toujours le nez creux pour dégoter des groupes plus qu’intéressants, et en ce début d’année celui-ci est une fois encore particulièrement inspiré en dégotant ces petits gars venus d’outre-Rhin dont la première sortie se montre redoutablement efficace (à l’instar d’AD VITAM INFERNAL). Formé d’anciens membres du tentaculaire INGURGITATING OBLIVION le groupe va durant presque une demi-heure dévoiler à la face du monde son Death Metal technique occulte et hermétique d’une froideur absolue, qui va demander du temps et de la patience pour être totalement assimilé.
Car la musique du quintet n’est pas du genre à s’apprivoiser facilement vu que les cinq morceaux sont relativement semblables dans leur construction, renforçant de fait la sensation d’herméticité qui se ressent de prime abord (et se retrouve tout du long). Pourtant en creusant un peu sous la surface on va s’apercevoir que chacun d’entre eux se montre différent de l’autre, encore faut-il vouloir le rechercher. Débutant par l’oppressant et massif « I, Devouring » l’EP va d’entrée dévoiler ses atouts via une rythmique écrasante au tempo majoritairement lourd (les blasts et passages rapides vont passer en permanence au second plan), où les riffs dissonants vont ajouter à la noirceur ambiante. En effet point de salut ici, tout est putride et glacial renforcé par un mur sonore qui ne laisse rien passer, et porté par une technique imposante de chacun des mecs qui cependant n’en font jamais trop. C’est d’ailleurs une des forces de la réussite de ce « I », joué par des vieux briscards de la scène underground allemande qui poussés par leurs expériences respectives arrivent à ne jamais tomber dans les excès de manche et patterns inutiles, même si les cassures rythmiques indispensables ne sont pas oubliées. D’ailleurs avec « I Descend » ceux-ci restent dans ce qui a été entendu juste avant, tout en poussant plus loin l’écriture et la construction générale, vu que le tempo toujours aussi bridé se voit complété par quelques cassures explosives et passages menées tambour battant. Ceci permet du coup d’aérer légèrement le tout qui va ensuite continuer à ralentir jusqu’à l’étouffement, et l’arrivée de « I Ascend » encore plus inquiétant. En effet au milieu du bridage en règle on perçoit des arpèges gelés émergeant de la nuit et complétés par une basse chaude et audible qui ajoute au sentiment de malaise généralisé, où la production de bonne tenue relativement naturelle est en total raccord (même si l’on peut regretter la batterie mise un peu trop en avant dans le mixage).
Cependant cela ne nuit pas du tout à la réussite insolente de ce court-format qui va atteindre son paroxysme avec le monstrueux « I Am » où les variations vont être nombreuses, donnant de fait encore plus d’obscurité à une galette qui pourtant n’en manque pas. Montrant un côté remuant affirmé on se retrouve donc en présence de la plage qui représente le mieux ce que sait faire ses géniteurs, chose que l’on retrouve sur la clôture nommée « I, Transcending ». Si elle démarre par une série de blasts l’éloge de la lenteur reste encore et toujours prépondérante jusqu’à s’écraser complément, et ainsi terminer de façon apocalyptique où rien n’a survécu de cette opacité saisissante et inquiétante.
Si l’on peut regretter que la bande ne lâche pas plus souvent les chevaux pour y mettre plus de vitesse, et qu’une certaine redondance des riffs et plans se fasse sentir jusqu’au bout, il n’en reste pas moins qu’on est en présence d’un combo de haute tenue et très prometteur qui ne demande qu’un peu plus de vécu en commun pour littéralement tout fracasser sur son passage. En tout cas avec leur style caverneux et totalement opaque (à l’instar de leurs regrettés compatriotes de BEYOND) les Teutons se placent comme des outsiders dans un genre qui cherche un second souffle, et dont la vision négative et désespérée a tout ce qu’il faut pour devenir incontournables à l’avenir. Autant dire qu’avec de tels arguments il ne faut pas faire la fine bouche et apprécier ce premier jet, certes pas parfait, mais qui happera l’auditeur dès l’introduction et ne le relâchera de son étreinte qu’une fois l’ultime note terminée, ce qui est un signe des plus positifs !
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