Chronique
Baest Colossal
Après un début de carrière mené à cent à l’heure avec trois albums sortis en un peu moins de trois ans l’heure était venue pour les Danois de souffler un peu et de prendre leur temps avant de repasser par le chemin du studio, une période sans doute nécessaire pour recharger les batteries et trouver une inspiration qui peut-être s’étiolait doucement. Normal donc qu’il ait fallu quatre années et demi au quintet pour publier ce nouvel opus très attendu, et s’il comblera aisément une partie des fans il va aussi laisser un sentiment d’inachevé auprès d’autres de par une certaine prise de risque musicale pas forcément aboutie sur la durée. En effet le combo signe ici le disque le plus accessible de toute sa carrière où la violence comme le tempo vont clairement baisser d’un cran, vu que les passages rapides vont être inexistants ou presque à l’instar des blasts et présents de façon éparse comme pour dire que les gars savent encore les maîtriser, bien qu’ils soient presque au rebus. Attention le rendu est quand même largement acceptable et réussi mais force est de reconnaître que tout cela va finir un peu par se ressembler à la longue, et qu’on aurait bien aimé ravoir quelque chose de plus couillu et vindicatif... au lieu de cela on a parfois l’impression d’avoir affaire à du DESERTED FEAR avec ce que cela comporte comme points positifs et négatifs.
Il est certain en tout cas que la formation va gagner un nouveau public, et ce dès les premiers instants de l’impeccable « Stormbringer » qui va osciller entre passages lents rampants dynamiques et parties en médium remuantes avec quelques accents Heavy très agréables et qui font bien mal aux cervicales. Proposant donc une vision tranquille du Death Metal (et aidée par une production massive bien chaude et dense) la bande donne le ton de ce que va être la suite de ce long-format qui ne va jamais défaillir ni se louper totalement, même si un soupçon de virilité n’aurait pas été de refus pour booster un peu plus l’ensemble. Si les gars vont clairement appuyer sur le frein via le suffocant et doomesque « Colossus » (qui va néanmoins relâcher un peu la pression en proposant quelques relents Hardcore bienvenus) à la noirceur fortement accentuée, la doublette « In Loathe And Love » / « King Of The Sun » va elle voir le retour d’une certaine clarté bienvenue tant ça groove à mort en restant bien calé en rythmique intermédiaire, avec ce qu’il faut pour secouer la tête. On retrouve donc ici tous les éléments propres au genre... c’est propre et c’est efficace tout en étant taillé pour la scène, vu que tout le monde pourra s’agiter sans problèmes et avec grand plaisir (ce que « Mouth Of The River » placé plus loin dans l’écoute confirmera aisément en reprenant la même rhétorique).
Si « Imp Of The Perverse » va souffrir de quelques longueurs évitables (malgré une écriture somme toute identique à ce qui a déjà été proposé), en revanche « Misfortunate Son » va voir le retour à un peu de tabassage qu’on avait fini par oublier... même si ça ne s’éternise pas au profit d’un rendu pépère où l’accessibilité est primordiale. D’ailleurs ce point va trouver son paroxysme sur l’instrumental « Light The Beacons » qui sent bon les années 80 avec son solo aux accents shred et ses accords qui ne sont pas sans rappeler la bande originale de « Top Gun »... et dont l’efficacité est au rendez-vous. Tout cela sert donc d’ultime surprise avant l’arrivée de la très longue conclusion intitulée « Depraved World » qui va en terminer de fort belle façon, en proposant longuement un mode poids-lourd imparable avant que les choses ne s’excitent de manière plus frontale... même si cela ne va pas s’éterniser et c’est dommage car il y avait du potentiel, cela clôturant donc un disque qui va laisser un sentiment partagé.
Car on ne peut pas reprocher à celui-ci d’être raté loin de là mais il est évident que la prise de risques va être à double tranchant, soit le passage au cap supérieur en ratissant une frange plus large ou alors voire l’intérêt des puristes se réduire pour qu’ils ne reviennent hélas jamais... et c’est peut-être ce qu’il adviendra. Un peu plus de variété et d’énergie n’auraient pas été de refus tant ici ça ronronne parfois en donnant l’impression de repiquer de nombreux plans similaires, même si effectivement tout cela reste fluide et cohérent et s’écoute sans déplaisir vu qu’on ne s’ennuie quasiment jamais. A voir donc ce que tout cela donnera dans le futur car on n’est pas sur un échec cuisant ni une réussite intégrale, juste calé dans un entre-deux moyen mais pas dégueulasse qu’on n’avait pas vu venir qui plaira à certains mais nettement moins à d’autres... à eux de faire leur choix désormais.
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