Baest - Justitia
Chronique
Baest Justitia (EP)
Décidemment toujours aussi productif le combo n’a une nouvelle fois pas traîné en route pour repasser par la case du studio, et ainsi revenir avec du nouveau son toujours aussi agréable à peine plus d’un an après la sortie du très bon
« Necro Sapiens ». Proposant ici un Ep composé de quatre morceaux inédits et d’une reprise d’ENTOMBED A.D. (figurant initialement sur leur album « Back To The Front » de 2014), les Danois vont continuer dans la droite ligne de ce qu’ils ont déjà proposé par le passé en ne cherchant nullement à se réinventer, et cela suffit amplement. Car ayant clairement franchi un cap avec ce dernier opus en date ceux-ci vont continuer à proposer une musique lourde et suffocante où les accents mélodiques vont être accentués par rapport à précédemment, et où leur groove implacable va rester toujours aussi consistant. En effet les nouveautés proposées ici vont être d’une homogénéité sans failles et de très bonne facture, loin des clichés de remplissage qui desservent trop souvent ce type de sortie… chose qui n’est pas du tout le cas ici, et c’est tant mieux !
Car d’entrée avec « Justitia » on va être rassuré sur la qualité intrinsèque de l’ensemble, qui propose ici toute la panoplie technique des nordiques qui sait être souple et variée même si la lourdeur reste prépondérante. Démarrant pied au plancher l’ensemble va se densifier quand il le faut tout en sachant remonter en pression, mais sans oublier d’y ajouter des passages remuants comme il faut où accélérations et ralentissements se mêlent au milieu de tout cela, offrant de fait un titre sobre et redoutable à l’efficacité imparable. D’ailleurs au fur et à mesure que l’on va avancer dans l’écoute on va s’apercevoir de la qualité d’écriture des mecs, tant le niveau général va se hausser progressivement et tout d’abord avec l’excellent « Ecclesia » qui pendant presque huit minutes va dévoiler un visage riche en harmonies où la technicité a grimpé d’un cran, mais sans jamais être pompeuse tant elle prend aux tripes. Osant autant jouer sur des ambiances tribales que sur une grande fluidité au milieu des moments écrasants et pachydermiques, cette plage est probablement une des meilleures jamais écrites par les Scandinaves qui se sont ici surpassé en offrant un véritable récital où les solos tout en finesse ne cessent de passer de l’un à l’autre des guitaristes sans jamais perdre en intensité.
Continuant son chemin tranquillement cet enregistrement nous balance ensuite le basique et efficace « Gargoyles » à la saveur particulière, de par d’abord ces notes de départ aux accents acoustiques et latinos mais surtout du fait de la participation en tant qu’invité au chant de Trevor Strnad (THE BLACK DAHLIA MURDER) récemment disparu, et dont on suppose qu’il s’agit de fait d’une de ses dernières apparitions vocales. Offrant une prestation typique de ce qu’il faisait avec ses camarades de jeu l’Américain se fait plaisir avec son comparse du Danemark sur une composition bien remuante et qui offre explosions débridées et ralentis écrasants, au rendu bien ficelé et qui envoie ce qu’il faut de violence et d’écrasement avant l’arrivée du surprenant « Creature ». C’est effectivement le mot qui convient le plus ici car le quintet va offrir ici une plage pratiquement Hard-Rock de par ses riffs autant que ses leads quand le côté presque festif et Fm y est mis en avant, mais histoire de ne pas trop dérouter leur auditoire les gars n’ont pas oublié d’insérer des gros passages mid-tempo propices au secouage de nuque communicatif. Du coup entre la noirceur massive proche de « Sad But True » de METALLICA et du gros rock dur typiquement ricain on obtient quelque chose de totalement à part mais absolument réussi, tant ses créateurs ont réussi à y mélanger intelligemment ces deux influences majeures sans que l’une ne prenne le pas sur l’autre, créant ainsi un vrai équilibre qui ne risque pas de créer de la lassitude.
Cela sera d’ailleurs le point d’orgue de cette galette qui va ensuite reprendre tel quel la création du regretté L.G. Petrov (« Second To None ») sans pour autant réussir à faire mieux, vu que ça reste hyper fidèle (et que ça donne envie de taper du pied via du Swedeath typique) mais en roue-libre et sans montrer d’intérêt majeur à la longue - à l’instar de la version instrumentale de « Genesis » qui sert plus de remplissage qu’autre chose. Néanmoins malgré ce dernier tiers peu intéressant le reste est largement au niveau de ce qu’on attendait de la part de ses géniteurs, qui confirment une fois encore qu’ils sont dans le haut du panier de leur pays - décidemment en pleine forme ces dernières années en matière de Metal extrême. Sans en faire des caisses et en traçant sa route sans trop se soucier des autres BAEST continue de s’améliorer et de progresser, tout en osant sortir légèrement des sentiers battus et du classicisme dans lequel il a fait ses preuves (de par notamment une vraie intelligence dans l’écriture). Du coup tout cela fera office de parfait bouche-trou en attendant le prochain album qui sera à n’en pas douter tout aussi réussi que ses prédécesseurs, preuve d’un talent redoutable qui s’affine avec le temps et l’expérience.
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