Infirmity - Descendants of Sodom
Chronique
Infirmity Descendants of Sodom
Si l'année 2019 a déversé sa vague de sorties décevantes, tout un tas de groupes inconnus plus ou moins récents l'ont sauvée de la noyade, souvent par le biais de démos. C'est le cas d'Infirmity et de son premier album Descendants of Sodom. Les Américains ne datent toutefois pas d'hier puisque leur formation remonte à 2010. Leur discographie est juste restée famélique avec seulement deux EPs et une démo, tous en auto-production. Descendants of Sodom marque donc un grand pas en avant pour le combo qui a signé chez Lost Apparitions Records, label de Virginie ayant réédité ces dernières années quelques pépites (Deceased et Brutality entre autres). Mais c'est plutôt la pochette qui m'a d'abord attiré vers l'opus alors qu'en y regardant de plus près, c'est photoshopé à mort.
Pas grave, le premier coup d'œil, même trompeur, a rempli sa mission. Une erreur pas du tout regrettable puisque ce premier long-format m'a par la suite tapé dans l'œil pour de bon. Grâce à sa qualité évidemment, mais aussi par son style assez aléatoire qui a apporté un peu de fraîcheur dans mes écoutes. Aléatoire ? Je vous explique ! Regardez la photo promo du groupe, elle veut tout dire. Les quatre membres d'Infirmity portent chacun un t-shirt bien différent. The Faceless, Taake, Testament et Disentomb. Plutôt éclectique, n'est-ce pas ? Et c'est tout à fait révélateur du contenu de ce Descendants of Sodom. Pas forcément ces groupes en particulier, plutôt leur genre respectif. Si la base musicale d'Infirmy reste le death metal, il y accole ainsi beaucoup de thrash, en particulier sur des mid-tempos headbangants très efficaces à la Slayer ("Descendants of Sodom" à 1'55 et 3'39 plus typé Megadeth, "Darkness Reigns Supreme", "Infatuated with Intoxication", "Unholy Deception", etc.) et de black metal, là plutôt sur les séquences bourrines de blastouille ("Gomorrah Aflame" à 1'38, "Darkness Reigns Supreme" à 0'36 et 1'11, démarrage de "Plastic Idols - The Obsessed" ...). Un poil de melodeath, de brutal death et de deathcore aussi sur deux-trois breakdowns (fin de "Descendants of Sodom", "Plastic Idols - The Obsessed", "Depths of Regression" à 0'40, "Unholy Deception" à 1'10). Même du punk sur le riff d'ouverture catchy et mélodique surprenant de "Darkness Reigns Supreme" ! Et cela peut sonner tout autant metal old-school que moderne, sur des pistes allant d'1'41 pour la plus expéditive ("Plastic Idols - The Obsessed") à 8'04 sur le long final "Unholy Deception". Quant au chant, growls et shrieks se partagent à part égale le micro, agrémentant d'autant plus la salade composée.
Alors oui, des groupes mélangeant death, black et thrash, on en connait un paquet. Sauf que le quatuor californien ne les mélange pas tout à fait. N'attendez pas du tout un truc à la Impiety. Infirmity enchaîne un plan death, un riff thrash, une accélération black metal, etc. Il s'agit plus d'une superposition de couches que d'un véritable mélange car les styles ne fusionnent jamais vraiment. Du coup, l'écoute s'avère assez surprenante voire déroutante et on pourrait presque croire que différents groupes se relaient. Ça manque de cohérence et de fluidité, les plans s'enchaînent parfois maladroitement. Mais vous savez le pire dans tout ça ? C'est que ça fonctionne ! La production claire et puissante donne l'impact nécessaire, le riffing certes classique fait très bien son travail dans tous les styles avec une mention particulière pour les tremolos attestant d'un sens de la mélodie aiguisé, les solos se montrent inspirés, la basse a son mot à dire, les mecs ne sont pas manchots contrairement à ce que pourrait laisser croire leur patronyme d'handicapés. C'est efficace, ça bourre, ça groove, c'est varié, franchement il n'y a pas trop quoi se plaindre ! Je mettrais juste un bémol sur les breaks deathcore heureusement rares ou les plans les plus sautillants et modernes, ainsi que sur "Plastic Idols - The Obsessed", le morceau express le plus brutal mais le moins intéressant, surtout comparé à un excellent "Depths of Regression", le meilleur titre de l'opus et celui qui représente le mieux les différentes facettes de la formation .
Au bout du compte, c'est sans doute la déficience principale de Descendants of Sodom, cette succession abrupte de plans de styles et d'époques différents, qui lui confère tout son charme. Ce caractère bancal et naïf finalement attachant. Il faudra peut-être à l'avenir faire preuve de davantage d'homogénéité, de cohérence et d'unité entre les influences diverses des membres du groupe s'ils veulent aller plus loin. En attendant, pour un premier album et malgré les dix ans d'existence certes peu productives, le résultat fait son petit effet. L'écoute de Descendants of Sodom se révèle ainsi un vrai plaisir même après la dixième. Le blackened death thrashy du combo d'outre-Atlantique sait accrocher l'auditeur car il n'oublie pas les bases que sont les riffs et les mélodies. Infirmity a son petit truc à lui et s'il n'est pas parfait (qui l'est ?!) et qu'il ne satisfera pas tout le monde (qui y arrive de toute façon ?!), il fait preuve d'un vrai talent. Un groupe que je surveillerai désormais bien volontiers.
| Keyser 6 Mai 2020 - 719 lectures |
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