J’imagine que vous aurez deviné ce qui m’a poussé à poser une oreille sur le premier EP du jeune groupe australien
Ur Draugr pour la première fois. Si vous avez un doute, glissez légèrement votre regard sur la droite. Oui voilà vous avez trouvé ! Car non, ce n’est pas le nom du groupe, qui à part me rappeler le jeu Skyrim ne m’inspire rien, ni le passé douteux des membres du groupe (ayant joué dans des formations aux noms subtils tels que
DeathFuckingCunt ou
CorpseBitch), mais c’est bel et bien ce sublime artwork qui a largement contribué à ma découverte du groupe. Très personnel et riche en couleurs tout en restant dans des teintes assez sombres, la cover et l’artwork de ce
The Wretched Ascetic ne peuvent en effet que pousser les auditeurs potentiels à franchir le pas. Et bien en prendra à ceux qui auront tenté l’écoute de ce premier EP d’
Ur Draugr ! A l’instar de son artwork, l’œuvre s’avère en effet également très personnelle, très mature pour une première production, et surtout très réussie.
Le groupe définit lui-même sa musique comme étant du Blackened Death Metal. Si l’on ne peut nier que des éléments de ces deux scènes sont bel et bien présents, cette dénomination paraît toutefois assez réductrice au vu de la variété et de la complexité de la musique des australiens. A mon humble avis, la musique du groupe s’apparenterait plus facilement à une sorte de Death Metal expérimental très intelligemment ficelé et comportant de nombreuses influences diverses. C’est ainsi que l’EP s’ouvre avec l’intro de la chanson "Unseen Golgotha" et ses notes de guitare acoustique. La tension monte crescendo durant cette intro acoustique, avant que la musique ne parte dans le vif du sujet à partir de 1min 50. C’est donc à partir de ce moment-là que l’on découvre le visage d’
Ur Draugr, présentant une musique relativement lente, envoutante et dissonante. La voix correspond quant-à-elle tout à fait à l’ambiance que le groupe souhaite donner à sa musique. Le chant rauque et puissant de Drew Griffiths est en effet extrêmement nuancé, et s’apparente à un râle profond, chargé de mélancolie. Si l’ensemble de la galette parait donc totalement cohérent, chaque chanson contient son lot de surprises et de moments mémorables qui viennent dérouter l’auditeur. Les musiciens s’amusent continuellement à changer rythmes et mélodies, si bien que l’auditeur s’en trouve souvent surpris, voir confus lors de la première écoute.
Ur Draugr ne produit donc pas une musique que l’on écoute en faisant son sport ou le ménage. Le côté alambiqué de certaines rythmiques, les changements de rythme constants et la durée des deux « vrais » morceaux présents sur la galette (7 et 10 minutes) pourront en effet en rebuter certains. Néanmoins, ceux qui tenteront une écoute attentive de
The Wretched Ascetic ne le regretteront pas. L’EP est en effet chargé en moments forts, que ce soit l’intro acoustique de ’"Unseen Golgotha", les riffs dissonants ou les petites notes de basse tranchantes du titre éponyme, les raisons d’aimer la musique d’
Ur Draugr sont nombreuses. Cependant, vous aurez certainement remarqué que je n’ai parlé que de deux chansons, "Unseen Golgotha" et "The Wretched Ascetic", alors que l’album en comporte une troisième, "Sombre Moribund". La raison est qu’il s’agit d’un titre d’ambiance entièrement instrumental, ne comprenant que des voix torturées lointaines et des notes éparses de guitare acoustique. Si l’ensemble est agréable à écouter la première fois, il est fort probable que la majorité des auditeurs zappe cette chanson lors de leurs écoutes, car elle n’apporte pas grand-chose à l’ambiance de la musique des australiens, qui est déjà suffisamment bien retranscrite dans les deux « vrais » morceaux.
Pour l’anecdote, et pour ceux qui s’étonnerait de trouver un artwork aussi magnifique et travaillé pour un objet contenant tout juste 20 minutes de musique, sachez que le groupe avait l’intention de sortir un album complet en lieu et place de cet EP. Le groupe avait même enregistré en studio la totalité des morceaux sensés constitué
Augur Unboden, l’album qui aurait dû voir le jour. Cependant, un bug informatique causa la perte de toutes les chansons que le groupe avait enregistrées pour l’album, à l’exception de "Unseen Golgotha". Les australiens ne baissant pas les bras, et décidant de ne pas recommencer l’enregistrement des chansons perdues, décidèrent de conserver "Unseen Golgotha" et de composer deux nouveaux morceaux, "The Wretched Ascetic" et "Sombre Moribund". L’artwork devant figurer sur
Augur Unboden a été utilisé pour cet EP, et c’est pour ça que
The Wretched Ascetic jouit d’un artwork si reluisant.
Connaissant cette histoire, et au vu de la qualité de cet EP, on ne peut qu’être frustré de ne pas pouvoir se rendre compte du talent du groupe sur un format plus long. Pour rassurer les quelques fans qui commencent à émerger sur les réseaux sociaux, le groupe a affirmé qu’un album était en préparation et sortirait certainement d’ici la fin de l’année. Une bien bonne nouvelle ! En attendant, ces 20 minutes de Death Metal très personnel sont de très bons augures pour la suite.
Ur Draugr possède en effet déjà une identité propre, ainsi qu’un sens de l’ambiance très caractéristique. Il me tarde donc d’en entendre plus, et peut être même d’en voir plus, si le groupe continue de s’entourer d’artistes talentueux pour leurs artworks. Je conseille donc très fortement de poser une oreille attentive sur
The Wretched Asectic, tout en vous laissant vos yeux se régaler avec les œuvres supplémentaires présentes dans l’artwork de l’EP, dont vous pouvez trouver un aperçu ci-dessous.
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