Blood Of The Wolf - I: The Law Of Retaliation

Tu n'as pas eu l'intégrale de Malcolm en DVD à Noël? Ta copine t'a largué en plein ébat? Ton patron ne veut pas t'augmenter alors que tu vas au boulot presque tous les jours? Blood Of The Wolf a la solution. Une bonne grosse vengeance sanglante qui ne va rien changer à ta vie de merde mais qui va te faire un bien fou!

Après Cambion et Nex Carnis, voici donc la troisième belle surprise surgie de nulle part qui vient compléter le podium 2015 dans la catégorie death metal. Surtout que Blood Of The Wolf a le mérite de proposer un style de DM peu courant. La jolie pochette vous donne déjà quelques indices. Pas de gore, pas de evil, pas de Swedish, plutôt un truc belliqueux qui n'a pas l'air de faire dans la dentelle. Et c'est tout à faire le genre de musique que nous propose Blood Of The Wolf sur ce premier full-length I: The Law Of Retaliation sorti fin août dernier en autoproduction. Les Américains formés en 2013 n'avaient sorti jusque-là qu'une démo et un single dans l'anonymat le plus complet en ce qui me concerne, rendant la claque de la première écoute d'autant plus marquante. Le style alors? Une sorte de brutal blackened death metal épique et guerrier des plus efficaces qui tabasse sévère. Rarement d'ailleurs ai-je entendu un album qui blaste autant! On croise bien quelques mid-tempos comme ce ralentissement bien gras pour une fois typiquement américain sur "Borne Of Wind And War", deux-trois passages thrashisants à l'image de "Bellicose Ethos" et même un ou deux breaks calmes sur "Ours Is The Blood Of Courage" en son clair et sur "Lex Talionis" mais sinon, les blast-beats sont de sortie 80% du temps. Je peux vous dire qu'avec cette grosse production claire et puissante (batterie un peu trop synthétique toutefois pour chipoter), vous allez baver devant un tel déferlement de violence jouissive! Les growls redoutables, incisifs et intelligibles de l'excellent chanteur, parfois superposés pour encore plus de puissance, rajoutent encore un peu plus d'impact à un ensemble des plus dévastateurs.

La recette du quatuor de Chicago, qui compte dans ses rangs un ex-Nachtmystium et deux anciens Rellik, reste très simple mais foutrement efficace. Du gros blast qu'accompagnent en lead des tremolos mélodiques sur fond de riffing haineux plus ou moins typé brutal black (flagrant sur "The Darkness Of Chaos", morceau le plus BM de l'œuvre). Une influence non négligeable dont le groupe ne se cache pas puisqu'il nous offre à la fin une reprise de Marduk ("With Satan And Victorious Weapons" sans l'intro) très bien foutue car interprétée de façon personnelle sans dénaturer l'original et qui se fond à merveille dans le reste. Mais ce qui scotche avant tout, outre le mur de blasts qu'on se prend dans la tronche du début à la fin pendant trente-cinq minutes, ce sont bien ces nombreuses leads en tremolos mémorables qui offrent de belles progressions tout au long des compositions. Quel feeling! Des mélodies qui entrent en tête facilement pour un maximum d'efficacité et qui dégagent souvent de la nostalgie voire de la tristesse, donnant à I: The Law Of Retaliation une classe certaine et une dimension plus importante que du simple bourrinage, de la beauté dans la brutalité. Mon Satan celui de "Of Strength And Valor" à partir de 0'19! Mais tous auraient droit de cité tant la formation se montre impériale dans ce domaine, à vous hérisser les poils de plaisir! Celui de "Borne Of Wind And War" à la deuxième minute a un petit goût de death mélodique que d'habitude j'apprécie moyennement mais là, il passe nickel, sans doute grâce aux blasts furieux par-dessus. Pas de véritable solo par contre hormis un sur l'ultra radical et expéditif, le bien-nommé "Overretaliate", très bref mais au feeling et au toucher fort appréciables (ça sweepe!), réalisé par l'invité Johnny Dove de Everdying. On aurait du coup voulu en entendre davantage.

Il y a pire comme critique! Le vrai reproche concerne plutôt la répétitivité qui peut se faire sentir. L'album a en fait les défauts de ses qualités. Les blasts en continu et les tremolos, assez similaires entre eux malgré leur grande qualité, peuvent en effet entraîner une certaine monotonie chez l'auditeur. Rien de grave cela dit, ce n'est pas comme si l'opus durait une plombe et demie (hein Maiden!). Non, très peu de fautes de goût à relever sur ce I: The Law Of Retaliation qui fait un effet bœuf dès la première écoute et ne perd pas de son intérêt au fil du temps. Et de l'intérêt, il en a! À commencer par ce mélange détonnant de blasts ininterrompus (je voudrais bien voir le batteur Max Colunga en live voir s'il arrive à tenir le rythme tant ça me paraît inhumain!) et de tremolos à vous faire tourner la tête. Une surprise d'autant plus inattendue que peu de groupes américains sonnent de cette façon, avec ces mélodies omniprésentes, cette atmosphère épique et guerrière prenante ainsi que ces influences black metal. Je ne vois qu'Arghoslent ou plus récemment les prometteurs House Of Atreus de vaguement comparables dans l'esprit. Si Blood Of The Wolf nous vient donc bien des États-Unis, il aurait tout aussi bien pu se trouver en Australie ou pas loin, des combos comme Exordium Mors ou Mhorgl se rapprochant plus de la formation de l'Illinois. On peut même voir en Blood Of The Wolf une sorte de Deströyer 666 qui se serait mis au brutal death! Les deux partageant le même amour des tremolos mélodiques (et du loup!), un duo de guitares à la fois complémentaire et contrasté, une classe prestigieuse et une ambiance épico-guerrière (que l'on retrouve aussi chez les Anglais de Spearhead, quoique plus foncièrement belliqueuse) qui donne envie de conquérir un pays. Ça tombe bien d'ailleurs puisque avec cette chronique, je dépasse Chris et deviens donc seul maître du monde. Bow down before your new master!

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