Dalkhu - Descend... Into Nothingness
Chronique
Dalkhu Descend... Into Nothingness
Tout comme mes collègues, me voilà rattrapé par le rush de fin d’année (ou maintenant même de début d’année) par lequel nous allons coûte que coûte chercher à chroniquer les derniers albums que l’on souhaiterait incorporer dans notre bilan 2015. Le problème c’est que dans mon cas, c’est peine perdue. Les chroniques en retard s’étant accumulées de façon abusive, il est évident que je n’aurais pas le temps de vous parler de toutes mes bonnes surprises et de mes déceptions de l’année 2015. Il était donc temps de faire des choix, et alors que j’aurais également voulu vous parler du bon retour de Skinless, de la petite déception procurée par le tout de même sympathique dernier album de Slugdge ou encore de l’excellent Hochelaga de Dopethrone, Dalkhu sonnait pourtant comme une évidence. Non pas que les autres albums méritaient moins d’attention, mais tout simplement car Dalkhu est une surprise monumentale, une calotte qui sort de nulle part comme on en a eu que trop peu vue en 2015 en matière de Death Metal (mis à part le Cambion et le Blood of the Wolf, chroniqués en ces pages par notre cher Keyser).
Descend… Into Nothingness n’est que le deuxième album de ce groupe slovène pourtant formé en 2003, faisant suite à leur premier essai Imperator paru en 2010. 5 années de battement qui ont vu le départ de tous les membres du groupe à l’exception de J.G (guitare, basse). Le sieur ne se démonte pas pour autant et choisit alors de ne recruter qu’un seul nouveau membre pour son groupe, en la personne du vocaliste P.Ž., et de s’octroyer les services d’un batteur de session pour cet album (le très bon Spawn of the Void). Un choix qui ne sera pas anodin tant le timbre de voix de son nouveau compagnon vocaliste diffère avec le chant purement Black Metal de Berstuk, chanteur sur Imperator. P.Ž. possède en effet un growl monolithique puissant penchant entièrement du côté du (Brutal) Death Metal.
C’est donc logiquement que l’ensemble de la musique a ainsi évolué, passant du Black Metal classique de Imperator à un Blackened Death plus mature, sombre et envoûtant sur ce Descend… Into Nothingness. "Pitch Black Cave" annonce d’entrée de jeu ce qu’il adviendra de l’auditeur pour les 45 prochaines minutes avec ses riffs tourbillonnants dans une mélasse épaisse créée par cette production opaque, enlisant quiconque s’approche de trop dans une noirceur abyssale, rappelant l’ambiance capable d’insuffler à leur musique des groupes comme Pseudogod. Cependant, cette brutalité insondable n’est pas la seule arme du combo qui n’hésite jamais à briser cette opacité apparente par de petits artifices lumineux salvateurs, qui prennent ici sur ce premier morceau la forme de leads mélodiques (à 0’53’’).
En poursuivant l’écoute de ce deuxième album des slovènes, l’auditeur comprendra alors aisément que la stratégie du groupe se fonde sur ces alternances entre les deux facettes antonymes de sa musique. Dalkhu, tel une entité schizophrène aux personnalités totalement opposées, nous fait donc constamment voyager au travers ses deux univers, nous faisant par la même découvrir tantôt des blasts furieux et tantôt des leads lancinants sans que cela ne soit le moins déroutant du monde. La chanson "Distant Cry" illustre à merveille ce côté schizophrénique, voyant ses mélodies envoûtantes constamment brisées par des assauts toujours plus brutaux, et réciproquement, jusqu’à ce que ces deux aspects s’enchevêtres complètement pour former progressivement un magnifique imbroglio de mélodies et de blasts.
Le Dalkhu cuvée 2015 se présente donc comme une entité hybride arborant une violence frénétique constamment agrémentés et balancés par des éléments salvateurs pouvant prendre la forme d’un lead clair, de trémolos mélodiques ("Soulkeepers") ou même de riffs sonnant très « Viking », rappelant les premiers albums d’Enslaved "(Accepting the Buried Signs"). Tant d’éléments qui se fondent pourtant parfaitement dans le moule et qui créent un ensemble parfaitement cohérent, les changements entre chaque motif n’étant jamais maladroit. Ici chaque chanson suit son cour, sans aucune faute de goût ou redondance, évitant ainsi à l’ennui de pointer le bout de son nez. L’album s’achève même en beauté avec "E.N.N.F", pièce impressionnante de presque 10 minutes nous remémorant tous les bons éléments de l’album sur le point de s’achever. Une sorte de Best-Of qui a pour conséquence que, à la fin de l’album, l’on ressent irrémédiablement l’envie de se le repasser.
Descend… Into Nothingness est donc une franche réussite. Un album très personnel et bien composé de bout en bout, aux multiples facettes toujours bien maniées et à l’assemblage sans accroc. L’album jouit de plus d’une production efficace, puissante tout en étant assez lisible pour permettre au groupe de laisser toutes ses personnalités s’exprimer sans que cela ne devienne trop brouillon. Dalkhu nous offre donc une bien belle surprise dans une année 2015 qui a été bien pauvre en découvertes et rien que pour ça on ne peut que les remercier pour ce Descend… Into Nothingness.
| Høsty 9 Janvier 2016 - 1210 lectures |
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