War Inside - Almighty Earth
Chronique
War Inside Almighty Earth
S’il n’est pas le nom le plus connu de la scène nantaise (comme nationale) WAR INSIDE le doit sans doute à une faible productivité et surtout à une attente interminable pour accoucher de ce troisième album, qui a failli ne jamais voir le jour. Car si le début de carrière du quintet avait commencé sous les meilleurs auspices avec les réussis « Welcoming The Crow » et surtout « S.U.T.U.R.E », il a lui a ensuite fallu huit années pour donner un successeur à ce dernier disque en date entrecoupé de longues périodes de silence. Il est vrai qu’en interne les choses ont été compliquées avec de nombreux mouvements de personnel (certains ne restant que très peu de temps à bord pour mieux repartir ensuite), qui n’ont pas aidé à entamer sereinement le travail pour ce nouvel opus mais dont la motivation des deux derniers membres historiques (Edouard à la guitare rythmique et Thomas Chamereau à la batterie) a néanmoins permis de franchir ces écueils sans trop de dommages collatéraux. Espérons en tout cas que le line-up soit désormais stabilisé car ce nouveau chapitre n’a pas à rougir par rapport aux précédents, vu que ses auteurs officient toujours dans un Blackened Death Metal aux accents modernes et froids qui sait se faire respecter durant pratiquement trois quart-d’heure, et dont la qualité globale est même supérieure par rapport à celle de leurs précédentes sorties.
Car si l’on pouvait reprocher aux galettes antérieures de s’essouffler légèrement à la longue et d’être un peu répétitives sur la durée, ici il faut reconnaître qu’il n’y a rien de tout cela vu que ça reste homogène et puissant sans jamais voir poindre une once de linéarité. Preuve en est dès le départ via le remuant et dynamique « Suyrumama » qui va mettre en avant tout la palette de jeu du groupe en allant du plus lent au plus rapide, et même au niveau intermédiaire en y ajoutant quelques cassures bienvenues. Jamais indigeste l’ensemble y est d’une fluidité permanente et voit aussi émerger une froideur constante au sein d’une obscurité pénétrante et intégrale. D’ailleurs cette noirceur va se retrouver plus en avant dans la foulée sur l’impeccable « Almighty Earth » où la lenteur a droit à plus de place, portée par quelques riffs syncopés et où ça n’hésite jamais à accélérer pour faire mal aux cervicales... comme avec la plage suivante (« Dead Will Never Die ») suite logique de celle qui l’a précédée. En effet si ça va montrer plus de variété et un grand-écart plus massif on va garder cette base rampante et oppressante la majeure partie du temps, avant que l’explosion finale nous rappelle que les mecs font aussi très mal quand ils lâchent les chevaux. Et si le début de cette première partie a montré de bien belles choses sa fin va être du même acabit avec notamment l’impeccable « Mist Of Chaos », aux accents Hardcore bien troussés où quelques chœurs émergent du chaos ainsi que des notes éthérées planantes qui amènent un supplément de densité quand la brutalité revient aux fondamentaux.
Du coup on ne sera pas étonné que la seconde moitié de ce long-format grimpe plus haut encore en attractivité, comme par exemple avec l’excellent « My Ineffable Wrath » où le côté mélodique y est fortement prononcé et appliqué avec soin, sans tomber dans de la soupe sirupeuse. Mettant la brutalité en recul par rapport aux choses proposées jusque-là la formation se concentre ici sur une vision plus accessible absolument réussie, où la violence bien que plus discrète sait encore se montrer quand il le faut... tout ça avec une vraie qualité d’écriture, montrant que cet enregistrement est clairement le plus diversifié de l’histoire de ses géniteurs. Gardant ce soupçon mélodique sur le redoutable « The Hell You Built » ceux-ci montrent là encore un versant moins brutal et plus massif où le bridage est de rigueur, créant ainsi un ressenti inquiétant et obscur plus généreux qu’auparavant... tout ça avant que l’enchaînement avec « Unleashing » ne les voit revenir vers leurs fondamentaux tant ça va tabasser et jouer sur l’explosivité permanente. Offrant en prime un large panel rythmique on est pris ici d’une furieuse envie de tout envoyer valdinguer... avant de reprendre son souffle pour apprécier le lead tout en finesse. Groovesque à mort cette composition est un des points d’orgue de cette sortie qui n’en manque pourtant pas, et ça n’est pas avec la conclusion intitulée « Under The Curse » que les choses vont changer... bien au contraire. Car malgré une durée un peu excessive (plus de huit minutes !) on va découvrir ici quelques relents Doom du plus bel effet avant que le tout ne reparte tambour battant sur le côté explosif comme ralenti, histoire de clore les débats de façon équilibrée et sans fautes de goût.
Car il est indéniable qu’on est en présence d’une sacrée réalisation qui mérite clairement d’être mise en avant, prouvant une fois encore que notre beau pays a de la ressource en matière de scène extrême quel que soit le genre joué. Habiles sur leurs harmonies comme sur leur radicalité les membres livrent un enregistrement riche en antagonismes, où la lumière côtoie tranquillement la nuit éternelle sans que l’une n’efface l’autre et avec une vraie habileté dans l’exécution. En espérant maintenant qu’ils soient désormais reconnus à leur juste valeur et qu’en interne les titulaires des postes n’évoluent plus, afin qu’ils puissent dorénavant continuer à transmettre la bonne parole de façon plus régulière et se faire connaître et reconnaître au-delà du cercle restreint où leur travail en commun est confiné depuis sa création. Comme quoi s’accrocher et ne rien lâcher est toujours positif et finit toujours par payer, donc on ne peut que s’incliner devant ce résultat à la hauteur des espoirs engagés qui montre que la guerre intérieure est enfin arrivée à maturité et qu’elle n’a surtout pas encore tout dit tant elle arrive facilement à jouer sur différents tableaux et dévoiler nombre d’émotions sans tomber dans le trop-plein. Une vraie performance en soi... signe donc qu’il faut clairement poser les deux oreilles sur ce nouveau volet de ses aventures qui va demander du temps et de la patience pour être totalement assimilé, tant il se dévoile progressivement à chacune des écoutes... qui seront donc nombreuses au final, garantissant une rentabilité auditive à son maximum et avec un plaisir contagieux.
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