Pourquoi m'embêterais-je à chercher dans les légions noires ce que beaucoup semblent y trouver, alors que j'ai ce disque ? C'est une question que je me pose à peu près à chaque fois que j'écoute
Kruzifixxion.
En effet, je retrouve ici ce que d'autres louent dans ce collectif « culte ». L'agression excessive ? Le son qui n'a pas d'autre objectif que d'être désagréable ? L'hystérie comme démarche de chaque instant ? Les Allemands de Katharsis ont tout cela sur cet album, au point d'y voir, au-delà d'un attachement revendiqué au black metal le plus pur, une réponse à une certaine période où le but était de s'éloigner le plus possible des notions d'harmonie, beauté et consorts.
Raison pour laquelle il a été, pendant longtemps, l’œuvre de la formation que j'appréciais le moins.
Kruzifixxion n'a ni l'accroche de
666, ni la sauvagerie perpétuelle de
VVorld VVithout End. Il est, sans surprise, un disque de black metal, dans ce que ce dernier peut avoir de plus pouilleux, abrasif, ridi-culte. En premier lieu par ce chant d'adolescent cherchant à faire peur, aigu et volontairement irritant. Mais également par ses morceaux longs et outranciers, acculant de vitesse effrénée mon cerveau attaché au doom. Violent, régressif, « harsh », oui, mais pourquoi faire ?
Force est de reconnaître que le temps (ainsi qu'une tristesse de ne plus voir Katharsis avoir une quelconque actualité) m'a fait considérer ces quarante-deux minutes sous une nouvelle nuit. Petit à petit, le crucifié fait son nid : c'est justement ce savoir-faire, que les Allemands ont eu dès leur début, qui fait la différence entre ce que l'on trouvera de bandes peinturlurées fanatiques des origines et eux. Il y a ces petites touches, ces emphases, une lead passionnée sur « The Last Wound », un clavier théâtral ouvrant le rideau des horreurs sur « Blood Stainth the Temple Stones ». Il y a surtout cette capacité incroyable à faire se sentir sorcière esseulée dans une forêt où maudire les fayots de la foi, la saleté comme maquillage, l'engeance comme discours. Cette voix, si elle n'est pas encore LA voix, possède en ces lieux une émotion palpable derrière l’extrémisme qui fait voir sa possession – inutile de dire par qui – comme une douleur, une brûlure du froid allant jusqu'au cœur.
Osons : pour tout acharné, jusqu'au-boutiste, répugnant que cherche à être
Kruzifixxion, il devient au fur et à mesure un exemple de la poésie dont un certain black metal s'est fait l'écrivain, cette même grâce inversée que Lautréamont cherchait dans la noirceur absolue de ses chants, la grandiloquence de la laideur louée telle une muse. Plus que les quelques moments fondamentalement ravageurs contenus ici (raaaaah, « Painlike Paradise » !), c'est cette impression de geste continu, de plongée bornée dans la crasse, de bouffonnerie du macabre, de sarcasme établi comme seul à même de répondre aux boniments des bons sentiments qui fait le sel de cette musique. Katharsis, clairement, n'a jamais fait autre chose que se promulguer héraut de son style. Mais chaque longue-durée créé par sa main est un pas de plus vers la substantifique moelle, le blasphème dont on ne parviendra jamais à se laver. Logiquement,
Kruzifixxion se dirige davantage vers cette forme de crime parfait que
666…
...Et, logiquement, il la réussit un peu moins que
VVorld VVithout End. Cela se joue à peu, quelques passages involontairement flottants, une raideur qui s'étiole le temps de quelques trop larges répétitions. Une fine marge de manœuvre où se dire que Katharsis ne mérite pas encore continuellement son nom, où ses envies de goule enveloppant le ciel de sa colère (criantes sur « Infernal Solar Vortexx ») se font encore un peu transparentes. Un détail, à remettre à l'échelle de ce groupe décidément pas comme les autres dans sa ferveur. Car, à ce stade, il ne lui restait plus qu'à usurper définitivement le trône et donner envie de rire avec lui contre tout et tout le monde, dans un monde sans fin.
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