Balrog - Ars Talionis
Chronique
Balrog Ars Talionis
(The Art Of Retaliation)
Pas content. Voilà deux mots qui peuvent résumer l'émotion dégagée à travers ce nouveau Balrog. Et l'on peut légitimement se poser la question de savoir pourquoi, notre cher Sébastien n'est pas content. C'est vrai, cet homme a tout : outre Genital Grinder et Balrog, il joue dans Aborted, groupe grâce auquel il est devenu riche et célèbre, à défaut d'être beau. A lui les putes, la coke, le caviar et le champagne à volonté, et, en plus d'une voiture de fonction, il se murmure qu'il aurait une place réservée dans Wikked Wytch. Malgré que le fait qu'il soit le nouveau batteur de Scarve se soit avéré une rumeur, qui ne l'envierait pas ?
« Mais pourquoi tant de haine ? » pourrait-on alors se demander à l'écoute de cet album. Et bien pour une fois, nul homme déguisé en orange sanguine et armé d'une tronçonneuse ne viendra vous donner la réponse.
Peut être vous souvenez-vous comme moi de la sortie il y a un an et demi de Bestial Satanic Terror, second album de Balrog, qui reçu un accueil plutôt bon de la part de la critique, malgré un lot de détracteurs qui reprochaient à une production trop lisse un manque d'ambiance discutable. Personnellement, j'ai toujours trouvé que BST était un très bon album de black/death, malgré quelques défauts au niveau de la production (à commencer par une batterie un peu trop en avant), mais il faut dire que j'avais une affection toute particulière envers le line-up de l'époque, composé de Anthony et Olivia Scemama (respectivement membre de Misanthrope et ex-membre de Garwall, Aborted ou No Return) et Gaël Féret (lui aussi membre de Misanthrope).
Mais, comme l'abjecte bébête noire est le seul maître à bord, il a suffi d'une divergence d'opinion entre les membres du groupe pour qu'il licencie sans indemnités nos trois talentueux musiciens, les remplaçant au pied levé par trois nouveaux fous prêts à se donner corps et âme à Balrog. C'est sûrement cela qui a permis au groupe de partir sur de nouvelles bases. Oubliez le black/death de BST, avec ce Ars Talionis, Balrog renoue avec le black malsain de Kill Yourself, son premier album, et se permet même de reprendre « All Life Will Turn Into Death », tout droit sorti de cette galette datant de 2001. La seule différence, c'est qu'il est encore plus poisseux, crasseux, malsain, dérangé et dérangeant que tout ce que le groupe a pu faire auparavant.
Et pour obtenir ce résultat saisissant, rien ne fût plus simple : finis les plans compliqués et le raffinement tout death metal présent sur BST, ce Ars Talionis retourne aux fondamentaux : des riffs relativement simples, quelques arpèges par ci par là pour planter le décor, peu de variations, et un jeu de batterie massif qui colle étonnement bien au black metal primaire de l'album – chose qui n'était pas gagnée d'avance, sachant que le nouveau batteur du groupe n'est autre que Gaël Barthélemy, qui a officié entre autres dans Drowning et, excusez du peu, le groupe de death floridien Diabolic.
Mais ma chronique ne serait pas complète sans évoquer ce qui fait tout le charme et la spécificité de cet album, à savoir sa production. Oubliez les productions proprettes et gentillettes des groupes de black metal de bac à sable pour lecteurs de Hard N Heavy comme Secrets Of The Moon, notre bon Sébastien a bien compris que le black metal se doit d'être cru, sans concession et surtout malsain. Donc pour renforcer cet aspect déjà bien présent dans les compositions du groupe, l'affreux butor – qui en plus de tout le reste s'est bien sûr chargé de la production – a rangé son ENGL flambant neuf pour ressortir son vieux Marshall qu'il a poussé à fond, et devant lequel il a mis ses micros. De même au niveau de la batterie, nul artifice ne viendra vous gâcher l'écoute, tout dans la production de cet album est naturel, et peu voire pas du tout retravaillé. Le résultat est un rendu grésillant et admirablement old-school qui renforce encore l'aspect malsain et cru de ce Ars Talionis, sans toutefois nous donner l'impression à quelque moment que ce soit d'écouter une démo. Si la production du précédent album pouvait porter à débat, celle-ci n'aura pour seul effet que de vous donner froid et vous tordre les boyaux comme si vous aviez mangé une escalope restée deux semaines oubliée au fond du frigo (croyez-moi, ça vous calme un homme).
Vous l'aurez compris, notre artiste mégalomane a réussi dans un admirable tour de force à pervertir tout ce qu'il touche, y compris d'ailleurs les morceaux de Deicide et Bathory excellemment repris venant clôturer ce Ars Talionis. Grâce à une production extrêmement habile et une composition froide et envoûtante, ce nouveau Balrog me conquiert de plus en plus à chaque écoute. Et si je voulais au départ lui mettre un très bon 8/10, il s'en tirera finalement avec un excellent 8,5/10, qui souligne le fantastique travail accompli dans la mise en place d'une ambiance ultra glauque comme on en entend malheureusement plus assez dans le black metal actuel. Et si avec ça j'ai pas gagné ma place dans les folles soirées black metal parisiennes avec le champagne et la coke à volonté, je ne sais vraiment plus quoi faire.
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