Merrimack - Of Grace And Gravity
Chronique
Merrimack Of Grace And Gravity
Merrimack est de ces groupes étranges, qu’on semble connaitre depuis toujours mais dont on s’aperçoit, en jetant un œil sur leur discographie, qu’en réalité, on ne les connaît pas si bien que cela. Si le groupe occupe la scène depuis près de 30 ans, j’avoue m’être en partie arrêté à Of Entropy and Life Denial, que j’avais beaucoup apprécié à l’époque, soit des lustres. Une brève écoute de la suite ne m’avait pas semblé de nature à me sortir de mon hibernation, tant le black du combo francilien paraissait rentrer dans le rang. Seule la dernière production – Omegaphilia – m’était apparue comme parfaitement magnifique dans une scène saturée de combos jouant tous la même chose. Ainsi que je l’écrivais dans ces mêmes colonnes en 2017 : de fait, Omegaphilia se révélait finalement en pièce de choix. Les riffs assassins le disputaient aux ambiances élégantes. Le Merrimack 2017 était, pour ma part, torturé et aristocratique. Celui de 2023 lui emboite gentiment le pas.
Comme pour Omegaphilia, les morceaux, l’ambiance, l’univers développé sur Of Grace and Gravity ne sont pas de suite accessibles. Ils demandent du temps, des écoutes, une attention spécifique. Sulphurean Synods, qui ouvre l’album, en est un parfait exemple. Le mid-tempo et les atmosphères orthodoxes du combo français se retrouvent à l’identique, axés néanmoins davantage sur des riffs tournoyants. La structure est comme à son habitude, chargée en informations, très dense mais audible sans difficulté. Pour autant, c’est précisément cette surcharge de données qui pousse l’auditeur à une attention soutenue.
Sublunar Despondency, Dead and Distant Clamors et Wounds that Heal opèrent selon les mêmes schémas. Les structures sont très travaillées, quasi prog’ par endroits (le pont central sur Sulphurean Synods), mélangeant sans cesse mélodies et riffs acérés d’un côté (le départ magnifique de Sublunar Despondency ou encore celui de Dead and Distant Clamors), lenteur mélodique et accélération brutale de l’autre (la seconde partie de Sulphurean Synods, tout Sublunar Despondency, les divers ponts sur Wounds that Heal). L’emphase est largement sollicitée (la fin de Sulphurean Synods, Wounds that Heal) et constitue souvent l’un des fils conducteurs des morceaux (Sublunar Despondency et Dead and Distant Clamors, portés également par un son très chaud, Under the Aimless Spheres aussi).
La dernière partie de l’album, qui s’ouvre avec Starving Crowns, s’oriente vers des horizons sensiblement différents. Plus orthodoxes encore, les morceaux sont aussi plus dissonants, plus ambiancés. Starving Crowns et Embalmer’s Wine rappellent directement les riffs réverbérés de DSO, quasi post, pour une progression lente et particulièrement mélodique. La profondeur des titres est remarquable, la chaleur du son aussi. Les cassures, notamment sur le pont central de Starving Cronws où l’accélération est dévastatrice, rappellent encore DSO et la vague orthodoxe. Naturelles et bien amenées, elles participent pleinement à la vie des morceaux (Under the Aimless Spheres).
Le black de Merrimack n’est pas sale, harsh ou extrême. Il est technique, travaillé, très ambiancé. Ce n’est pas, à la vérité, mon black préféré mais il faut admettre, de nouveau, que ça joue bien et que les compos sont de belle qualité. Très égal sur la longueur, Of Grace and Gravity ne décevra pas ceux qui ont aimé Omegaphilia.
| Raziel 16 Décembre 2023 - 1815 lectures |
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