L’arrivée dans les semaines à venir du cinquième album d’Archgoat m’a fait me souvenir que certaines sorties des frères Puolakanaho manquaient encore cruellement à l’appel sur Thrashocore. Si je ne me suis pas fixé pour mission d’aborder ici ou ailleurs toute la discographie du groupe finlandais dont certaines sorties s’avèrent quand même largement dispensables ou en tout cas réservées aux seuls fanboys de la formation, faire l’impasse sur
Heavenly Vulva (Christ's Last Rites) me semblait néanmoins bien mal avisé...
Paru en octobre 2011 sur Debemur Morti Productions, ce court EP de seize minutes se dévoile en premier lieu à travers l’artwork sulfureux d’un Chris Moyen ici comme à la maison. Pourvue de ce coup de crayon si caractéristique, cette oeuvre qui pue le sexe mais surtout le blasphème ne pouvait pas mieux coller à l’univers d’Archgoat et à ce titre sans équivoque. Enregistré comme toujours au Temple Of The Blackmoon studio,
Heavenly Vulva (Christ's Last Rites) se propose de nous faire découvrir six nouvelles compositions (dont une introduction) pour une durée contenue qui, on l’a vue, dépasse de peu le quart d’heure. Alors certes, ce n’est pas beaucoup mais celui-ci aura eu le mérite de nous faire patienter un petit peu avant la sortie quatre ans plus tard de
The Apocalyptic Triumphator.
Archgoat faisant du Archogat depuis déjà belle lurette, je vais essayé de faire court sur mon laïus lié à l’originalité ou plutôt à l’absence totale de prise de risque dont fait preuve la formation depuis maintenant trois décennies. C’était déjà le cas il y a dix ans quand est sorti ce EP et ça le sera encore assurément dans quelques jours lorsque nous aborderons ensemble le cas de
Worship The Eternal Darkness. Car non, rien n’a changé chez les Finlandais depuis le début des années 90, époque à laquelle le groupe originaire de Turku réussissait à marquer le genre de son empreinte grâce à un Black Metal bestial, certes rudimentaire et effectivement quelque peu répétitif, mais néanmoins doté d’une capacité destructrice absolument grandiose. Du coup, si par le plus grand des hasards vous n’aviez encore jamais posé vos oreilles sur
Heavenly Vulva (Christ's Last Rites), je ne vous apprendrai rien si je vous disais qu’il n’y a rien d’autre à attendre de ces nouveaux morceaux que ce à quoi les frangins nous ont toujours habitué depuis 1991 et la sortie de
Jesus Spawn.
Passé cette introduction qui va pour une fois nous mettre sobrement dans le bain (pas de porc que l’on égorge ni de femme qui jouit mais seulement les élucubrations traficotées d’un énergumène probablement encapuchonné), les Finlandais vont attaquer sans plus attendre avec un "Blessed Vulva" contenant à peu de chose près tout ce que l’on peut attendre d’un titre d’Archgoat. Soit une production toujours aussi dense et abrasive, des riffs à trois notes effectivement très simples mais surtout diablement efficaces et déroulés sans surprise sur fond de blasts ultra entêtants, des séquences mid-tempos naturellement taillées pour briser des nuques avec parfois en supplément quelques touches de synthétiseur proposées par exemple sous la forme de voix lointaines et fantomatiques et enfin en guise de cerise sur le gâteau le growl dégoulinant et chargé de Lord Angelslayer aka Rainer Puolakanaho.
La suite, et je n’apprends rien à personne, va suivre peu ou prou le même schéma avec évidemment toujours autant de réussite. On soulignera néanmoins ce sample tout en finesse servant d’introduction à "Goddess Of The Abyss Of Graves" où l’on peut y entendre les gémissements de plaisir d’une femme en plein coït suivi du cri de satisfaction d’une chèvre possédée, l’orientation mid-tempo d’un « Day Of Clouds" menaçant qui va naturellement contraster avec toutes ces attaques dispensées par Archgoat sur "Blessed Vulva", "Goddess Of The Abyss Of Graves", "Penetrator Of The Second Temple" et "Passage To Millennial Darkness", attaques menées évidemment le plus clair du temps le couteau entre les dents. Enfin, et même si vous allez dire que je ressasse, difficile de ne pas succomber à cette science du riff Punk passé à la moulinette Black Metal (simple, direct, redoutable, efficace en chaque occasion), à cette aisance que possède Archgoat pour caler des breaks et autres ralentissement à devenir chèvre ("Blessed Vulva" à 0:51, 1:29 et 2:33, "Goddess Of The Abyss Of Graves" à 0:55 et 2:17, les premières notes de "Penetrator Of The Second Temple" ainsi qu’à 1:15 et 1:38 et "Passage To Millennial Darkness" à 1:05) et à créer ces atmosphères blasphématoires et dépravées toujours aussi délicieuses.
Voilà pour ce
Heavenly Vulva (Christ's Last Rites) pour lequel il ne me semble pas utile de broder davantage. Comme je l’ai déjà évoqué un peu plus haut, Archgoat continue ici de faire du Archgoat sans apporter quoi que ce soit de neuf à se caler sous la dent. Certes, il faudra aller voir ailleurs pour espérer être un minimum surpris mais dans ce monde qui bouge à cent à l’heure et ne cesse de changer, il est bon parfois de pouvoir se réfugier vers quelques valeurs sûres qui elles n’ont pas l’intention de jouer le jeu du renouveau et de la mise en péril.
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