On savait Archgoat particulièrement actif depuis maintenant quelques années mais à vrai dire je ne m’attendais pas à un retour aux affaires aussi prompt de la part des Finlandais puisque quelques mois seulement après la sortie de l’excellent
Worship The Eternal Darkness, le groupe originaire de Turku signait son retour avec la parution en avril dernier de ce nouvel EP intitulé
All Christianity Ends.
Peut-être ne l’avez-vous pas encore remarqué mais celui-ci tire son nom de l’un des titres de leur dernier album. Un parallèle qui n’a rien d’anodin puisque les quatre morceaux ici présents sont en effet issus des mêmes sessions d’enregistrement. Alors évidemment, les mécréants et autres personnes de peu de convictions auront vite fait de s’imaginer qu’il ne s’agit là que de "Faces B" inutiles n’ayant pas eu les qualifications requises pour trouver place sur album. Je crois surtout qu’il était hors de question de caler ces dix-sept minutes à la suite des quarante-et-une d’un
Worship The Eternal Darkness se suffisant amplement à lui-même. Du coup, plutôt que de laisser pourrir ces quelques titres dans l’ombre, le groupe a eu l’idée judicieuse (et probablement un poil lucrative) d’en proposer un EP.
Le mot "changement" n’étant, on le sait, pas au vocabulaire des Finlandais (malgré le retour du logo de la première heure, celui de la démo
Jesus Spawn), le groupe à de nouveau fait appel à l’inévitable Chris Moyen qui pour l’occasion signe une oeuvre blasphématoire toujours aussi profondément anti-chrétienne. Certes, on connait la chanson par coeur mais l’illustrateur français s’est au fil du temps imposé comme un membre d’Archgoat à part entière et il serait particulièrement étrange (et même très surprenant) de voir aujourd’hui quelqu’un d’autre se charger de l’identité visuelle des Finlandais. Derrière les potards on retrouve évidemment Kai Puolakanaho et Teemu Velin puisque ce sont eux qui étaient déjà en charge de la production de
Worship The Eternal Darkness. De fait, vous ne serez probablement pas surpris si je vous dit que ces quatre titres s’inscrivent naturellement dans la continuité de ce cinquième album qui, rappelons-le tout de même, n’a pas manqué de convaincre.
Aussi, "Ascension Towards The Promethean Fire", "Crown Cloaked With Death", "Nightside Prayer" et "The Semen Of Anti-Mastery" suivent à peu de choses près le déroulement de n’importe quel morceau d’Archgoat avec notamment ces sempiternels samples qui puent toujours autant la chèvre, la perversion et le blasphème. Des samples qui d’ailleurs s’épuisent quelque peu (notamment sur "Crown Cloaked With Death") même si on comprend que le groupe ait souhaité rendre évident ce parallèle évoqué plus haut et qui frisent même parfois un petit peu le ridicule comme celui servant d’introduction à "Nightside Prayer" et qui pour le coup n’est vraiment pas fameux... Heureusement, c’est bien là le seul reproche que j’adresserai à ce EP puisqu’à formule en tous points identiques, je reste une fois encore sous le charme de ce Black Metal sauvage et primitif.
Car oui, on retrouve ici tout ce qui fait l’identité d’Archgoat depuis ses premiers balbutiements au début des années 90. De ces riffs archaïques de seulement quelques notes exécutés à toute berzingue ("Ascension Towards The Promethean Fire" à 0:53, "Crown Cloaked With Death" à 0:34, "Nightside Prayer" à 0:13...) à ces accélérations sauvages et abrutissantes menées le crucifix entre les dents ("Ascension Towards The Promethean Fire" à 0:53, le fulgurant "Crown Cloaked With Death" à 1:22, "Nightside Prayer" à 0:24...) en passant bien évidemment par tous ces breaks et autres décélérations à rendre complètement débiles ("Ascension Towards The Promethean Fire" à 3:08, "Nightside Prayer" à 0:35 et 3:02, "The Semen Of Anti Mastery" à 1:53) ou bien encore ce chant glaireux du meilleur effet ainsi que ces ambiances délétères renforcées par l’appuie de ces nappes synthétiques discrètes mais efficaces ("Ascension Towards The Promethean Fire" à 3:16, "Nightside Prayer" à 0:35), l’auditeur habitué au Black Metal des Finlandais sera vite ici comme à la maison. Certes, il n’y a aucune surprise à attendre de ces quatre compositions définitivement cousues de fil blanc mais en dépit d’un certain rigorisme, difficile de ne pas prendre son pied à l’écoute de ce Black Metal bestial et régressif qui encore une fois tape fort et juste sans jamais donner l’impression de forcer.
Servi par cette même production particulièrement abrasive,
All Christianity Ends coche toutes les cases d’une sortie estampillée du sceau d’Archgoat. De fait, même s’il est vrai qu’une certaine lassitude pourrait effectivement pointer le bout de son nez à force de répéter encore et toujours la même formule sans rien remettre en question, c’est plutôt de l’enthousiasme qui ressort à nouveau à l’écoute de ces quelques titres sans surprise mais d’une efficacité toujours aussi redoutable. Bref, Archgoat continue de faire du Archgoat et en ce qui me concerne, cela me convient amplement.
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