Si ma dernière chronique d’Archgoat remonte à trois ans déjà, je sais pourtant que celle qui va suivre va être truffée des mêmes comparaisons, adjectifs et autres dithyrambes... Eh oui, c’est comme ça puisque se plonger dans l’écriture d’une chronique ou dans l’écoute d’un nouvel album des Finlandais c’est effectivement faire face à une rengaine qui n’en finit pas. Une rengaine face à laquelle nous ne voudrions néanmoins pas voir se dessiner l’ombre d’un changement. Allez comprendre... Un constat dressé sans aucun reproche puisqu’à titre personnel et comme beaucoup de ceux qui liront cette chronique, je reste sous le charme du Black Metal primitif pratiqué par un Archgoat qui depuis plus de trente ans déroule les mêmes poncifs éculés et cela sans jamais sourciller. D’ailleurs vous comme moi le savez très bien, que serait un album des Finlandais sans par exemple un sample de chèvre en rut ou celui d’une femme en train de prendre vraisemblablement beaucoup de plaisir ? Intitulé
Worship The Eternal Darkness, ce cinquième album ne va pas faire exception à la règle.
Mené d’une main de maître par les frangins Puolakanaho, Archgoat va rester fidèle à ce modèle qu’il a façonné depuis maintenant plus de trois décennies. Cela commence par cette identité visuelle signée bien évidemment des mains expertes de monsieur Chris Moyen qui livre ici une oeuvre simple mais ô combien efficace soulignant toujours aussi subtilement le propos profondément blasphématoire des Finlandais. Autres collaborateurs de longue date, Philippe Moreira de Debemur Morti Productions chez qui le groupe est hébergé depuis maintenant un peu plus de dix ans ainsi que Teemu Velin qui après
Heavenly Vulva (Christ's Last Rites) et
The Apocalyptic Triumphator reprend ici la main en tant que producteur. Bref, vous l’aurez compris, rien de neuf sous le soleil de Turku et ce ne sont certainement pas ces dix nouvelles compositions qui viendront me contredire.
Calé sur le même schéma que n’importe quel autre album des Finlandais,
Worship The Eternal Darkness s’ouvre par une introduction sur laquelle je vous le donne en mille on peut entendre quelques chèvres et autres râles orgasmiques féminins... Une entrée en matière sans grande surprise mais qui a au moins le mérite de nous faire sentir ici comme à la maison (enfin façon de parler hein car je n’ai ni chèvres ni souvenir d’aucune orgie dans mon salon). Passée ces cinquante premières secondes qui conforteront tout le monde sur l’idée qu’il n’y a rien de neuf à attendre de ce nouvel album, le trio va rapidement embrayer sur ce qu’il sait faire de mieux : dérouiller l’auditeur à coups de déflagrations sauvages et briser des nuques sans pitié aucune grâce à tous ces breaks et autres passages mid-tempo aussi jouissifs que débiles. Une recette toujours très simple mais dont l’efficacité qui en découle donne toute sa saveur au Black Metal des Finlandais.
Vont donc se succéder dans un ordre plus ou moins aléatoire les éléments suivants :
- Riffs à trois notes répétés ad nauseam de manière à rendre l’auditeur complètement neuneu ("Heavens Ablaze", "Black Womb Gnosis", "In Extremis Nazarene", "Empyrean Armageddon"... Tout l’album en fait).
- Séquences de Punk à chien assurément pas très frais (les premières mesures de "In Extremis Nazarene", "Rats Pray God" à 0:20, "Worship The Eternal Darkness" à 1:39).
- Tchouka-tchouka des familles ("Black Womb Gnosis" à 1:07, "In Extremis Nazarene" à 2:06, "Rats Pray God" à 0:34, "Blessed In The Light Of Lucifer" à 0:21).
- Accélérations menées le couteau entre les dents (les entames tonitruantes des excellents "Heavens Ablaze" et "Black Womb Gnosis", "In Extremis Nazarene" à 0:07, "Empyrean Armageddon" à 1:01 et ainsi de suite pendant plus de quarante minutes...).
- Breaks idéal pour muscler votre délicat petit cou en attendant la reprise des concerts ("Heavens Ablaze" à 1:24, "Black Womb Gnosis" à 1:51 et 3:32,
"All Christianity Ends" qui joue ici le rôle du titre mid-tempo tranquille avant de repartir en guerre cinq minutes plus tard, "Rats Pray God" à 1:41...).
- Séquences au groove chaloupé et blasphématoire
("All Christianity Ends" à 1:44 et 3:43, "Empyrean Armageddon" à 0:37, 1:22, 3:01 et 4:09, "Blessed In The Light Of Lucifer" à 1:54, "Worship The Eternal Darkness" à 1:11).
- Solos mélodiques qui depuis leur arrivée en 2019 semblent vouloir prendre racine ("Black Womb Gnosis" à 1:51, "In Extremis Nazarene" à 2:58).
- Samples (pas de cochon sur ce cinquième album mais quelques rats ainsi bien évidemment que ces sempiternelles cloches et autre feux sacrificiels) et nappes de synthétiseur (ces voix masculines ou féminines sur
"All Christianity Ends", "Heavens Ablaze", "Black Womb Gnosis", celles plus religieuses sur "Blessed In The Light Of Lucifer", etc) qui vont permettre d’étoffer ces atmosphères qui puent toujours autant le sexe et l’anti-christianisme.
Comme vous l’avez probablement deviné si vous n’avez pas encore posé vos oreilles sur ce disque,
Worship The Eternal Darkness s’inscrit naturellement dans la continuité des précédents travaux d’Archgoat, ni plus, ni moins. Une approche marquée par un certain immobilisme (à l’exception donc de ces quelques solos qui apportent malgré tout une touche mélodique bienvenue) à laquelle amateurs et autres aficionados die-hard ne pourront normalement qu’adhérer. Car soyons honnêtes, comment pourrait-on apprécier les précédents albums des Finlandais et ne pas tomber sous le charme de celui-ci ? Certes, cette seconde jeunesse retrouvée qui donne à Archgoat l’énergie nécessaire pour accoucher d’un nouvel album tous les trois ans depuis 2015 pourrait finir par lui être préjudiciable (l’effet de répétition à tout de même ses limites) mais en l’état c’est toujours un grand oui. En tout cas en ce qui me concerne...
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