Auteur de deux excellents EPs entre 2015 et 2017, Death Like Mass avec réitéré l’exercice en 2019 avec la sortie de
Matka Na Sabacie. Un disque que j’ai longtemps choisi d’ignorer sans trop savoir pourquoi même si cet artwork à l’esthétisme bien différent de ses prédécesseurs (je pense pouvoir affirmer sans trop me tromper qu’il pourrait bien s’agir du regard d’Aleister Crowley d’ailleurs mentionné dans le livret) et ce morceau unique de plus de trente minutes en sont certainement les principaux responsables... Vous allez me dire qu’avec Cultes Des Ghoules, je devrais pourtant être largement habitué à ce genre de format exagérément allongé mais allez savoir pourquoi, cela m’a pourtant tenu éloigné de ce EP pendant un bon moment...
Paru chez Under The Sign Of Garazel Productions et Malignant Voices,
Matka Na Sabacie s’impose ainsi d’une certaine manière comme un véritable pied de nez à tous ceux qui voyait en Death Like Mass une version moins torturée et sinueuse de Cultes Des Ghoules (à cela je plaide en effet coupable). De fait, bien éloigné de
Kręte Drogi et
Jak Zabija Diabeł sur la forme évidement (beaucoup moins sur le fond), ce troisième EP offre à tous ceux qui s’y risqueront l’opportunité de découvrir une facette un brin différente de cette entité à trois têtes qui jusque-là avait préféré les lignes (presque) droites aux tours, détours et autres sinuosités caractéristiques de l’entité polonaise.
Composé de quatre parties bien distinctes les unes des autres, "Matka Na Sabacie" est à appréhender comme une succession de moments plus ou moins forts et marquants plutôt que comme un titre suivant un fil conducteur clair et précis.
La première partie qui s’étire grosso modo jusqu’à 4:34 va ainsi faire office d’introduction au son de bruits étranges, de cordes tendues et inquiétantes, de notes lointaines et disparates ainsi que de roulements de batterie et autres attaques de cymbales aussi soudaines qu’impromptues. Si le tout semble être joué sans but, chaque élément naviguant effectivement comme bon lui semble, le climat instauré s’avère d’emblée particulièrement sinistre et pesant, Death Like Mass réussissant à faire peser sur l’auditeur une tension particulièrement palpable.
Sur la deuxième partie qui s’étend de 4:35 à 15:10, Death Like Mass déroule un Black Metal tarabiscoté et abrasif très proche de ce que l’on peut retrouver chez Cultes Des Ghoules avec notamment ces quelques secousses soudaines et souvent fugaces, ces nombreux changements de rythmes et autres cassures pour le moins inattendues, ces successions de plans, de sonorités et autres petites bizarreries a priori sans queue ni tête ainsi que cette voix incroyable qui, en plus de donner comme à chaque fois une saveur bien particulière au Black Metal de ce trio infernal, est certainement l’une des plus vicieuses, dérangées et menaçantes que l’on ait pu entendre dans le genre jusqu’à présent.
De 15:11 à 20:46 se joue la troisième partie qui dans ses premiers instants va se contenter de reprendre le déroulé de la première en y apportant tout de même quelques nouvelles sonorités (on peut notamment percevoir ce qui sonne comme une voix robotique) avant de muter vers un monologue incompréhensible d’environ trois minutes déblatéré dans un polonais rugueux et pour le moins inquiétant… Une transition évidente avant d’entamer l’ultime séquence de ce morceau fleuve.
D’abord menaçante avec cette basse métallique vibrante et ce monologue en polonais qui semble vouloir se poursuivre, la quatrième et dernière partie prend rapidement des allures beaucoup plus directes puisque celle-ci est pour l’essentiel menée pied au plancher sur fond de blasts à la mitraille qui n’en finissent pas de pleuvoir alors que Marek Górecki, tapis dans l’ombre, susurre, siffle, sermonne et hurle à la mort ses incantations magiques et sinistres. Naturellement, Death Like Mass lève le pied de temps à autre comme entre 23:43 et 23:58 ou bien encore entre 26:48 et 28:08 histoire d’amener un peu de sinuosité et de relief à l’ensemble mais c’est bien le couteau entre les dents que le trio conclue cette demi-heure effrayante et ô combien captivante.
Si les deux précédents EPs de Death Like Mass se caractérisaient par une certaine simplicité qu’il convient tout de même de relativiser face au désir de ces protagonistes à sortir des sentiers battus et à ce besoin viscérale de créer des choses tordues, alambiquées et obtuses,
Matka Na Sabacie prend quant à lui des chemins plus sinueux, moins immédiats et donc forcément moins faciles d’accès. La preuve, il m’a fallu pas loin de quatre ans pour me rendre compte que derrière cette sortie à l’artwork quelconque (malgré les références qui s’y cachent) se trouvait finalement une composition tout à fait unique et fascinante si l’on décidait d’aborder la chose de manière ouverte, sans attendre ni espérer que chaque instant soit d’une efficacité débordante ou d’une évidence aveuglante. Bref, comme souvent avec ce genre de groupe, il faut bien souvent se donner la peine de passer au-delà de ses premières impressions pour espérer être saisi par ce qui nous est offert.
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