Le réveil de l'entité CHRISTICIDE s'est longuement fait attendre, mais il est aujourd'hui avéré avec
Upheaval Of The Soul qui inonde enfin de son flot de dévotion les platines des maniaques de Black Metal. L'avalanche de ces mélodies pernicieuses promises par « Demon's Breath », salvateur extrait posté de nombreux mois avant sa sortie officielle conjointement réalisée par Those Opposed Records, Hospital Productions et Of Crawling Shadows Records a déboulé depuis mai sur nos crânes!
Upheaval Of The Soul avait gagné sans mal sa place au milieu des albums les plus attendus de l'année 2013, tant leur précédent opus éponyme savait toucher au cœur avec sa rage primitive et ses morceaux marquants (« The Sun Of The Accuser », « Eyes Pierced With Truth », « Malum Qui Nescit Occasum » pour ne citer qu'eux) et s'était imposé comme une valeur sûre après apprivoisement définitif. Assurée par la sortie cassette
Live Xenoglossy chez l'honorable label français Dead Seed Productions, la transition avec cette nouvelle offrande s'est également effectuée grâce à quelques concerts qui ont confirmés l'aura démentielle de ce groupe sur scène, avec ces nouveaux morceaux apparaissant progressivement dans les setlists : « Black Knowledge », « Demon's Breath » ou encore « Ominous Numinous », se chargeant de faire saliver d'impatience les chanceux qui furent confrontés à ces cérémonies toujours réussies.
En dehors de leurs prestations parfaitement maîtrisées, CHRISTICIDE fait réellement partie de ces combos « religieux » irréprochables, à la crédibilité indéniable, tant leur intégrité et leur foi se font pesamment sentir sur ces chants en l'honneur du macrocosme infernal qu'ils célèbrent à grands coups d'incantations magiques dès le morceau éponyme introduisant l'album. «
Bacillus Infernus! », hurlent ces dévots possédés lorsque s'éteignent les lueurs d'un « Upheaval Of The Soul », ouvrant avec la grâce la plus scintillante cette offrande illustrée par l'artiste chilien Daniel Desecrator qui offre ici un visuel exceptionnel au groupe. Un amas de figures chimériques aux visages énigmatiques et d'avatars serpentins menaçants côtoient diverses représentations du Malin pour entretenir avec brio le côté mystérieux et ensorcelant inhérent à ce groupe, en partie responsable de son charme. L'insert de l'édition vinyl où chaque détail apparaît de manière limpide vaut clairement le coup d’œil ! Bref, après sa réutilisation sobre et claquante de la couverture de
La sorcellerie en France, CHRISTICIDE passe clairement au niveau supérieur rien que dans la représentation visuelle de sa musique.
Celle-ci fait également un pas de géant. Doté d'un son surpuissant promulgué avec soin par le Drudenhaus Studio, ce nouvel opus est rythmé par les furieuses attaques de l'écrasant Ardraos qui procure avec son jeu apocalyptique l'ossature variée qui manquaient aux patterns assez répétitifs de
Christicide. La cascade de coups de fouet assénés par les riffs impénétrables et poignants déversés par le duo de guitaristes Scars et Sin donne l'impression d'être inépuisable et dévaste complètement l'esprit sans aucun temps mort durant les quarante grosses minutes de l'album. Dévorés par cette basse ronde et claquante qui souligne avec autorité leurs mélodies (écoutez moi donc ces lignes de basse dantesques sur « Solitude With The Devil » ou encore au début de « Ominous Numinous » !), ces assauts deviennent massifs, imparables et s'étendent grassement sur un disque à l'ambiance ravageuse. Cette atmosphère teintée d'une aura mystique jouissive s'approche dangereusement de la perfection d'un S.V.E.S.T., combo hexagonal lui-aussi, avec lequel la connexion me semble évidente. Si le son cristallin de CHRISTICIDE différencie évidemment les deux groupes, les tremolos aériens et transcendants des deux guitaristes sur lesquels planent ces soli lumineux et fantomatiques (comme par exemple le tapping terrible de « Demon's Breath ») évoquent les atmosphères possédées de S.V.E.S.T. qui peut clairement compter CHRISTICIDE en acolyte providentiel venu en renfort achever les âmes scarifiées au préalable d'une cérémonie occulte et sanguinaire intégralement réussie.
Outre le regard sans cesse focalisé sur Lui, dont la présence est ressentie en permanence au cours de cette offrande qui n'a de cesse d'hérisser les poils du corps comme devrait le faire chaque bon disque de Black Metal,
Upheaval Of The Soul n'oublie pas non plus d'être scandaleusement efficace. « Demon's Breath » et ses cavalcades ravageuses, les déflagrations de blasts primitifs sur « Black Knowledge » et « Solitude With The Devil » également caractérisé par ses montées/descentes fabuleuses, la chevauchée obsédante opportunément perturbée par les blasts diluviens de « I Was Able To Guess », ou encore « Ominous Numinous » et ses hurlements affolants de pureté... ce nouvel opus compte son lot de morceaux de bravoure dans un ensemble une fois de plus très homogène, sans réel temps mort dans la déferlante d'émotions qu'il procure. Exit les longueurs pesantes du précédent opus, place aux salvateurs et incessants bouleversements de rythme pour un ensemble sans cesse renouvelé : CHRISTICIDE cultive avec assiduité la science du riff qui tue, et ce dès le somptueux morceau éponyme qui condamne tout l'album à être du même niveau à cause de sa curieuse première place dans la tracklist. Sentence dont s'acquitte aisément ce golem qui capture de ses bras massifs l'auditeur et ne le lâche qu'après l'avoir englouti à l'aide de coups de force comme « Ominous Numinous », chant du cygne d'un chef-d’œuvre accompli et intégral. Paradoxalement, les morceaux les plus courts sont « les moins bons », si tant est qu'on puisse reprocher quoi que ce soit à leur fulgurance qui maintient sans mal le souffle démoniaque de cet album excellent de bout en bout.
En totale cohérence avec la bannière qui annonce le contenu de cet album et de ses riffs dévastateurs, CHRISTICIDE s'emploie constamment à torturer la conscience de ses auditeurs, ce qui passe bien souvent par le message que le groupe s'efforce, depuis maintenant treize ans, de transmettre à ses fidèles. La performance vocale de Scars est vraiment marquante, son timbre grave et obscur poussant constamment au vice, épaulée par des harangues telles que «
all experiences are significant for the quest of the... BLACK KNOWLEDGE! ». La sincérité aliénée avec laquelle il scande ses «
OMINOUS... NUMINOUS », concluant l'album de la meilleure des manières est extrêmement perçante et touchante. Chacune de ses flèches décochée avec la conviction et la véhémence qu'on lui connaît, chaque cri qu'il pousse touche sa cible, appuyant sur les points les plus sensibles du ressenti de l'auditeur concerné par ses professions de foi désarmantes. Ses écarts de voix font toute la différence, notamment lorsqu'il vomit «
It fills... my LUNGS » sur « Solitude With The Devil » ou encore lorsqu'il vacille à plusieurs reprises sur « Upheaval Of The Soul », grandiose manifeste prosélyte chantant la conversion au Malin : «
I renounce to CHRIST and his light... », «
Violence in physic, completion in mental, ILL IN IDEA... ». Ces envolées tragiques lui confèrent une tessiture expressive au possible, à mille lieux de ces vocalistes cliniques blindés de reverb qui polluent bien trop souvent les disques de ce calibre et qui compensent leur manque de coffre par des saillies ridicules et clichesques. Aucune fioriture ici, l'homme déclame ses fleuves blasphématoires avec un aplomb et un naturel implacables.
Tant et si bien que je me trouve totalement désemparé devant un tel hommage à la Grâce, opportunément incarnée par la muse hantant sa classieuse devanture. À l'évidence, CHRISTICIDE signe ici un grand disque et confirme avec toute la facilité qu'on lui connaît son statut de valeur sûre, à ranger aux côtés d'un ASCENSION par exemple, pour le ressortir avec la même fréquence. Par ailleurs, grâce à sa progression intégrale, le groupe français affirme et impose encore davantage le joug de sa touche atypique. En plus d'enterrer
Christicide et de le reléguer une division en dessous (malgré la qualité indéniable que proposait déjà ce premier full-length)
Upheaval Of The Soul marquera sans aucun doute l'année 2013 de son sceau et épuisera bon nombre de superlatifs qui pourront tenter de le qualifier... magique, bouleversant, grandiose : ENCORE !
«
Then I was blown away. »
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