Endless Chaos - Paths To Contentment
Chronique
Endless Chaos Paths To Contentment
Chaque année charrie son lot de bonnes découvertes. En ce qui me concerne pour 2017, c’est indéniablement Endless Chaos qui squattera la plus haute marche du podium dans cette catégorie tant leur premier effort m’a totalement scotché. Une surprise d’autant plus inattendue que le jeune groupe de Winnipeg n’était encore jamais apparu sur mes radars et pour cause le quintette n’ayant jusque-là sorti qu’un EP trois titres (« Rejected Atrocity ») en 2014. C’est – comme souvent maintenant – sur le net que le nom des Canadiens a pour la première fois croisé mon regard. Une pochette aguichante, un logo sympathique, une description engageante de ‘’technical thrash death metal’’… Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité et me rendre sur leur bandcamp pour une écoute intégrale de la bête qui honnêtement me laissa totalement pantois. Oui, il y avait bien longtemps qu’un – premier ! – album ne m’avait fait telle impression. Et les écoutes ultérieures ne firent que le confirmer, nous tenions là non seulement une excellente découverte mais bel et bien l’un des tout meilleurs albums de cette année.
Mais assez de léchage de burnes, rentrons directement dans le vif du sujet, à l’instar de l’album qui ne s’embêtera pas d’une petite intro faisant monter doucement la pression ou d’un sample inutile, « From Beyond » vous propulsant directement au cœur du cyclone. Et il ne faudra guère plus d’un titre pour comprendre de quel bois Endless Chaos se chauffe : une mélodie entêtante sur fond de d-beat furax enchainant sur du bon gros blast des familles accompagnant un tremolo irrésistible appuyé d’un chant variant du growl bien rauque au cri d’écorché vif, break mid-tempo bien brise-nuque, des cassures rythmiques en pagaille, de la lead à foison… En deux minutes et quarante secondes les Canadiens nous offrent un concentré de tout leur savoir-faire, affichant clairement leurs ambitions et une maitrise de leur art totalement bluffante. Car si le thrash-death reste un style somme toute assez rebattu, « Paths To Contentment » y fait office d’une grosse bouffée d’air frais tant il condense tout ce qui se fait de mieux dans le style, sans la surenchère technique d’un Revocation, sans les penchants mélodiques suédois d’un The Black Dahlia Murder ou ceux heavy d’un Exmortus, sans le côté primaire d’un Deathchain ou Defleshed mais synthétisant une petite partie de chacun pour former un tout aussi diverse qu’homogène et surtout atrocement addictif. Technique, Endless Chaos l’est assurément ! Tant dans son riffing que dans les patterns de batterie d’un James Burton probablement épileptique tant les rythmiques s’enchainent les unes aux autres à un tempo effréné. Mélodique, c’est indéniable ! Et ces deux aspects s’épousent l’un l’autre pour le meilleur. Purement mélodique (le début de « From Beyond », de « Traumatized » ou de « Jackal ») ou lorgnant plus volontiers vers le technico-mélodique (le début de « Viper » puis ce break à 1’37, « Stack Their Heads » à 1’07, « Condemned To The Pit » à 50’’…) et sans jamais perdre le sens de l’accroche (le break de « From Beyond » à 1’15, « Stack Their Heads » à 1’07 et 2’59, le début de « Condemned To The Pit »), le travail proposé par la paire de gratteux montre ici une qualité de composition évidente et nombre de riffs – alliant la férocité du thrash et la sauvagerie du death – font mouche dès la première écoute. Cerise sur le gâteau, Mike Toews et Mike Menza éclabousseront cette demi-heure de nombreux leads aux petits oignons, toujours bien intégrés, sans branlette de manche inutile et accrochant facilement l’oreille. Primaire n’est probablement pas l’adjectif qui qualifierait au mieux les natifs de Winnipeg mais bordel quand le combo envoie la purée, tout mélodique qu’il soit, il ne fait pas semblant (« From Beyond » à 19’’, « Viper » à 44’’, « Condemned To The Pit » à 2’46, « Jackal » à 3’21…) ! S’il peut s’appuyer sur un growleur sacrément convaincant et à la large palette en la personne de Mike Palmer oscillant du guttural aux braillements un peu à la manière d’un Trevor Strnad, il peut également compter sur ce James Burton dont la prestation est tout bonnement impressionnante d’intensité, de variations de tempo, de maitrise et qui insuffle à « Paths To Contentment » une dynamique incroyable alliant brutalité, groove, orgie de double (raaaah cette cavalcade irrésistible à 2’12 sur « Viper » !!) et technicité tout au long de ces huit titres qui passent à une vitesse folle et pendant lesquels on se retrouve bien souvent à ne plus savoir où donner de l’oreille !
Au final, hormis peut-être un titre éponyme légèrement en dessous du reste et une durée un peu limite (je n’aurais pas craché sur un neuvième titre), Endless Chaos réalise ici un coup de maitre pour un premier effort longue durée qui en dit déjà long sur le potentiel des gaillards. Porté qui plus est par une production exemplaire de puissance et de clarté où la basse n’est pas reléguée aux abonnés absents et se paie même parfois une place en première classe (ce break à 1’37 sur « Viper », celui à 1’50 sur « Condemned To The Pit »), s’appuyant sur une entrée en matière tonitruante (la doublette « From Beyond » - « Viper » en mettra fissa plus d’un à genoux) et qui ne faiblira pour ainsi dire jamais, « Paths To Contentment » est l’une des meilleures surprises de cette année 2017 et nul doute que les amateurs du style ne s’y tromperont pas tant il est rare de retrouver une telle qualité de composition et ce dès le premier jet. C’est peu de chose de dire qu’on attend la suite avec impatience !
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
1 COMMENTAIRE(S)
17/12/2017 18:46